samedi 24 janvier 2015

Jeunesse : la réalité d’ »une partie de la jeunesse, rejetée, privée de véritable accès à la culture, désorientée et sans espoir ». Un article de l’hebdomadaire Lutte Ouvrière de cette semaine.



Une jeunesse déboussolée par une société folle

Après les attentats, dans de nombreux établissements scolaires des quartiers défavorisés, une fraction parfois importante des élèves a repris à des degrés divers les arguments des intégristes religieux contre Charlie Hebdo ou s'est revendiquée d'un démagogue d'extrême droite comme Dieudonné.
Pendant les jours qui ont suivi, journalistes, élus et spécialistes en tout genre se sont répandus dans les médias pour déplorer hypocritement « l' échec de l'école dans la transmission des valeurs républicaines ». Et de disserter gravement sur le rôle de l'école, de se demander si elle n'aurait pas une certaine responsabilité dans l'attitude de ces jeunes, s'il ne faudrait pas revoir la formation des enseignants pour mieux les encadrer, ou encore rendre l'enseignement moral et civique obligatoire à tous les niveaux. Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l'Éducation, y est elle aussi allée de ses petites propositions : faire chanter plus souvent la Marseillaise en classe et imposer aux élèves de se lever en présence d'un adulte.
C'est à se demander si ces gens-là ont jamais dépassé les frontières de leur arrondissement huppé, ou n'ont pas oublié depuis longtemps leurs origines populaires. Pour eux, les statistiques du chômage semblent n'avoir jamais été que des chiffres. Or, derrière ces chiffres, il y a une réalité dramatique, celle de toute une société qui se délite sous l'effet de la crise capitaliste. L'attitude d'incompréhension de ces élèves après les attentats n'en est qu'un témoignage.
Ce que vivent les habitants des quartiers populaires, c'est la dégradation de tous les services publics, et en premier lieu de l'école, le chômage durable subi par beaucoup d'entre eux, l'aggravation de la misère et la ghettoïsation qui en découlent. Il n'est pas étonnant que les jeunes de ces quartiers rejettent cette société qui ne leur offre souvent que l'échec scolaire, l'ostracisme à cause de leur origine immigrée, les petits boulots et le chômage.
En guise de culture et de connaissances, ils n'ont droit qu'aux informations tronquées des journaux télévisés, aux programmes débilitants qui envahissent les chaînes. S'ils cherchent autre chose autour d'eux, ils tombent sur les intégristes religieux, qui s'appuient sur leur sentiment de révolte et de frustration pour tenter de les gagner à leurs idées réactionnaires. Comment s'étonner, dans ces conditions, de la montée du chacun-pour-soi et de la violence, ainsi que de toutes les idées rétrogrades, racisme et communautarisme, misogynie et préjugés religieux ? Et si certains sont plutôt enclins à croire à des sornettes, comme la « théorie du complot » sortie d'on ne sait où, c'est qu'ils ont depuis longtemps appris à ne plus rien croire des discours officiels.
Oui, c'est toute une partie de la jeunesse qui se trouve ainsi rejetée, privée de véritable accès à la culture, désorientée et sans espoir. Et tous ces gens qui font semblant de le découvrir ne trouvent rien d'autre à faire que de se demander pourquoi les enseignants, à qui on enlève des moyens, année après année, ne parviennent pas à changer l'état d'esprit de cette jeunesse !
Le problème n'est pas de rétablir des cours de morale ou d'apprendre la République à des élèves auxquels elle ne peut être qu'étrangère. Il est de remettre en cause l'organisation capitaliste de la société.
                                                        Valérie Fontaine

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vendredi 23 janvier 2015

"Emprunts toxiques" à Argenteuil. Avec les aléas autour du franc suisse, quels dangers ?



Quel impact des aléas autour du franc suisse sur les « emprunts toxiques » à Argenteuil ?

Le décrochage important de la valeur de l’euro comparée à celle du franc suisse risque d’avoir des conséquences dramatiques sur les dettes des collectivités territoriales en général et les communes en particulier. En cause, ces fameux « emprunts toxiques » dont la toxicité réside sur des taux qui peuvent varier, sans que rien ne le maîtrise, en fonction de l’évolution des cours, entre l’euro et différentes monnaies, le franc suisse en particulier.
Il reste à Argenteuil près de la moitié de ces emprunts toxiques. Quels dangers représente aujourd’hui pour les finances municipales ce qui se passe en Suisse ?
Première étape, la municipalité doit dire ce qu’il en est exactement.

Sur le sujet, ci-dessous, un article de notre hebdomadaire Lutte Ouvrière de cette semaine.

Suisse : les apprentis sorciers de l'économie

En deux jours, le cours du franc suisse a grimpé de 30 % et la Bourse de Zurich a chuté de 15 % : c'est le résultat involontaire de la décision de la Banque nationale suisse de libérer le cours du franc suisse, annoncée le jeudi 15 janvier.
Jusqu'ici, une règle imposait un cours plancher : l'euro ne pouvait tomber en dessous d'un minimum de 1,20 franc suisse. Mais, anticipant d'une semaine la décision de la Banque centrale européenne de racheter des dettes d'États, ce qui devrait avoir comme conséquence de faire chuter l'euro par rapport aux autres monnaies, la Banque nationale suisse a décidé d'y mettre fin, ses responsables estimant que le maintien de cette règle leur coûterait plus cher qu'il ne leur rapporterait.
Les spéculateurs se sont précipités pour acheter du franc suisse, valeur en hausse pour eux, mais aussi valeur refuge pour les rentiers. La cote de l'euro est tombée jusqu'à 0,78 franc suisse. De leur côté, les détenteurs d'actions des entreprises suisses, chimiques et horlogères entre autres, s'en sont débarrassés, les produits suisses devenant plus chers à l'exportation et les affaires de ces entreprises risquant de s'en ressentir. D'où la chute de la Bourse de Zurich.
Et les dégâts ne vont sûrement pas s'arrêter là. Les patrons de l'industrie et du tourisme suisses risquent de prendre prétexte de ces difficultés pour supprimer des emplois. D'autre part, dans les pays d'Europe de l'Est, de nombreux prêts immobiliers ont été indexés sur le franc suisse, considéré comme un modèle de stabilité. 700 000 familles en Pologne, des centaines de milliers d'autres en Hongrie, en Croatie, en Autriche, risquent de ne plus pouvoir rembourser leurs emprunts qui ont renchéri. En France aussi, 6 000 emprunts immobiliers sont concernés, ainsi que nombre d'emprunts de collectivités indexés sur le franc suisse.
Aujourd'hui, les dirigeants de la Banque nationale suisse sont traités de fous et d'irresponsables par certains financiers de la Bourse. Mais c'est      l'hôpital qui se moque de la charité.
                                                                Vincent Gelas

L'Internationale aux travailleurs, la Marseillais à la bourgeoisie. Un article de l'hebdomadaire Lurtte Ouvrière de cette semaine




Un PS internationaliste avant qu'il ne rejoigne l'union sacrée

 Prochaine réunion du 
 « Groupe d’Etude Ouvrière » organisé par Lutte Ouvrière à Argenteuil
Jeudi 29 janvier à 20 heures 15
Un exposé de 30 à 40 mn suivi d’une heure de libre débat
Espace Nelson Mandéla, 82 bd Gl Leclerc
« la naissance militante du mouvement ouvrier en France à la fin du XIXème siècle »

L'article de notre hebdomadaire :

Leur Marseillaise et notre Internationale

Lors des manifestations de janvier la Marseillaise a été reprise par des manifestants dont certains pensaient sincèrement exprimer leur communion et leur solidarité avec les victimes. Mais les hommes politiques donnent à ce symbole un tout autre contenu.
Quand les députés l'ont entonnée, droite et gauche mêlées à la Chambre des députés pour saluer le discours guerrier de Valls contre le terrorisme, leur geste n'avait rien à voir avec de la compassion pour ceux qui étaient tombés sous les balles terroristes.
La Marseillaise, écrite en 1792 dans l'élan de la Révolution française, n'a depuis longtemps plus rien à voir avec les idées d'égalité, de liberté et de fraternité qui servirent de drapeau à cette révolution dans sa lutte pour l'abolition des privilèges féodaux. La Marseillaise ne devint d'ailleurs l'hymne de la France qu'en 1879, sous la IIIe République, cent ans plus tard. C'est au son de ce chant que furent menées les conquêtes coloniales. Ensuite il servit pour entraîner les travailleurs dans des combats qui n'étaient pas les leurs, à commencer par la première boucherie mondiale en 1914, puis la seconde, mais aussi dans la multitude de guerres engagées par la France, au Vietnam, en Algérie, aujourd'hui en Afrique et au Moyen-Orient
Les proches de Charb, eux, ont choisi l'Internationale pour lui rendre hommage lors de l'enterrement de celui-ci le 16 janvier et cela détonait dans ce déferlement cocardier. Charb et nombre de ses camarades ne dénonçaient pas seulement l'obscurantisme religieux, d'où qu'il vienne. Leurs coups de plume faisaient mouche contre le militarisme et le nationalisme, destinés à enchaîner les travailleurs à leurs exploiteurs et à leurs gouvernants.
L'Internationale, hymne du mouvement ouvrier par-delà les frontières, affirme la fraternité des « producteurs » et déclare « paix entre nous, guerre aux tyrans ». L'unité qu'elle proclame, c'est l'union des travailleurs, quelle que soit leur origine et leur nationalité, pour la défense des intérêts du genre humain.
Pierre Merlet