Gaza. L’armée israélienne répand la mort
Publié le 13/08/2024
Après dix mois de guerre contre la population palestinienne à Gaza, le 10 août, l’armée israélienne a bombardé une école près de la ville de Gaza, faisant plus de quatre-vingt-dix morts.
Devant la réprobation exprimée, du moins en paroles, par certains représentants de ses alliés, l’état-major israélien a avancé une vague argumentation, arguant de la « haute probabilité » de l’élimination, lors de la frappe, d’un commandant du Hamas localisé dans cette école, qualifiée de « centre de commandement », et de la présence parmi les morts de « dix-neuf membres du Hamas ».
Cette école, la 21e bombardée par l’armée israélienne en cinq semaines, abritait de nombreuses familles gazaouies, chassées de partout, n’ayant plus d’appartement, de maison et sans cesse obligées, après un simple SMS, d’évacuer le camp de réfugiés ou le quartier que l’armée avait reçu l’ordre de ratisser, à la recherche d’hypothétiques terroristes. Une grande partie des 2,3 millions d’habitants de Gaza ont ainsi, pour fuir les bombardements ou sur ordre des autorités israéliennes, erré du nord au sud et du sud au nord du territoire, abandonnant leurs biens. « Certaines personnes n’ont pas bougé lors du dernier ordre d’évacuation, parce qu’elles ne savent pas où aller. Alors elles préfèrent rester là où elles sont. Je suis sûr que plusieurs d’entre elles sont mortes dans ces blocs », a témoigné un jeune père de famille à Médiapart.
Cette énième attaque meurtrière en dit long sur l’état d’esprit du gouvernement de Netanyahou qui se dit d’accord pour aborder des négociations en vue d’une trêve. Après avoir assassiné le responsable politique du Hamas Ismaël Haniyeh, qui menait les négociations à l’ombre du Qatar, après avoir dans le même temps éliminé un chef militaire du Hezbollah libanais, le pouvoir israélien n’a de cesse de lancer de nouvelles provocations. C’est au lendemain de l’attaque contre l’école, qu’il a ordonné aux milliers d’habitants des quartiers nord de Khan Younes d’évacuer les lieux avant une opération terrestre, dont ils ne savent que trop quels nouveaux désastres elle entraînera. Tels sont les préliminaires aux négociations annoncées par les États- Unis, l’Égypte et le Qatar pour le 15 août.
Les condamnations occidentales n’ont guère de quoi affecter la politique guerrière du gouvernement de Netanyahou. Le ministre des Affaires étrangères britannique a renvoyé dos à dos les Palestiniens et Israël : « Le Hamas doit cesser de mettre en danger les civils. Israël doit se conformer au droit humanitaire international » et, si le Quai d’Orsay a tout de même condamné les attaques d’écoles, la Maison Blanche s’est dite préoccupée… tout en renforçant sa présence militaire dans la région, déjà forte d’un porte-avions et de chasseurs F-35, avec 4 000 Marines supplémentaires et douze navires de guerre. La marine américaine croise devant les côtes d’Israël, d’Iran et d’Arabie saoudite. L’envoi d’un sous-marin nucléaire lanceur de missiles est aussi programmé. Toute cette présence déployée n’est pas là pour protéger la population de Gaza, mais pour garantir aux dirigeants israéliens qu’ils pourront poursuivre leurs provocations y compris à Gaza.
La population palestinienne écrasée sous les bombes, mais aussi les Israéliens maintenus en état de guerre, n’ont aucune raison de tirer de la politique des dirigeants occidentaux quelque espoir de voir le conflit finir.
Viviane Lafont (Lutte ouvrière n°2924)
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