L'affaire
Benalla, aussi pourrie que la politique de Macron
Lorsqu’il
s’est agi de fêter la victoire des Bleus au Mondial et de commenter leurs
exploits, Macron était omniprésent. Aujourd'hui, pour rendre des comptes sur
les méthodes de barbouze de son Monsieur Sécurité, il est aux abonnés absents
et laisse ses fidèles se dépêtrer d’une situation qu’il a lui-même créée.
Car
Macron a bel et bien couvert son protégé alors que celui-ci, déguisé en
policier, s’amusait à casser du manifestant le 1er mai. Si Benalla est
aujourd'hui licencié et si le gouvernement clame sur tous les tons qu’il n’y a
pas d’impunité, c’est que Le Monde a rendu l’affaire publique, deux mois
et demi après les faits.
Les
porte-parole de l’Élysée prétendent avoir immédiatement réagi en sanctionnant
Benalla de quinze jours de mise à pied. Vous parlez d’une sanction ! Pour une
erreur de caisse à Carrefour ou Auchan, c’est parfois la porte. Pour la chemise
arrachée du DRH d’Air France, cinq salariés ont été aussitôt arrêtés, licenciés
et condamnés à de la prison avec sursis comme de vulgaires voyous.
Plus
les jours passent, plus on en apprend sur la toute-puissance des petites
frappes du pouvoir, sur les arrangements entre amis, sur la gangrène du
clientélisme et de la dissimulation.
Malgré
sa réputation de chien fou, Benalla faisait partie du clan macronien. Il avait
droit à un logement luxueux et une voiture de fonction et émargeait à plus de
7000 euros mensuels. Par la grâce de l’Élysée, Benalla avait aussi été élevé au
grade de lieutenant-colonel de la réserve opérationnelle, et il donnait des
ordres au gratin de la police et de la gendarmerie.
S’il y
en avait qui croyaient encore à la promesse de Macron d’une gouvernance
transparente et exemplaire, les voilà servis ! Oui, la pratique du pouvoir sous
Macron est dans la continuité de ses prédécesseurs, favoritisme et scandales
politiques compris.
Mais le
plus pourri dans la présidence de Macron, c’est sa politique qui fait reculer
la condition ouvrière des années en arrière. Ce sont toutes les mesures qu’il a
prises contre le monde du travail : les ordonnances pour que le patronat puisse
licencier plus vite et moins cher ; la hausse de la CSG qui frappe les
retraités ; la baisse des APL ; l’attaque contre la SNCF et les cheminots ; les
restrictions sur les finances des collectivités locales comme des hôpitaux,
déjà asphyxiés ; la sélection dans les universités ; le contrôle accru des
chômeurs…
Le plus
mensonger dans la présidence Macron, c’est son cinéma sur la prétendue reprise
de l’emploi, alors que les licenciements se poursuivent. En témoigne l’annonce
du groupe Mulliez, qui prévoit la fermeture de 88 magasins Bizbee, Jules et
Brice et la suppression de 466 emplois, alors qu’il s’agit d’un groupe familial
à la tête d'un empire de la grande distribution (Auchan, Leroy-Merlin,
Decathlon, etc.) et d'une fortune qui se chiffre en dizaines de milliards
d'euros !
Mais
cette politique anti-ouvrière n’est pas le monopole de Macron. Sarkozy, déjà
surnommé le président des riches, et Hollande, le faux ennemi de la finance,
menaient la même. Tous les politiciens sont en effet formés et sélectionnés
pour leur fidélité à la bourgeoisie et au système capitaliste. Leur priorité,
ce sont les affaires de la bourgeoisie, ses profits, sa compétitivité.
Leur
travail, au Parlement, à la présidence et au gouvernement est de perpétuer ce
système et de faire prospérer les affaires du grand capital. C’est d’expliquer
qu’il n’y a pas d’argent pour embaucher, pas d’argent pour augmenter les
salaires ou payer les retraites, le RSA et les aides sociales et qu’il faut
encore économiser sur les services publics et les hôpitaux.
Cela,
alors que la grande bourgeoisie est prospère comme jamais et qu’un Bernard
Arnault, propriétaire de LVMH, a vu sa fortune gonfler de 1300 euros toutes les
deux secondes l’année dernière !
Pour
cette caste politique, comme pour le grand patronat, les travailleurs ne sont
que les soutiers de l’économie, sommés de s’adapter et d’accepter leur sort
d’exploités. Voilà ce qui est fondamentalement pourri dans la politique menée
aux sommets de l’État.
Alors
bien sûr, cette politique s’accompagne de passe-droits et de scandales d’État.
Cela donne l’occasion, pour les partis d’opposition, de jouer les vertus
indignées, alors qu’ils traînent leurs propres casseroles judiciaires. Mais
rien de tout cela ne changera si les travailleurs n’ont pas la volonté de
contester la domination et le parasitisme de la bourgeoisie qui mène la société
à la catastrophe.
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