Des
détenus de la prison d’Osny viennent d’être condamnés à des peines de prison
jusqu’à deux ans en plus de celles qu’ils purgent actuellement, pour avoir
agressé violemment des gardiens et la sous-directrice de l’établissement dans
une échauffourée début juillet.
Des prisons surpeuplées. Des détenus qui
cumulaient depuis des années des faits de délinquance. Des gardiens en nombre
insuffisant confrontés aux nécessités d’un dur métier. Une préparation à la
sortie de prison insuffisante. Un accompagnement pour ceux qui sortent
insuffisant également. L’univers de la prison : la fournaise.
Un article de l’hebdomadaire Lutte
Ouvrière de cette semaine :
La polémique sur les incarcérations :
situation explosive dans les prisons
La remise en liberté sans incarcération de deux prévenus condamnés à
des peines de trois mois ferme a mis en lumière le problème de la surpopulation
carcérale et les conditions de détention indignes des prisons françaises. En
effet, ce serait le manque de places à la prison de Chartres qui aurait conduit
le juge à reporter l'emprisonnement des prévenus.
La droite a de nouveau fait ses choux gras
de ce fait divers, dénonçant aussitôt le prétendu laxisme de la gauche en
matière de justice. Pourtant, malgré les déclarations de la garde des Sceaux,
Christiane Taubira, qui préconisait pour les courtes peines des solutions
alternatives comme le bracelet électronique, le nombre de détenus a atteint au
début de juillet le triste record de 68 569 détenus pour
57 320 places. Le taux d'occupation des 191 prisons françaises
est ainsi porté à 120 %. Mais ce pourcentage cache de fortes
disparités : dans dix établissements ou quartiers pénitentiaires, le taux
d'occupation atteint 200 %. C'est particulièrement vrai dans les
départements d'outre-mer, laissés pour compte y compris dans ce domaine. Dans
42 autres, on relève une densité comprise entre 150 et 200 %.
Cette surpopulation carcérale rend les
conditions de vie insupportables et explique notamment le nombre de suicides en
prison, un tous les trois jours, soit dix fois plus qu'en milieu libre. Ainsi à
Nouméa la prison Camp-Est, occupée à 200 %, a connu une émeute le
14 juillet dernier : les détenus s'y entassent parfois à six dans des
cellules de 12 m²
où ils ne peuvent pas se déplacer ; les matelas sont à même le
plancher ; les toilettes n'offrent aucune intimité. Faute de personnel,
les lieux sont insalubres, rats et cafards pullulent.
Avec la chaleur des derniers jours, les
prisons deviennent de véritables fournaises et la moindre vexation met le feu
aux poudres. Le 1er août, à Bourg-en-Bresse, les détenus ont
refusé de regagner leurs cellules parce que des gardiens leur interdisaient le
port du short pendant la promenade !
De la même manière, la rénovation des
bâtiments souvent vétustes, qui devrait être une priorité, est sans cesse
reportée faute de moyens financiers. À Marseille, aux Baumettes, c'est
seulement après une plainte collective des détenus que la réhabilitation a été
entreprise sur des crédits déjà existants, aucun moyen supplémentaire n'ayant
été débloqué par l'État. Pire, chaque année, les dotations budgétaires
consacrées à la maintenance diminuent. Dans ces conditions, de l'avis du
secrétaire général CGT des surveillants, cette réhabilitation est un
cache-misère.
La situation est explosive dans les
prisons et le restera. La politique sécuritaire de la droite a dégradé la
situation en instaurant les peines plancher, mais le gouvernement actuel
poursuit en fait la même politique et ne tient aucun compte des revendications
des surveillants de prison, qui demandent des embauches.
Pendant que la droite et le gouvernement
se livrent à une fausse polémique, sans moyens supplémentaires dans les prisons
la situation ne peut que continuer à empirer !
Aline URBAIN
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