Ces
jours derniers, même si c’était au loin, nous avons pu voir les avions en
démonstration au Salon du Bourget. Voir est un grand mot. Les entendre est plus
juste. Avions de transport de voyageurs, avions cargo, et surtout avions à
réaction. Pour nous, cela se réduit à un spectacle. Mais certains sont vendus,
non pour le spectacle, mais pour être ailleurs des porteurs de mort…
Un
article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière
Salon du
Bourget : pas de crise pour les engins de mort
Si le gouvernement laisse
s’écrouler les services de santé, il est un domaine où il s’acharne à anticiper
sur les besoins : celui de l’armement. Le Salon de l’aviation civile et
militaire qui s’est ouvert au Bourget a été pour Macron l’occasion de dévoiler
une maquette du prochain avion de combat européen.
Le successeur du Rafale serait
davantage qu’un avion. Il s’agirait d’un système combinant, outre l’avion
lui-même, des drones, des satellites, et plus si affinités. Il devrait être
entièrement opérationnel vers 2040 et serait construit par la France,
l’Allemagne et l’Espagne, dont les ministres des Armées ont fait le déplacement
au Bourget. Les contribuables de ces pays devront donc financer, outre une
grande partie des études, l’achat par leurs armées de l’air respectives du
nouvel engin et garantir ainsi avec leurs impôts un marché captif pour les
industriels. Ces commandes amorceront la pompe pour les ventes à d’autres pays
et, si quelque intervention militaire permet alors de montrer l’efficacité
destructrice du nouvel engin de mort, comme le Rafale l’a fait en Libye ou au
Moyen-Orient, ce sera pain bénit pour les fabricants. Ils pourront afficher
dans les salons de l’armement que leur produit a été testé sur le terrain. Ce
qui est un désastre pour les populations sur lesquelles pleuvent les bombes est
un atout pour le commerce.
Les industriels se sont réparti
les rôles. Dassault, Airbus, Safran, Thales, ainsi que le groupe allemand MTU
pour les moteurs, sont du projet. Celui-ci n’en est certes qu’à ses débuts, et
bien des aspects vont faire l’objet d’âpres discussions, comme l’équilibre
entre les différents participants ou la possibilité pour l’un d’entre eux de
bloquer les exportations vers certains pays. Par exemple, l’Allemagne n’exporte
pas, pour l’instant, d’armes vers l’Arabie saoudite, l’un des principaux
clients de la France. Mais déjà quatre milliards vont être investis par Paris
et Berlin d’ici 2025, date à laquelle devraient voler les premiers prototypes.
Et ce n’est qu’un début.
Gouverner, c’est prévoir… comment
arroser les capitalistes.
Daniel
MESCLA (Lutte ouvrière n°2655)