Extrême droite : un danger pour toute la
classe ouvrière
Mercredi
dernier, le jeune Clément Méric a été frappé à mort par des skinheads. Son
tort ? Avoir été antiraciste et ne pas l’avoir caché. Les groupuscules
d’extrême droite n’en sont pas à leur premier coup. Armés, ils s’entraînent à
frapper et agressent ceux dont la tête ou les idées ne leur plaisent pas,
étrangers, homosexuels, ou encore militants de gauche, au hasard des
rencontres.
Ce meurtre politique aurait pu survenir
n’importe quand, mais il s’est produit après les manifestations contre le
mariage homosexuel, transformées en démonstration de force de la droite
réactionnaire. Il s’est produit alors que des groupes violents ont profité de
ces manifestations pour se mobiliser, faire de la surenchère et multiplier les
agressions.
On ne peut pas se contenter de déplorer
une bagarre qui a mal tourné. Cet assassinat doit d’autant plus nous alerter
qu’il y a dans le pays un climat qui favorise le renforcement du Front national
et de ces groupuscules fascisants.
Quoi qu’en dise Marine Le Pen, les deux
vont de pair. Depuis qu’elle a pris la tête du FN, elle dit avoir exclu ceux
qui affichaient des idées fascisantes. Elle a compris que les petits patrons
anti-ouvriers, les calotins et les ex-légionnaires ne suffiraient pas à la
faire élire. Pour brasser plus large, il lui faut donc rendre le FN plus
présentable.
Mais le Front National s’est créé et
continue de prospérer sur l’idéologie raciste et nationaliste, sur la
perspective d’un régime autoritaire et haineux à l’égard des pauvres et
impitoyable avec les travailleurs et leurs organisations. Jean-Marie Le Pen,
qui a été dans sa jeunesse un pilier de l’extrême droite fascisante et parachutiste
dans l’armée tortionnaire pendant la guerre d’Algérie, ne s’en est jamais
caché.
Même quand Le Pen fille cherche à donner
au FN une allure respectable, sa politique empeste le racisme. Le FN prétend se
battre pour que chacun ait un emploi et un logement, mais c’est à condition
d’être français. Il s’oppose à la baisse des allocations familiales pour les
Français ; pour les travailleurs immigrés, il défend leur
suppression !
Il n’y a donc rien d’étonnant de voir des
nervis à croix gammée grenouiller dans le milieu du FN. Et rien de surprenant à
ce que Marine Le Pen elle-même soit liée personnellement à ces gros bras. Plus
le FN se renforcera, plus ces gens-là se sentiront confortés.
Il serait naïf de croire qu’une
dissolution administrative nous protégera de ces groupes qui se reconstitueront
aussitôt dissous. La crise, l’aggravation du chômage et de la misère ne
manqueront pas de renforcer le nationalisme, les préjugés xénophobes, les idées
protectionnistes.
La droite prétend combattre le Front
national… en reprenant ses idées ! C’est la raison pour laquelle Sarkozy
avait lancé le fameux débat sur l’identité nationale et s’en était pris aux
Roms. C’est pourquoi Copé s’est inquiété du vol d’un pain au chocolat en plein
ramadan et des prières de rue.
Le rapprochement de la droite et de
l’extrême droite est tel que certains dirigeants de l’UMP n’ont pas été gênés
de manifester contre le mariage homosexuel aux côtés des députés FN. Et combien
se préparent à s’allier au FN lors des élections municipales ?
Mais,
pendant que la droite court derrière le Front national, le Parti socialiste
court derrière la droite.
Alors que la gauche dans l’opposition
critiquait les expulsions de sans-papiers, c’est elle qui se retrouve
aujourd’hui à les ordonner et à les justifier. Alors qu’elle dénonçait un
« traitement inhumain » des Roms, c’est elle maintenant qui les
chasse et les accable. Alors qu’elle avait promis le droit de vote aux
étrangers non européens aux élections locales, elle y renonce !
Chacun de ces reniements renforce
l’extrême droite. Mais elle prospère aussi et surtout sur la démoralisation
engendrée par sa politique anti- ouvrière qui pousse les plus désespérés et les
plus déboussolés à voter FN.
Alors, n’en doutons pas, le gouvernement
de gauche sera aussi impuissant face à la montée de l’extrême droite qu’il
l’est aujourd’hui face aux diktats patronaux.
Dans l’avenir, les travailleurs auront donc
à se défendre non seulement contre les attaques patronales, mais aussi sans
doute contre celles de groupes d’extrême droite. Les travailleurs en ont la
force. S’ils prennent conscience de leurs intérêts matériels et politiques et
se battent pour, ils trouveront la voie de l’unité.
Qu’ils soient français ou étrangers, les
travailleurs ont besoin d’un emploi, d’un salaire et d’une retraite pour vivre.
Isolés, les travailleurs ne peuvent rien. S’ils sont unis, tout devient
possible.