Nous sommes tous des travailleurs de PSA Aulnay
Personne
parmi les travailleurs de l’usine PSA d’Aulnay ne peut se faire d’illusions. Si
la direction du trust a convoqué deux réunions exceptionnelles du comité
central d’entreprise, les 12 et 25 juillet, c’est pour annoncer la fermeture
prochaine de l’usine.
La
richissime famille Peugeot comme la direction savent parfaitement que la
suppression de 3 600 emplois dans cette usine, à laquelle il faut ajouter la
disparition d’une dizaine de milliers d’autres chez les sous-traitants, aura
des conséquences catastrophiques dans ce département de Seine-Saint-Denis, où
le chômage est déjà élevé et où la pauvreté grandit, où les quartiers
populaires se transforment en ghettos, où les jeunes sont sans espoir de
trouver un emploi digne de ce nom.
« C’est la crise, les voitures se
vendent plus mal », affirme la direction de PSA. Mais, comme l’ont montré
des documents rendus publics il y a un an par la CGT, le projet de fermer l’usine d’Aulnay a été
conçu il y a plus de trois ans. À une époque où les voitures se vendaient
d’autant mieux que les constructeurs bénéficiaient de ce cadeau qu’était la
« prime à la casse ». Grâce en plus à un cadeau de 3 milliards de
l’État, les affaires de PSA allaient tellement bien que le groupe continuait à
s’enrichir malgré la crise. Il avait tout de même commencé à se débarrasser en
douce de travailleurs, aggravant les cadences pour ceux qui restaient.
Cela est d’autant plus révoltant que les
propriétaires multimilliardaires du trust privent les travailleurs qui les ont
enrichis de leur emploi et de leur salaire, les seules choses qui leur
permettent de vivre. C’est du banditisme de grand chemin !
Depuis un an que son plan a été dévoilé,
la direction n’a cessé de prétendre que le « projet de fermeture »
n’est pas d’actualité. Voilà qu’il l’est devenu d’un seul coup, avec une
annonce juste à la veille des départs en congés !
Entre la conception du projet et sa
réalisation, le président de la
République a changé, le gouvernement aussi. Les travailleurs
de l’entreprise avaient constaté qu’ils n’avaient rien à attendre du gouvernement
précédent. Ils sont en train de vérifier qu’ils n’ont rien à attendre du
gouvernement actuel non plus. Le ministre du Redressement productif,
Montebourg, a froncé les sourcils pour demander au PDG Varin que « la
direction fasse connaître ses intentions au plus vite (…) » – comme
s’il ne le savait pas ! – « et d’engager sans délai le dialogue
social et d’en faire une arme collective pour affronter vos éventuelles
difficultés dans le respect de vos salariés » !!! Varin comme la
famille Peugeot doivent trembler de peur devant cette admonestation !
L’ancien Premier ministre Jospin s’était
défaussé devant la fermeture de l’usine Renault à Vilvorde, en Belgique, en
affirmant que « l’État ne peut pas tout ». Montebourg fait la
démonstration que l’État ne peut rien parce qu’il ne veut rien faire. Il est là
pour servir les intérêts des grandes entreprises, et pas du tout pour protéger
les travailleurs du chômage.
À l’intérieur même du trust, l’usine
d’Aulnay est la première sur la liste mais celles de Sevelnord à Hordain,
Madrid et peut-être Rennes, sont immédiatement derrière. Et quelle autre par la
suite ? Et la production enlevée aux travailleurs d’Aulnay, la direction
la fera faire par ceux des autres usines, avec ce que cela implique de cadence
et de fatigue.
Le groupe Peugeot-Citroën, un des plus
puissants de ce pays, à la tête d’énormes liquidités, est directement
responsable de la spéculation, de la crise financière et de la stagnation de la
production qui en découle. Mais c’est à ses travailleurs qu’il veut en faire
payer le prix.
Les travailleurs de l’usine n’entendent
pas le laisser faire. La solution est simple à l’intérieur même du
groupe : répartir le travail entre tous sans baisser les salaires. C’est la seule façon de sauver tous les
emplois et en même temps d’alléger la charge de travail pour tous sans perte de
pouvoir d’achat pour personne.
L’entreprise
a de l’argent pour financer tout cela. Même si elle ne l’avait pas, ce serait
justice de prendre sur les revenus et sur la fortune des actionnaires et de la
famille Peugeot. Cette justice, il faudra l’imposer.
Les plans de licenciements s’annoncent en
rafales partout dans le pays. Nous sommes tous des licenciés en puissance dans
cette économie capitaliste absurde où une minorité s’enrichit et augmente ses
revenus malgré la crise, pendant qu’on écrase les conditions d’existence de
ceux qui travaillent et qui créent les richesses. L’interdiction des
licenciements et la répartition du travail entre tous sans diminution de
salaire constituent des objectifs vitaux à imposer par la lutte collective. Il
y va de notre peau.