Droite et gouvernement contre le logement social
De mois
en mois, la baisse des autorisations de construire et des mises en chantier se
confirme. Y compris les programmes de logements dits sociaux sont en recul.
Selon une enquête de l'USH (Union sociale de
l'habitat) qui fédère les organismes d'HLM, 12 000 logements sociaux
sont bloqués ou compromis, principalement dans les villes de banlieue qui ont
basculé à droite aux dernières élections municipales. En Ile-de-France, c'est
le cas notamment à Montgeron, Vernouillet, Athis-Mons, Palaiseau, ou encore à
Chelles où la municipalité a fait inscrire sur un chantier : « Permis de construire
annulé par le maire. »
Ce n'est pas d'aujourd'hui que certaines
municipalités, la plupart de droite, refusent la construction de logements
sociaux, pour plaire à un électorat qui répugne à accueillir comme nouveaux
voisins des travailleurs et des pauvres. Que la gauche dénonce à juste titre
cette complaisance, soit. Mais cela ne fera pas oublier sa propre couardise
face à un obstacle bien plus puissant : la poignée de requins de la
construction et de l'immobilier pour laquelle un logement n'est construit que
s'il rapporte un profit.
Or cela fait des mois - bien avant les élections
municipales - que les indicateurs de la construction de logements sont au
rouge. Non seulement le gouvernement n'a rien fait pour réaliser sa promesse de
construction de logements ; pire, il s'attaque au financement des
logements sociaux déjà programmés. Il vient en effet d'accroître sa ponction
dans les caisses d'Action logement, un fonds alimenté par des cotisations
patronales des entreprises de plus de 20 salariés destiné, en principe, à
la construction de logements sociaux et à des prêts aux salariés.
Ce fonds, héritier du 1 % logement, ne
recueille aujourd'hui qu'environ 0,45 % de la masse salariale des
entreprises qui y sont assujetties. Sous Sarkozy, le gouvernement a pris
l'habitude de puiser dans cette caisse pour boucher des trous du budget de
l'État. Hollande avait dit qu'il continuerait à ponctionner, mais un peu moins.
Aujourd'hui, ce gouvernement remet en cause les engagements pris en novembre
2012 : il va prélever, d'ici à 2019, davantage que prévu pour ... financer
le « pacte de responsabilité ». C'est une façon d'avouer que les besoins
en logements ne comptent pas, face au besoin de financer le patronat.
Jean SANDAY
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