Paris 2024. “Parenthèse enchantée”, mais pour qui ?
Publié le 13/08/2024
Concernant les Jeux Olympiques, les médias et la classe politique ont parlé de « parenthèse enchantée ». Tous se félicitent des capacités d’organisation, de la convivialité et des performances sportives de « nos » compétiteurs qui seraient le résultat de l’esprit français retrouvé.
Macron, en plus de s’attribuer quasiment le mérite de chaque victoire française, a particulièrement insisté sur l’union nationale réalisée à cette occasion. Et de broder sur le fait que lui-même, la maire de Paris, Anne Hidalgo, et la présidente de la région Île-de- France, Valérie Pécresse, adversaires lors de l’élection présidentielle, avaient su travailler ensemble pour les Jeux. La suite s’annonce déjà : reconduire ce type d’accord permettrait de trouver un Premier ministre et de continuer la politique propatronale à l’œuvre depuis toujours.
L’appel à l’unité nationale ne sert pas seulement et pas essentiellement à remplir les stades et les fan zones, à chauffer l’ambiance et à assurer les profits de quelques multinationales du soda, de la bière, des médias et du BTP. C’est surtout une façon de dire aux travailleurs qu’ils ont les mêmes intérêts que leurs exploiteurs, que le manœuvre qui a pelleté du béton est dans le même bateau que Bouygues, que le vendangeur saisonnier qui couche dans une cabane partage le sort de Bernard Arnault, que l’ouvrier qui court après la chaîne est de la grande famille des Peugeot et que la caissière à temps partiel chez Auchan est une cousine Mulliez. L’union nationale se veut, aujourd’hui, le masque de l’exploitation quotidienne et la justification des sacrifices constants que le grand patronat et son État exigent des travailleurs. On comprend donc que Macron, les médias et, au-dessus d’eux, la classe bourgeoise tout entière tiennent à ce que l’illusion propagée lors des Jeux perdure et que les exploités se contentent de victoires vues à la télévision.
C’est ce tour de passe-passe social qu’a souligné Nathalie Arthaud dans des tweets où elle décernait à la France la médaille du chauvinisme et où elle remarquait que, en sport comme ailleurs, la victoire revient dans ce monde aux plus riches. Notre camarade s’est attiré des réponses de deux députés du RN et d’un animateur de Bolloré-News qui ont saisi l’occasion d’en rajouter sur le nécessaire amour de la patrie. Ainsi a-t-on pu vérifier la sagesse du proverbe qui dit que lorsqu’on s’adresse au charcutier, c’est souvent l’andouille qui répond.
Paul Galois (Lutte ouvrière n°2924)
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