Retraites : la mascarade de la Conférence sociale
C'est vendredi 14 juin que Yannick Moreau, l'ancienne
présidente du Conseil d'orientation des retraites, doit remettre au
Premier ministre son rapport sur les « pistes » que devrait emprunter la
prochaine réforme des retraites. Mais, en attendant, le chemin est déjà
tout tracé, en vertu de ce qui est désormais une rengaine : « Puisqu'on
vit plus vieux, il faut travailler plus
longtemps. »
Les commentateurs distillent les mesures que le gouvernement pourrait
prendre : allongement de la durée de cotisation, augmentation de l'âge
légal de départ, désindexation du montant des pensions
par rapport à l'inflation, hausse de la CSG, suppression de l'abattement
de 10 % pour le calcul de l'impôt des retraités, etc. L'idée étant
d'essayer de faire croire que, quelle que soit la méthode,
la nouvelle attaque contre les retraites est inéluctable, qu'on ne peut
pas y échapper et que ce sont les salariés qui doivent payer.
À cette campagne sur la nécessité de la réforme, qui reprend les
mêmes arguments que ceux de la droite en son temps lors des réformes de
2003 et 2010, s'en ajoute une autre, « de gauche ». Elle
consiste à faire croire que c'est au nom de la « justice » et en vertu
de « l'équité » que les nouvelles attaques se préparent. Ainsi, ce
serait au nom de l'égalité des règles entre public et privé
que se préparerait pour les salariés de la fonction publique un nouveau
mode de calcul qui fera baisser le montant de leur pension.
Les arguments sont donc prêts pour la Conférence sociale des 20 et
21 juin, pour ce « dialogue » $ndash; si cher au gouvernement socialiste
$ndash; entre patronat et confédérations syndicales sous
l'égide du président de la République et du Premier ministre.
La même manœuvre est donc annoncée que lors de la conférence qui, en
2012, a permis, après « dialogue » entre patronat et syndicats, le vote
de la loi dite de sécurisation de l'emploi, qui a
généralisé la précarité et la flexibilité du travail. Le calendrier est
même fixé. Le gouvernement a promis aux syndicats de leur donner un
texte de proposition de loi de réforme à la fin du mois
d'août, puis que la loi serait présentée en Conseil des ministres au
mois de septembre, afin qu'elle puisse être votée par le Parlement avant
la fin de l'année.
Les confédérations syndicales acceptent toutes de participer à la
mascarade de la Conférence sociale. Tout juste l'intersyndicale CGT, FO,
FSU, Solidaires, CFTC et CFE-CGC de la fonction publique
proteste-t-elle en disant qu'elle n'acceptera aucun recul et promet pour
cela une journée de grève en... octobre !
Il faut s'en souvenir : quand en 1995 Juppé a tenté de s'attaquer à
la retraite des fonctionnaires, ce n'est pas le « dialogue » qui l'a
contraint à mettre son projet dans sa poche, mais la riposte
des travailleurs par la grève et de puissantes manifestations. C'est une
telle riposte, un tel mouvement général qu'il faut préparer.
Sophie GARGAN
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