Burkina
Faso : un terrorisme alimenté par la présence française
Au moins 30 personnes sont mortes
dans l’attentat perpétré par un commando djihadiste dans la nuit du 15 janvier
à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. C’est la première fois qu’une telle
tuerie a lieu dans ce pays voisin du Mali.
Cette attaque ressemble en tout
point à celle menée en novembre dernier contre l’hôtel Radisson Blue de Bamako,
au Mali. Là-aussi ce sont des lieux fréquentés par des Occidentaux, l’hôtel de
luxe Splendid et le restaurant Capuccino, qui ont été visés. Mais la population
africaine a comme à chaque fois payé un lourd tribut. Les terroristes tuent
aveuglément, et peu leur importe la couleur de peau de ceux qu’ils trouvent sur
leur chemin.
Al-Qaida au Maghreb islamique
(AQMI), et plus précisément le groupe al Mourabitoune, que dirige l’Algérien
Mokhtar Belmokhtar, a revendiqué le massacre. Ce groupe armé est issu de la
fusion en 2013 de deux groupes qui avaient occupé le Nord du Mali en y faisant
régner la terreur, le Mujao et les Signataires par le sang. Il était déjà
l’auteur de la prise d’otages dans le complexe pétrolier d’In Amenas en
Algérie, qui s’était soldée par 38 morts, et de la tuerie du Radisson Blue à
Bamako.
Le Burkina Faso n’est donc plus
épargné par la sanglante expansion des attentats djihadistes. Ce pays est l’un
des cinq où sont présentes les forces françaises de l’opération Barkhane, avec
la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Tchad. Lorsque cette opération a succédé
à celle qui avait chassé les groupes djihadistes qui occupaient le Nord du Mali
et y faisaient régner la terreur, le gouvernement français prétendait pouvoir
ainsi empêcher ces groupes d’agir dans toute la région en leur fermant la
frontière avec la Libye où se situent leurs bases arrière. Il est évident aujourd’hui
qu’il n’en est rien. Ces bandes armées ont simplement élargi leur champ
d’action si bien qu’aucun pays n’est à l’abri. L’intervention des troupes
françaises au Sahel défend les intérêts de l’impérialisme français, et c’est
bien là son seul but réel. Non seulement elle ne protège en rien la population,
mais la présence française en Afrique est un des aliments du terrorisme
barbare.
Daniel MESCLA
Notre
permanence hebdomadaire « de plein air » ce soir à
Argenteuil,
de 17 heures 15 à 18 heures 15, Carrefour « Babou »
2 commentaires:
J'aurais certainement une analyse et des conclusions un peu différentes — il me semble y avoir, non une contradiction, mais paradoxe qui demande un approfondissement, dans l'idée que le terrorisme serait 'alimenté par la présence française' mais 'tue aveuglément, peu importe la couleur de peau.
Mais je m’inquiète avec vous — et depuis le premier jour http://demsf.free.fr/index.php?post/2013/01/12/La-France-dans-le-sablier-malien — de cette politique des guerres sans but donc sans fin, à l’image de la guerre du Vietnam.
S’il y a une intervention militaire « modèle », ce serait celle de Giscard d’Estaing en Mauritanie le 18 décembre 1977 (quelle que soit l’opinion que chacun aurait sur la Françafrique, le Front Polisario, et le gouvernement mauritanien de l’époque). Dans une situation d’urgence, une colonne de véhicules bombardée, la capitale sauvée de l’invasion ; et après, c’est au pays concerné, à l’État, de gérer, négocier, reconstruire. Le 12 janvier suivant, nouvelle colonne, les Jaguar ne la bombardent pas et laissent l’armée nationale gérer. En 1979, après un coup d’État, la Mauritanie cessait le feu et le Polisario cessait de l’attaquer.
S’il était judicieux et légitime d'arrêter la colonne de véhicules djihadistes à l’assaut de Mopti et sans doute de Bamako — ce que je crois — j’aurais bien préféré que la même méthode soit employée, plutôt que d'installer nos forces armées dans la région.
Le président Maurice Yameogo avait dès l’Indépendance de la Haute-Volta, donné congé aux troupes françaises, à la surprise du gouvernement français de l'époque. C’était, je pense, une excellente décision.
(Haute-Volta = l'actuel Burkina Faso, précision pour les jeunes générations !)
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