mercredi 25 juillet 2018

Guerre d’Algérie, Bigeard, la torture et la statue


Pas de statue pour un exécuteur des basses œuvres de l'impérialisme !

 
 
 
Mohamed Larbi Ben M'Hidi lors de son arrestation en février 1957 ; il fut torturé et exécuté sans jugement par l'armée française, et son assassinat fut camouflé en suicide
 
Mohamed Larbi Ben M’Hidi lors de son arrestation en février 1957. Il fut torturé et exécuté sans jugement par l’armée française, et son assassinat fut camouflé en suicide
Mohamed Larbi Ben M'Hidi lors de son arrestation en février 1957 ; il fut torturé et exécuté sans jugement par l'armée française, et son assassinat fut camouflé en suicide



Le conseil municipal de Toul en Meurthe-et-Moselle a donné son feu vert pour ériger une statue du général Bigeard originaire de cette ville !
Bigeard, c’est ce baroudeur des guerres coloniales menées, par l’impérialisme français. Après avoir été fait prisonnier en Indochine lors de la chute de Dieng Bien Phu, il fit la guerre d’Algérie à partir d’octobre 1955. Avec son régiment de parachutistes, il participa notamment en 1957 sous les ordres de Massu à la « bataille d’Alger », où la torture fut appliquée systématiquement contre les habitants pour capturer un à un les responsables du FLN ; c’est là qu’il obtint le grade de colonel.
Les généraux Massu et Aussaresses ont fini par reconnaître l’usage de la torture, qui avait été maintes fois dénoncée. Bigeard, lui, a toujours fui ses responsabilités. Et, toujours, il s’est retranché derrière les dirigeants politiques d’alors qui, il est vrai, ont décidé l’intensification de la guerre et couvert ces exactions, comme Mollet, Lacoste et autres Mitterrand.
Mais cela n’enlève rien à sa participation à cette sale guerre qui a coûté 600 000 morts et tant de souffrances au peuple algérien avant qu’il obtienne son indépendance. Honte à sa mémoire !

Bonnes lectures (14) : Jung Chang, Les cygnes sauvages, Pocket


Les cygnes sauvages

 


J’ai évoqué il y a quelques jours, Bons baisers de Lénine, un roman chinois truculent de Yan Lianké mais qui a aussi un fond historique très juste sur la société chinoise d’hier et d’aujourd’hui. J’ai également lu cette année un autre roman, le recit d’une écrivaine d’origine chinoise, Jung Chang, Les cygnes sauvages.
         Il s’agit des tribulations désastreuses des membres d’une famille à travers les évènements dramatiques qu’a connus la Chine au XXème siècle. Cette famille est au cœur des évènements. Certains s’engagent aux côtés des « Seigneurs de la guerre » qui dominent dans les années 1920 et 1930. D’autres, plus nombreux dans la famille de l’héroïne, rejoignent le combat du PC chinois.
         En 1949, ce dernier l’emporte. Les Cygnes sauvages retrace alors les tribulations d’un pouvoir bureaucratique, dont les politiques successives et opposées se traduisirent par un gigantesque gâchis et des millions de victimes, pour déboucher par l’essor de la classe capitaliste que nous connaissons.
         Ce livre n’est pas récent mais mérite vraiment d’être lu, pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire, en particulier sur l’histoire des illusions, celles en l’occurrence qui enthousiasmèrent un temps un certain nombre d’intellectuels et d’écrivains ici.
         M. va encore me dire que ce n’est vraiment pas gai ce que je propose encore aujourd’hui. Mais justement, le temps des vacances permet de s’arrêter en prenant le temps pour approfondir des grands moments et des grands problèmes de l’histoire. 

Jung Chang, Les cygnes sauvages, Pocket, 9 euros

mardi 24 juillet 2018

Editorial des bulletins Lutte ouvrière du lundi 23 juillet 2018L'affaire Benalla, aussi pourrie que la politique de Macron"


 
L'affaire Benalla, aussi pourrie que la politique de Macron

Lorsqu’il s’est agi de fêter la victoire des Bleus au Mondial et de commenter leurs exploits, Macron était omniprésent. Aujourd'hui, pour rendre des comptes sur les méthodes de barbouze de son Monsieur Sécurité, il est aux abonnés absents et laisse ses fidèles se dépêtrer d’une situation qu’il a lui-même créée.
Car Macron a bel et bien couvert son protégé alors que celui-ci, déguisé en policier, s’amusait à casser du manifestant le 1er mai. Si Benalla est aujourd'hui licencié et si le gouvernement clame sur tous les tons qu’il n’y a pas d’impunité, c’est que Le Monde a rendu l’affaire publique, deux mois et demi après les faits.
Les porte-parole de l’Élysée prétendent avoir immédiatement réagi en sanctionnant Benalla de quinze jours de mise à pied. Vous parlez d’une sanction ! Pour une erreur de caisse à Carrefour ou Auchan, c’est parfois la porte. Pour la chemise arrachée du DRH d’Air France, cinq salariés ont été aussitôt arrêtés, licenciés et condamnés à de la prison avec sursis comme de vulgaires voyous.
Plus les jours passent, plus on en apprend sur la toute-puissance des petites frappes du pouvoir, sur les arrangements entre amis, sur la gangrène du clientélisme et de la dissimulation.
Malgré sa réputation de chien fou, Benalla faisait partie du clan macronien. Il avait droit à un logement luxueux et une voiture de fonction et émargeait à plus de 7000 euros mensuels. Par la grâce de l’Élysée, Benalla avait aussi été élevé au grade de lieutenant-colonel de la réserve opérationnelle, et il donnait des ordres au gratin de la police et de la gendarmerie.
S’il y en avait qui croyaient encore à la promesse de Macron d’une gouvernance transparente et exemplaire, les voilà servis ! Oui, la pratique du pouvoir sous Macron est dans la continuité de ses prédécesseurs, favoritisme et scandales politiques compris.
Mais le plus pourri dans la présidence de Macron, c’est sa politique qui fait reculer la condition ouvrière des années en arrière. Ce sont toutes les mesures qu’il a prises contre le monde du travail : les ordonnances pour que le patronat puisse licencier plus vite et moins cher ; la hausse de la CSG qui frappe les retraités ; la baisse des APL ; l’attaque contre la SNCF et les cheminots ; les restrictions sur les finances des collectivités locales comme des hôpitaux, déjà asphyxiés ; la sélection dans les universités ; le contrôle accru des chômeurs…
Le plus mensonger dans la présidence Macron, c’est son cinéma sur la prétendue reprise de l’emploi, alors que les licenciements se poursuivent. En témoigne l’annonce du groupe Mulliez, qui prévoit la fermeture de 88 magasins Bizbee, Jules et Brice et la suppression de 466 emplois, alors qu’il s’agit d’un groupe familial à la tête d'un empire de la grande distribution (Auchan, Leroy-Merlin, Decathlon, etc.) et d'une fortune qui se chiffre en dizaines de milliards d'euros !
Mais cette politique anti-ouvrière n’est pas le monopole de Macron. Sarkozy, déjà surnommé le président des riches, et Hollande, le faux ennemi de la finance, menaient la même. Tous les politiciens sont en effet formés et sélectionnés pour leur fidélité à la bourgeoisie et au système capitaliste. Leur priorité, ce sont les affaires de la bourgeoisie, ses profits, sa compétitivité.
Leur travail, au Parlement, à la présidence et au gouvernement est de perpétuer ce système et de faire prospérer les affaires du grand capital. C’est d’expliquer qu’il n’y a pas d’argent pour embaucher, pas d’argent pour augmenter les salaires ou payer les retraites, le RSA et les aides sociales et qu’il faut encore économiser sur les services publics et les hôpitaux.
Cela, alors que la grande bourgeoisie est prospère comme jamais et qu’un Bernard Arnault, propriétaire de LVMH, a vu sa fortune gonfler de 1300 euros toutes les deux secondes l’année dernière !
Pour cette caste politique, comme pour le grand patronat, les travailleurs ne sont que les soutiers de l’économie, sommés de s’adapter et d’accepter leur sort d’exploités. Voilà ce qui est fondamentalement pourri dans la politique menée aux sommets de l’État.Alors bien sûr, cette politique s’accompagne de passe-droits et de scandales d’État. Cela donne l’occasion, pour les partis d’opposition, de jouer les vertus indignées, alors qu’ils traînent leurs propres casseroles judiciaires. Mais rien de tout cela ne changera si les travailleurs n’ont pas la volonté de contester la domination et le parasitisme de la bourgeoisie qui mène la société à la catastrophe.

Fonctions publiques : Après la SNCF, la fonction publique ?


Le gouvernement marche sur des œufs. Il a bien raison.


22 mars dernier. Demain, plus nombreux, plus fort !
 

Le gouvernement a commandé un rapport, Cap 2022, sur la fonction publique mais n'a pas voulu le publier car il y est question de sabrer 30 milliards de dépenses publiques. Alors, c'est un syndicat qui a rendu public ce rapport.
Il y est dit qu'il suffirait de mieux organiser la santé publique pour y économiser 5 milliards, alors que le système est déjà à bout de souffle. Il confirme aussi que 4 000 postes seraient supprimés à Pôle emploi parce que, prétend-il, le chômage baisse.
Sa recette : aligner le secteur public sur le privé et privatiser tout ce qui peut l'être. Cela se traduirait par une dégradation générale de la situation des salariés comme des usagers.
Si le gouvernement veut tenir secrets ses projets, c'est qu'il craint des réactions. Et il n'a pas tort.

Députés du Val d'Oise, Montesquieu et contrôle des trois pouvoirs : la maison "néant"


Naïveté et godillots

 
L'Etat est ailleurs

Si nous nous intéressons particulièrement aux députées de la 3ème circonscription et de la 5ème du Val d’Oise, c’est que nous les connaissons, la première en tant qu’ex vague syndicaliste et partisane d’un Hue qui a fait tant de mal aux militants sincères du PCF ; la seconde parce qu’elle est la députée d’Argenteuil-Bezons. Sans sourciller, ces députées-Macron ont soutenu toutes les mesures prises depuis un an contre le monde du travail. Elles sont les ennemies des travailleurs.
         D’être des néophytes-godillots n’est pas une excuse, loin de là. Elles n’étaient pas obligées de se retrouver dans cette position. Elles peuvent toujours démissionner.

         Néophytes elles le sont. A preuve la naïveté de l’ex-syndicaliste qui il y a quelques jours « tweetait » le message suivant, avant il est vrai, le développement de « l’affaire », alors que ce beau monde était occupé de « constitution » : « Analyse très intéressante de mon collègue particulièrement en ce qui concerne le contrôle des 3 pouvoirs : l'exécutif, le législatif et le judiciaire. »
         Dans ce tweet, cette dame donne franchement l’impression de découvrir cette distinction entre les trois pouvoirs, qui est tout de même l’étendard du pouvoir de la bourgeoisie depuis trois siècles, qui est associée au nom de Montesquieu, et que l’on apprend à l’école.
         Quant au contrôle sur ces pouvoirs, elle peut réfléchir concrètement actuellement au problème avec l’Affaire en question, et si elle s’y intéresse un tant soit peu, à travers le fonctionnement justement des institutions qu’elle côtoie vaguement, elle peut constater que de contrôle, il n’y en a pas. Preuve en est faite qu’il n’y en a pas, non seulement pour les députés censés être au cœur du dispositif, mais au premier chef et surtout de la part de la population.

Israël : antisionistes certes minoritaires, mais seule cette minorité prépare l’avenir


Une photo qui se suffit à elle-même

 Pour Liliane qui nous l’a envoyée
 
                                                             

Bonnes lectures d’été (13) : 4321, Paul Auster, Actes sud


4321

 


C’est aussi un grand et gros livre dont l’été permet la lecture. Il raconte la vie d’un homme né à la fin des années 50 et qui va croiser les évènements de la société des Etats-Unis durant les décennies qui suivirent. Lutte contre la ségrégation, guerre du Vietnam,… dans lesquels va évoluer sa propre histoire, et ses propres choix.
         Non pas sa propre histoire, mais quatre histoires, puisque qu’il s’agit de quatre histoires possibles. La voie 4 que pourrait prendre sa vie, la 3, la 2, la 1. Bref quatre romans en un, puisque l’on suit le possible 4 tous les quatre chapitres, et pour les autres de même.
         On peut même dire que l’on a affaire à deux gros romans en un puisque l’on peut d’abord lire le roman de Paul Auster comme d’habitude, de chapitre en chapitre, les uns à la suite des autres. Puis, on peut relire le livre en ne lisant que le parcours 4 de la naissance à la fin, puis en lisant celui du 3, etc…
         Bref c’est bien fait, et c’est d’une densité très haute, de belles histoires, de beaux sentiments, de rencontres, d’évènements…
         Mais, 4321 est surtout un grand livre de réflexion sur ce qui nous mène, les choix que l’on fait ou pas, les hasards, les opportunités, bref sur la question du « libre-arbitre » ou du « serf-arbitre »… qui font nos vies à travers les routes prises en toute conscience ou que l’on nous imposent.
Bref un grand livre de vacances…
 
4321, Paul Auster, Actes sud, plus de 1000 pages…

lundi 23 juillet 2018

Editorial des bulletins Lutte ouvrière d'entreprise de ce lundi 23 juillet 2018


L'affaire Benalla, aussi pourrie que la politique de Macron

Lorsqu’il s’est agi de fêter la victoire des Bleus au Mondial et de commenter leurs exploits, Macron était omniprésent. Aujourd'hui, pour rendre des comptes sur les méthodes de barbouze de son Monsieur Sécurité, il est aux abonnés absents et laisse ses fidèles se dépêtrer d’une situation qu’il a lui-même créée.
Car Macron a bel et bien couvert son protégé alors que celui-ci, déguisé en policier, s’amusait à casser du manifestant le 1er mai. Si Benalla est aujourd'hui licencié et si le gouvernement clame sur tous les tons qu’il n’y a pas d’impunité, c’est que Le Monde a rendu l’affaire publique, deux mois et demi après les faits.
Les porte-parole de l’Élysée prétendent avoir immédiatement réagi en sanctionnant Benalla de quinze jours de mise à pied. Vous parlez d’une sanction ! Pour une erreur de caisse à Carrefour ou Auchan, c’est parfois la porte. Pour la chemise arrachée du DRH d’Air France, cinq salariés ont été aussitôt arrêtés, licenciés et condamnés à de la prison avec sursis comme de vulgaires voyous.
Plus les jours passent, plus on en apprend sur la toute-puissance des petites frappes du pouvoir, sur les arrangements entre amis, sur la gangrène du clientélisme et de la dissimulation.
Malgré sa réputation de chien fou, Benalla faisait partie du clan macronien. Il avait droit à un logement luxueux et une voiture de fonction et émargeait à plus de 7000 euros mensuels. Par la grâce de l’Élysée, Benalla avait aussi été élevé au grade de lieutenant-colonel de la réserve opérationnelle, et il donnait des ordres au gratin de la police et de la gendarmerie.
S’il y en avait qui croyaient encore à la promesse de Macron d’une gouvernance transparente et exemplaire, les voilà servis ! Oui, la pratique du pouvoir sous Macron est dans la continuité de ses prédécesseurs, favoritisme et scandales politiques compris.
Mais le plus pourri dans la présidence de Macron, c’est sa politique qui fait reculer la condition ouvrière des années en arrière. Ce sont toutes les mesures qu’il a prises contre le monde du travail : les ordonnances pour que le patronat puisse licencier plus vite et moins cher ; la hausse de la CSG qui frappe les retraités ; la baisse des APL ; l’attaque contre la SNCF et les cheminots ; les restrictions sur les finances des collectivités locales comme des hôpitaux, déjà asphyxiés ; la sélection dans les universités ; le contrôle accru des chômeurs…
Le plus mensonger dans la présidence Macron, c’est son cinéma sur la prétendue reprise de l’emploi, alors que les licenciements se poursuivent. En témoigne l’annonce du groupe Mulliez, qui prévoit la fermeture de 88 magasins Bizbee, Jules et Brice et la suppression de 466 emplois, alors qu’il s’agit d’un groupe familial à la tête d'un empire de la grande distribution (Auchan, Leroy-Merlin, Decathlon, etc.) et d'une fortune qui se chiffre en dizaines de milliards d'euros !
Mais cette politique anti-ouvrière n’est pas le monopole de Macron. Sarkozy, déjà surnommé le président des riches, et Hollande, le faux ennemi de la finance, menaient la même. Tous les politiciens sont en effet formés et sélectionnés pour leur fidélité à la bourgeoisie et au système capitaliste. Leur priorité, ce sont les affaires de la bourgeoisie, ses profits, sa compétitivité.
Leur travail, au Parlement, à la présidence et au gouvernement est de perpétuer ce système et de faire prospérer les affaires du grand capital. C’est d’expliquer qu’il n’y a pas d’argent pour embaucher, pas d’argent pour augmenter les salaires ou payer les retraites, le RSA et les aides sociales et qu’il faut encore économiser sur les services publics et les hôpitaux.
Cela, alors que la grande bourgeoisie est prospère comme jamais et qu’un Bernard Arnault, propriétaire de LVMH, a vu sa fortune gonfler de 1300 euros toutes les deux secondes l’année dernière !
Pour cette caste politique, comme pour le grand patronat, les travailleurs ne sont que les soutiers de l’économie, sommés de s’adapter et d’accepter leur sort d’exploités. Voilà ce qui est fondamentalement pourri dans la politique menée aux sommets de l’État.
Alors bien sûr, cette politique s’accompagne de passe-droits et de scandales d’État. Cela donne l’occasion, pour les partis d’opposition, de jouer les vertus indignées, alors qu’ils traînent leurs propres casseroles judiciaires. Mais rien de tout cela ne changera si les travailleurs n’ont pas la volonté de contester la domination et le parasitisme de la bourgeoisie qui mène la société à la catastrophe.