Le PCF ne participera pas au
gouvernement, mais il le soutient et le cautionne
Les
militants du PCF, consultés par leur direction au lendemain du second tour des
élections législatives, ont massivement repoussé l'option d'une participation
de leur parti à la seconde mouture du gouvernement Ayrault.
Plus de 93 % des 27 000 adhérents qui
ont répondu à cette consultation ont estimé que « les conditions d'une telle
participation n'étaient pas, en l'état actuel, réunies ». Résultat sans
surprise, puisqu'il correspond à la position publique prise par les principaux
dirigeants au lendemain des législatives, qui ont donné la majorité absolue au
PS et à ses associés-satellites. Mais les dirigeants du PCF se sont empressés
de préciser que leur parti se situait de toute façon dans la majorité
gouvernementale : « Le Parti communiste français est un parti de gouvernement.
Il est prêt à assumer ses responsabilités » peut-on lire dans la résolution
issue de la conférence nationale réunie pour ratifier la non-participation.
Les dirigeants du PCF ont donc opté pour
une formule déjà pratiquée dans un passé lointain, du temps du Front populaire
en 1936 : un soutien sans réserve... mais sans participation. Attitude d'autant
plus facile à prendre que, du côté de Hollande et de la direction du PS, aucune
offre publique de participation gouvernementale n'est venue. Rien qui puisse
laisser croire que le PS souhaitait une telle participation.
Dans le discours de clôture à l'issue de
l'assemblée de militants qui a ratifié cette position, Pierre Laurent a
apostrophé Hollande, le pressant de « résister ». Mais résister à qui, contre
quoi ? Le secrétaire national du PCF a invoqué la menace -- la seule -- que
fait planer la ratification prochaine du traité européen, qu'il appelle « le
traité Merkel-Sarkozy » pour en accentuer le caractère terrifiant. Les
mobilisations qu'il évoque -- les seules là encore -- ont dans sa bouche pour
objectif « de pousser les parlementaires à ne pas ratifier ce traité ».
Comme si la crise, la spéculation et ses
conséquences en Europe, France incluse, n'étaient pas dues aux banquiers, parmi
lesquels les banques françaises tiennent une bonne place ; pas dues aussi à des
patrons bien de chez nous, qui ne sont pas de tendres victimes, mais des
acteurs agissants, qui ont une bonne part de responsabilité dans cette crise et
qui, comme leurs concurrents des autres pays, ont bien su tirer leur épingle du
jeu.
Les responsables du PCF pensent peut-être
faire un bon calcul en refusant ostensiblement une participation, qui de toute
façon ne leur a pas été proposée. Ils espèrent ainsi se protéger du discrédit
que provoqueront les mesures d'austérité que le gouvernement Ayrault va
prendre. Mais on a tout lieu de craindre que la virginité relative que les
dirigeants du PCF essayent de préserver soit utilisée en fin de compte pour
aider la majorité socialiste à affronter la colère ouvrière.
Quand ils parlent de « résister », les
dirigeants du PCF se gardent de le faire autour des revendications essentielles
des couches populaires. Qu'ils se tiennent hors du gouvernement ou qu'ils y
entrent dans les mois qui viennent, leur politique est bien loin d'une politique
de défense des intérêts des travailleurs.
Jean-Pierre
Vial
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