Toujours dans ce vaste champ du rôle des médias et
des politiques, un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière n°2487 sur ce
que les soi-disant « représentants » de la population sont en train
de concocter au niveau d’entraves supplémentaires à l’expression de courants
encore minoritaires dans le cadre des futures élections présidentielles.
Élection
présidentielle : l’équité pour consacrer... l’inégalité
Une loi dite de « modernisation
des règles de l’élection présidentielle » est en cours d’adoption, avec pour
principal objectif de réduire les possibilités d’expression des candidats dits
« petits ».
En
2012, plusieurs patrons de l’audiovisuel, relayés par le Conseil supérieur de
l’audiovisuel (CSA) ainsi que par des politiciens comme Sarkozy, s’étaient
plaints des règles qui les obligeaient à respecter une certaine « égalité » de
temps de parole dans les médias entre candidats pendant les cinq semaines
précédant le premier tour. Cette égalité était déjà un mot creux. Ainsi une interview
de Nathalie Arthaud de 20 minutes diffusée sur TF1 au milieu de la nuit avait
été décomptée comme celle d’un autre candidat au journal de 20 heures.
Apparemment,
c’était même encore trop pour le PS. Passons sur la comédie qui a consisté à
faire présenter cette proposition de loi par quelques-uns de ses députés plutôt
que par le gouvernement. La nouvelle loi réduirait l’« égalité » de temps de
parole aux deux dernières semaines de campagne, se contentant d’appliquer au
cours des trois semaines précédentes ce qu’elle nomme l’« équité ». Cette
équité est appréciée en fonction de la représentativité des candidats et de
leur implication dans la campagne : autrement dit, elle justifie de réserver le
gros du temps de parole aux candidats du PS, du FN ou des Républicains (LR),
laissant aux autres quelques miettes. En outre, elle est appréciée par le CSA,
qui ne formule que des recommandations. Autrement dit, les patrons de
l’audiovisuel feront, plus encore qu’auparavant, ce qu’ils voudront.
Une
autre disposition est d’obliger les élus (députés, maires…) à envoyer
directement leur parrainage au Conseil constitutionnel. Le barrage des 500
signatures avait déjà pour objectif de limiter les candidatures. Les candidats
pouvaient jusqu’ici collecter ces parrainages et les déposer eux-mêmes. C’est
ainsi qu’avaient procédé nos candidates, Arlette Laguiller puis Nathalie
Arthaud, ce qui leur permettait de gérer la progression de ces parrainages. La
nouvelle mesure vise évidemment à compliquer les choses.
Dans
un système politique où la bourgeoisie tient les rênes, le pluralisme est
toujours plus théorique que réel. Aucune contrainte ne pèse d’ailleurs sur la
presse écrite. Mais, qui plus est, des partis comme le PS ou LR, qui n’ont que
le mot démocratie à la bouche, rêvent d’une vie politique à l’américaine, où
ils auraient le quasi-monopole de l’expression dans les médias. Le PS, qui sait
qu’une fraction de son électorat ne voudra pas voter pour son candidat,
aimerait en particulier limiter la concurrence sur sa gauche. La nouvelle loi
ne gênera en revanche ni LR, ni le FN.
Michel BONDELET
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