Quel impact des aléas autour du franc suisse sur les « emprunts
toxiques » à Argenteuil ?
Le décrochage important de la
valeur de l’euro comparée à celle du franc suisse risque d’avoir des
conséquences dramatiques sur les dettes des collectivités territoriales en
général et les communes en particulier. En cause, ces fameux
« emprunts toxiques » dont la toxicité réside sur des taux qui
peuvent varier, sans que rien ne le maîtrise, en fonction de l’évolution des
cours, entre l’euro et différentes monnaies, le franc suisse en particulier.
Il reste
à Argenteuil près de la moitié de ces emprunts toxiques. Quels dangers
représente aujourd’hui pour les finances municipales ce qui se passe en Suisse ?
Première
étape, la municipalité doit dire ce qu’il en est exactement.
Sur le sujet, ci-dessous, un
article de notre hebdomadaire Lutte Ouvrière de cette semaine.
Suisse : les apprentis sorciers de
l'économie
En deux jours, le cours du
franc suisse a grimpé de 30 % et la Bourse de Zurich a chuté de
15 % : c'est le résultat involontaire de la décision de la Banque
nationale suisse de libérer le cours du franc suisse, annoncée le jeudi
15 janvier.
Jusqu'ici,
une règle imposait un cours plancher : l'euro ne pouvait tomber en dessous
d'un minimum de 1,20 franc suisse. Mais, anticipant d'une semaine la
décision de la Banque centrale européenne de racheter des dettes d'États, ce
qui devrait avoir comme conséquence de faire chuter l'euro par rapport aux
autres monnaies, la Banque nationale suisse a décidé d'y mettre fin, ses
responsables estimant que le maintien de cette règle leur coûterait plus cher
qu'il ne leur rapporterait.
Les
spéculateurs se sont précipités pour acheter du franc suisse, valeur en hausse
pour eux, mais aussi valeur refuge pour les rentiers. La cote de l'euro est
tombée jusqu'à 0,78 franc suisse. De leur côté, les détenteurs d'actions
des entreprises suisses, chimiques et horlogères entre autres, s'en sont
débarrassés, les produits suisses devenant plus chers à l'exportation et les
affaires de ces entreprises risquant de s'en ressentir. D'où la chute de la
Bourse de Zurich.
Et les
dégâts ne vont sûrement pas s'arrêter là. Les patrons de l'industrie et du
tourisme suisses risquent de prendre prétexte de ces difficultés pour supprimer
des emplois. D'autre part, dans les pays d'Europe de l'Est, de nombreux prêts
immobiliers ont été indexés sur le franc suisse, considéré comme un modèle de
stabilité. 700 000 familles en Pologne, des centaines de milliers
d'autres en Hongrie, en Croatie, en Autriche, risquent de ne plus pouvoir
rembourser leurs emprunts qui ont renchéri. En France aussi,
6 000 emprunts immobiliers sont concernés, ainsi que nombre
d'emprunts de collectivités indexés sur le franc suisse.
Aujourd'hui,
les dirigeants de la Banque nationale suisse sont traités de fous et
d'irresponsables par certains financiers de la Bourse. Mais c'est l'hôpital qui se moque de la charité.
Vincent Gelas
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