Faute de combattre la bourgeoisie,
Hollande fait la guerre aux travailleurs et aux Roms
Il y a 5 millions de femmes et d’hommes
privés d’emploi, 3,5 millions de mal logés, 8 millions de pauvres, dont bien
des salariés incapables de joindre les deux bouts à cause des salaires de
misère. Et qu’est-ce qui fait réagir le monde politicien ? Le « problème Rom »
!
« Ils ne veulent
pas s’intégrer », prétend Valls, ministre de l’Intérieur. Mais comment
pourraient-ils le faire quand ils ne savent où s’installer, quand ils sont
condamnés à vivre sur des terrains désaffectés, sans eau, coincés entre deux
voies rapides ? Comment peuvent-ils scolariser leurs enfants quand ils sont
chassés tous les trois mois et forcés d’errer de bidonville en bidonville ?
Prétendre que la
présence de 17 000 Roms - nombre stable depuis dix ans- est un problème insoluble
pour un pays de 65 millions d’habitants, est écœurant. Les mêmes politiciens
qui reprochent aux Roms de vivre de mendicité et de trafics leur ont interdit
de gagner leur vie dignement, en travaillant.
En 2007, lorsque la Bulgarie et la Roumanie ont rejoint
l’Union Européenne, les habitants de ces pays ont fait l’objet de lois
d’exception. À l’inverse des autres ressortissants de l’UE, ils ont été
interdits de travail, sauf à s’inscrire dans une liste de métiers bien
particuliers et à demander des dérogations. Alors oui, par la force des choses,
les Roms n’ont pas le même mode de vie que nous !
Rappelons-nous
comment ont été traités les millions de travailleurs algériens et marocains,
alors même que le patronat était allé les chercher, ratissant les campagnes
d’Afrique du nord pour transformer ces jeunes paysans en chair à exploiter.
Intégrés, ils
l’étaient, et ô combien ! Sans eux, les chaînes de montage des usines
d’automobiles n’auraient pas tourné, les barrages, les routes et les logements
n’auraient pas été construits. Ils ont été à la base de la prospérité
économique, et pourtant, comment ont-ils été traités ?
Combien d’entre eux
ont dû dormir pendant des mois sur des sacs de ciment, avant de se trouver un
lit dans un dortoir sordide ? Les bidonvilles des années 1950 et 1960, à
Nanterre et ailleurs, n’étaient pas roms, c’étaient des bidonvilles de
travailleurs. Voilà le sort que la société capitaliste réserve aux exploités.
La différence avec
les années 1950, 1960 et 1970, c’est qu’aujourd’hui les Roms n’ont même pas le
droit de se faire exploiter puisqu’ils n’ont pas de travail. Leur seul crime
est d’être des pauvres parmi les pauvres et, dans cette société capitaliste,
cela ne pardonne pas.
Depuis qu’il est ministre de l’Intérieur,
Valls a multiplié les expulsions de camps roms et les reconduites à la
frontière, ajoutant l’acharnement policier au dénuement. Aujourd’hui, il
accorde ses mots avec ses actes.
Le Parti socialiste
est, depuis longtemps, aussi dévoué à la bourgeoisie que l’est la droite, mais
il mettait un point d’honneur à enrober sa politique anti-ouvrière et
anti-pauvre d’un langage vaguement teinté d’humanisme et de tolérance. Les
propos de Valls, soutenus par la plupart des dirigeants du PS et par Hollande, montrent
que même sur ce terrain, plus rien ne les distingue de la droite, ni même…
de l’extrême droite Faute de combattre la bourgeoisie, Hollande fait la
guerre aux travailleurs et aux Roms.
En faisant des Roms
un « problème », Valls fouille dans les mêmes poubelles que Le Pen, comme
Sarkozy et tant d’autres hommes de droite l’ont fait avant lui. Il renforce le
Front national, ajoute aux fantasmes sur « l’invasion rom ».
Valls veut chasser
les Roms, pour ne pas « ajouter de la misère à la misère ». Mais on peut et on
doit avoir l’objectif de combattre la misère, de combattre le chômage, de
régler le manque de logements. Le Parti socialiste y a renoncé.
Les dirigeants du
PS ont pour politique de servir les riches, ils se prosternent devant la
bourgeoisie, devant son mode de vie, devant ses yachts, ses millésimes, ses
châteaux. Alors que c’est justement l’oisiveté, le vol à grande échelle et le
parasitisme de la bourgeoisie qui plongent le reste de la société dans les
privations et bloquent tout progrès de la civilisation.
Dans cette société
d’exploitation, même ceux qui sont à la base de la création des richesses, les
travailleurs, sont exclus de l’accès au progrès et au mieux-vivre. Le sont à
plus forte raison les travailleurs transformés en chômeurs, les sans-abris, les
Roms, tous les parias de la société capitaliste.
Ce ne sont pas eux
qu’il faut chasser, mais la bourgeoisie, les parasites irresponsables qui
privent la société de son humanité.
-Communiqué-
Aux côtés de quelques élus
du PS, le maire d’Argenteuil, Philippe Doucet, vient d’apporter publiquement
son soutien à M. Valls dans la campagne que le ministre de l’intérieur mène
contre les Roms. Il participe ainsi à une campagne xénophobe.
Cette campagne s’attaque aux plus pauvres parmi les pauvres, à une population
abandonnée et ainsi complètement marginalisée.
« Les Roms ne souhaitent pas s'intégrer
pour des raisons culturelles », a dit Manuel Valls. Mais pour
« s'intégrer », il faudrait déjà qu'il y ait des logements sociaux et
du travail.
Où sont les aires aménagées pour les gens du
voyage que les communes de plus de 5 000 habitants sont obligées de
construire ? Où sont les moyens que l'État devrait mettre pour loger
convenablement ces familles et se charger d'éduquer les enfants ? Cela ne
représenterait pas grand-chose quand on sait que la population Rom en France
est estimée à moins de 20 000 personnes. Bien loin de là, en obligeant les
Roms à quitter un campement pour s'installer ailleurs, Valls détruit les
efforts des associations, des services sociaux et des enseignants pour
scolariser les enfants, leur assurer un suivi sanitaire et leur offrir un autre
avenir que de tendre la main.
Les États, dont la
France, se préoccupent encore moins des Roms
qu'ils ne se préoccupent des milieux populaires en général.
Les politiciens usent de la carte du bouc
émissaire et en espèrent des retombées électorales. Mais à ce petit jeu, ce
sont les plus réactionnaires, y compris vis-à-vis des classes populaires, qui
profiteront.
Patrice CRUNIL et Dominique MARIETTE, le 30.09.13.
Conseillers municipaux Lutte Ouvrière d’Argenteuil