Lors
du prochain conseil municipal du 24 juin, le contrat de la future délégation de
service public du stationnement doit être votée. Il est proposer de confier
celle-ci au mastodonte du BTP et des parkings Vinci. Pour éclairer la lanterne
des futurs usagers, deux exemples de gros lots échus dans l’escarcelle des actionnaires
de cette entreprise : deux articles extraits de numéros passés de notre
hebdomadaire.
Ile-de-France :
l'A86 est bouclée, Vinci touche le gros lot
Il
est désormais possible de faire le tour de la petite couronne parisienne sans
quitter l'autoroute A86. Les travaux de ce super-périphérique long de 80 kilomètres,
qui avaient débuté il y a plus de quarante ans, se sont achevés avec la
construction d'un tunnel long de 10 kilomètres, dont le dernier tronçon,
entre Vaucresson et Versailles, vient donc d'ouvrir au trafic.
Ce tunnel, baptisé Duplex, a été présenté
comme un exploit : construit sur deux niveaux, chacun pour un sens de
circulation, il supprimerait les risques de collision frontale. Interdit aux
poids lourds et aux deux-roues pour des raisons de sécurité, il permettrait
aussi de relier en dix minutes les villes de Rueil et Versailles, alors que le
même trajet, effectué en surface, prend au moins 45 minutes.
Notons tout d'abord qu'il est socialement
aberrant qu'un tel ouvrage, un équipement déterminant pour les déplacements de
millions de Franciliens, ait pris tant de temps pour être achevé. Car la
question n'était pas tant de le construire que de trouver une solution...
compatible avec les intérêts privés des propriétaires de terrains et
d'immeubles situés dans cet Ouest parisien chic et cher, et avec les blocages
d'élus flattant une clientèle électorale qui voulait bien d'une super-rocade,
pourvu que nuisances et inconvénients l'accompagnant (pollution, bruit, emprise
au sol des accès, etc.) soient rejetés dans les communes voisines.
C'est ainsi, d'abord pour ménager cette
somme d'intérêts, qu'il a finalement été décidé d'enterrer le dernier tronçon
de l'A 86, une attention à laquelle n'ont pas eu droit des banlieues moins
favorisées, qui sont donc parcourues en surface par cette autoroute.
Mais ceux qui ont eu droit à un
super-traitement de faveur, ce sont finalement les actionnaires de Vinci, un
géant du BTP dont une filiale, Cofiroute, a reçu la concession de ce tunnel
pour 75 ans. En vertu de quoi, Cofiroute peut facturer jusqu'à près de un
euro du kilomètre le fait d'emprunter son tunnel !
Certes,
il existe un tarif dégressif, mais seulement pour les abonnés, le coût même de
l'abonnement n'étant amorti, dit-on, qu'à partir de vingt aller et retour par
mois.
Ce
tunnel est peut-être un exploit technique, mais sûrement une autoroute pour
riches. Et un racket scandaleux imposé aux automobilistes au seul profit des
actionnaires de Vinci.
Pierre LAFFITTE
Aéroport Clermont-Auvergne : le groupe Vinci
ramasse la mise
Depuis
1972, la gestion de l'aéroport de Clermont-Auvergne était assurée par la Chambre de commerce et
d'industrie de Clermont-Ferrand.
Celle-ci s'est désengagée en 2008,
prétextant des difficultés financières. La gestion a alors été confiée au
Syndicat mixte de l'aéroport Clermont-Auvergne, le Smaca. Le financement du
fonctionnement de l'aéroport s'est quant à lui trouvé intégralement à la charge
des collectivités territoriales. La région a été le principal pourvoyeur avec
40 % des fonds apportés, le département et Clermont-communauté se partageant
les 60 % restants.
Alors qu'en 2008 il y avait environ
170 employés à l'aéroport, il n'en restait que 135 à la fin de l'année
2009, dont 39 risqueraient de voir leur emploi supprimé dans le cadre d'un
nouveau plan de suppressions de postes envisagé par le nouveau gestionnaire.
Le Smaca ayant fait un appel d'offres aux
entreprises privées pour assurer la gestion de l'aéroport, c'est le groupe Vinci
qui a obtenu la concession. Après avoir touché une première enveloppe de 1 640
000 euros en 2008 simplement pour une simple étude, puis une deuxième de
750 000 euros en 2009, ce groupe, qui est chargé de gérer l'aéroport dans
le cadre d'une délégation de service public, commence par récolter l'argent
public, puis entend supprimer des emplois.
Les travailleurs de l'aéroport ne sont pas
d'accord. Ils ont débrayé plusieurs fois et même fait une grève surprise sur
une journée complète. Le Comité d'entreprise a refusé le plan de suppressions
d'emplois, le CHSCT également, puisque les postes supprimés aggraveraient
inévitablement les conditions de travail.
Un nouveau Comité d'entreprise est prévu
le 26 janvier. Même si le patron revoit ses prétentions à la baisse,
proposant 37 puis 26 suppressions d'emplois, les syndicats ont déposé un
nouveau préavis de grève pour ce jour-là. Les travailleurs sont bien décidés à
ne pas se laisser faire. Ils ne voient pas pourquoi ils devraient faire les
frais d'une restructuration permettant à Vinci d'engranger encore plus de
profits.
Correspondant LO