Éducation
: qui sabote ?
Dans plusieurs académies, des
enseignants de différentes disciplines, dont l’histoire, l’économie, la
philosophie, ont décidé d’organiser une rétention des notes des copies du
baccalauréat – ce qui pourrait repousser la proclamation des résultats – pour
montrer leur opposition à la réforme dans l’enseignement secondaire initiée par
le ministre de l’Éducation nationale, Blanquer.
Celui-ci a déclaré avoir une « très
grande confiance dans l’immense majorité des professeurs de France [...]
qui n’ont aucune envie de contribuer au sabotage d’un examen pour lequel ils
ont préparé avec passion leurs élèves ». Mais si, depuis le début des
examens, des enseignants montrent de différentes manières leur désaccord, comme
ils l’ont fait par exemple en faisant la grève des surveillances du
baccalauréat ou du brevet des collèges, c’est bien contre un vrai sabotage, celui-là,
celui de l’éducation des jeunes.
Dans un communiqué, des
enseignants de philosophie dénonçaient les conséquences de la réforme, entre
autres, la suppression des dédoublements des élèves en série technologique, ce
qui signifie enseigner devant 35 ou 37 élèves, voire plus, ou encore la
diminution du nombre d’heures consacrées à la philosophie. Mais il en va de
même pour les autres matières enseignées au lycée général. Concernant les CAP
et le baccalauréat professionnel, une filière entière est vouée à disparaître,
celle de gestion administration. Quant au nombre d’heures d’enseignement dans
les lycées professionnels, il chute en mathématiques, en français et en
histoire-géographie. Or ce sont des matières qui offraient une certaine
ouverture culturelle à ces jeunes, pour la grande majorité issus des classes
populaires, et qui n’y ont accès qu’au travers de l’école. Pour ne donner qu’un
exemple, les programmes d’histoire-géographie sont ainsi réduits à … deux
chapitres. Les jeunes de filière professionnelle seront de plus en plus
orientés vers l’apprentissage, et feront surtout plus vite l’apprentissage...
de l’exploitation. La seule chose qui ne diminue pas, ce sont les effectifs
dans les classes.
Les heures supplémentaires
explosent dans la plupart des établissements du secondaire. De plus en plus de
contractuels sont embauchés afin de colmater les brèches. Et les postes
d’enseignants ne sont pas les seuls touchés ; il y a ceux des
administratifs ou des surveillants, sans oublier ceux de toutes celles et tous
ceux qui assurent le nettoyage et le fonctionnement de la cantine, qui
dépendent des régions.
Au travers de cette réforme,
c’est un vaste plan d’économies dans l’Éducation qui se prépare.
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