Grenoble :
meurtre de Lilian, les travailleurs sous le choc
Publié le 11/09/2024
Dimanche 8 septembre,
à 7 h 30, Lilian Dejean, responsable du
service de la Propreté urbaine (PU) à la commune de Grenoble, a été lâchement
assassiné alors qu’il venait de prendre son service.
Témoin d’un accident de la route
devant la mairie, il a été tué à bout portant par le chauffard qu’il voulait
empêcher de fuir.
Lilian est mort quelques heures
plus tard à l’hôpital. Son décès a provoqué un immense choc parmi tous ses
collègues. Lilian, responsable de service très apprécié, était aussi un
militant CGT actif et combatif. Lundi 9 septembre,
tous les agents de la PU réunis se
sont rendus en cortège devant la mairie. L’après-midi, quelques centaines de
personnes, agents, militants, habitants, ont rendu hommage à leur camarade lors
d’un rassemblement organisé par Éric Piolle, le maire EELV de Grenoble.
Mardi 10, le
travail n’avait toujours pas repris
à la PU car les travailleurs restaient bien décidés à faire entendre leurs
revendications auprès de la municipalité. Ils exigent, entre autres, que leur
sécurité soit prise en compte lorsqu’ils travaillent dans les quartiers gangrenés
par les trafics, où ils sont régulièrement menacés et insultés.
Le drame de la mort de Lilian
s’inscrit dans un contexte de violence qui frappe l’agglomération grenobloise.
Rares sont les semaines où il n’y a pas au moins une fusillade, au nombre de
sept durant le seul mois d’août. Ces dernières années, les points de deal,
répandus partout, engendrent des règlements de comptes. Et bien sûr les classes
populaires des cités sont les premières à souffrir, chaque jour, de ces trafics
et incivilités.
Politiciens, élus, pouvoirs
publics ont toujours la même réponse à la bouche : plus de police et une
justice intraitable. Ils ont beau vouloir jouer les Rambo, le trafic de drogue
n’a jamais été aussi florissant. Le maire de Grenoble est aujourd’hui attaqué
par la droite et l’extrême droite pour son refus de répandre des caméras dans
la ville et d’armer sa police municipale. Comme si cela allait arrêter les
trafics ! Dans la banlieue voisine, la ville d’Échirolles a une police armée et
dispose de nombreuses caméras. Elle est pourtant une des villes les plus
exposées aux trafics et à la violence armée.
Toute cette propagande
sécuritaire démagogique n’est en fait qu’un cache-misère des vrais problèmes de
fond : des quartiers sont devenus des ghettos, avec des taux de chômage record,
des écoles et collèges défaillants, des services publics fermés, l’absence de
prévention, d’aide à l’enfance, etc. Tous les gouvernements successifs, de
droite comme de gauche, ont participé à la dégradation des conditions de vie
des cités ouvrières, dont ils se fichent complètement.
Alors, si les malfrats ont encore
de beaux jours devant eux, ils ne sont que le reflet, à leur petit niveau, d’un
système où règne la loi du plus fort, du plus riche, de ceux qui peuvent se
payer bijoux, fringues et bolides de luxe, sans parler de la vente d’armes.
Comme l’a exprimé notre camarade Alain Ziegler, employé municipal, militant
ouvrier et ami de Lilian : « Laisser cette délinquance de la drogue, cette
délinquance financière, cette délinquance de l’armement, tuer notre camarade,
ça me met en colère. Cette société est pourrie et à changer. »
Correspondant LO (Lutte ouvrière n°2928)