Le FN et
l’euro : franc comme un âne qui recule
Depuis des années, Le Pen fait
campagne contre l’Union européenne et contre l’euro. Le FN s’appuie bien sûr
sur les préjugés nationalistes les plus communs. Mais il profite aussi de
l’idée largement répandue dans les classes populaires que l’euro serait
responsable de la dégradation de la situation sociale. Pour tous les
démagogues, faire campagne contre l’euro et l’Europe a l’énorme avantage de
masquer les responsabilités des capitalistes français en matière de régression
sociale.
Mais, persuadée de s’approcher du
pouvoir, la candidate du FN se trouve désormais obligée de répondre aux
questions : comment faites-vous pour sortir de l’euro et que se passera-t-il
après ? Or, si elle peut toujours mentir aux petites gens et ne pas répondre
aux journalistes, il lui faut garantir aux grandes entreprises, aux grandes
fortunes qu’elles ne seront pas lésées. La démagogue veut démontrer aux vrais
maîtres du pays que, quel que soit son langage à l’usage des électeurs, elle ne
touchera pas un cheveu de leur tête, ni un centime de leurs rentes. Les grandes
entreprises ont besoin de stabilité financière, c’est pour elles que l’euro a
été mis en place et, aujourd’hui, elles tiennent à le conserver. D’où le
spectaculaire changement de pied de Le Pen sur l’euro.
Elle propose désormais de prendre
son temps, d’attendre que les autres pays aient voté, de renégocier, etc. Le
son de cloche peut être légèrement différent selon le moment de la journée et
le lepéniste interrogé. Mais le fond reste le même. Le Pen assure que rien ne
changera pour les grandes entreprises qui travaillent en euros, même pas la
monnaie. Elle garantit que les fortunes ne seront pas touchées. Quant au monde
ouvrier, qu’il ait on non voté pour elle, il pourra toucher son salaire, sa
pension ou son chômage en monnaie de singe. On n’aura pas de quoi payer son
gîte et son couvert, mais au moins on sera misérable en francs !
Ce que propose Le Pen a existé et
existe aujourd’hui de fait dans de nombreux pays où les capitalistes font leurs
affaires en dollars américains pendant que la population se serre la ceinture
en monnaie locale. Un tel système, l’euro pour les capitalistes, le franc pour
la population, transformerait en un clin d’œil le pays en paradis des
spéculateurs. Et l’on voit que si le financier Macron n’est pas une protection
contre Le Pen, la nationaliste Le Pen ne protège en rien contre la finance…
Paul GALOIS (Lutte ouvrière n°2544)
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