samedi 6 août 2022

Bonnes lectures de l’été (5) : chaque jour un livre parmi mes bonnes lectures de cette année 2021-2022

 

Les ratonnades d’Alger, 1956, Une histoire du racisme colonial, de Sylvie Thénault, au Seuil

Sylvie Thénault est une historienne de renom de la Guerre d’Algérie. Son nouveau livre est d’abord un livre d’histoire globale, mêlant les divers éléments de la réalité, le social, le politique, le culturel, le géographique, utilisant les différents temps, passé, présent, pour nous donner une représentation juste de la complexité de cette réalité. Et cela sur la base d’un travail d’historien sans faille, utilisant les archives mais aussi les témoignages oraux, et en l’occurrence établissant un pont, quand il s’agit de cette Guerre d’Algérie, entre les deux rives de la Méditerranée.

         Le point de départ de l’étude est un évènement de cette sombre guerre. L’assassinat le 28 décembre 1956 d’une personnalité emblématique de l’Algérie coloniale, Amédée Froger, le président de la Fédération des maires d’Algérie. Le lendemain lors de ses obsèques, des exactions auront lieu contre des personnes et des biens de la population autochtone. Il y eut au moins 6 morts et 53 blessés. Le fait donc pas seulement d’une minorité d’activistes d’extrême-droite, mais un embrasement très sombre de milliers de Français d’Algérie racistes.

         Le travail mené par Sylvie Thénault est un très beau travail d’enquête minutieuse, mais il y a bien davantage. Pour comprendre l’évènement, l’assassinat et ce qui s’ensuivit à Alger le 29 décembre 1956, elle revient sur ce qu’était l’Algérie française. San utiliser le terme « d’apartheid », au moins un espace de ségrégation profonde, sociale, politique, culturelle, géographique, avec en toile de fond fondamental, la spoliation des propriétés des « autochtones » dès la colonisation en 1830, et l’inégalité juridique et politique qui fut la marque centrale de l’Algérie française. Pour comprendre, une liaison forte entre passé et ces évènements des 28 et 29 décembre 1956, cette année charnière de la Guerre d’Algérie.

         Un livre remarquable.

         Nous avions mené en avril dernier avec l’auteur un très bel entretien à la librairie d’Argenteuil du Presse-papier qui avait ravi la cinquantaine de présents, dont une dizaine de lycéens très intéressés.

vendredi 5 août 2022

Taxe sur les superprofits : un leurre. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière qui vient de paraître

Taxe sur les superprofits : un leurre

03 Août 2022

L’annonce des résultats semestriels des grandes entreprises, en particulier dans le secteur de l’énergie, a de quoi donner le tournis : plus de 10 milliards d’euros de bénéfices pour TotalEnergies et 5 milliards pour Engie.

Mais les actionnaires des autres entreprises, comme Stellantis, l’armateur CMA-CGM ou LVMH, peuvent se frotter les mains.

Seul problème : le fait qu’elles profitent aussi à un titre ou un autre de la crise et de l’inflation pour augmenter leurs bénéfices éclate aujourd’hui au grand jour. Le lien entre ces profits insolents et l’appauvrissement du plus grand nombre est évident.

À l’Assemblée nationale comme au Sénat, les parlementaires de la Nupes ont proposé de nouveau de taxer les « surprofits », provoquant aussitôt une levée de boucliers d’une partie du gouvernement. Le 1er août, le Sénat a rejeté cet amendement et le ministre Le Maire a déclaré : « Je suis fier des résultats de nos entreprises tricolores. Et je suis surpris de voir à quel point on accable de tous les maux les entreprises françaises qui affichent de bons résultats. » Pour ces défenseurs du grand capital, il est inenvisageable d’écorner ses profits.

Pourtant, cette mesure n’aurait rien de révolutionnaire. Des pays comme l’Italie et le Royaume-Uni ont décidé d’appliquer une taxe sur les superprofits des entreprises énergétiques, et la mesure est en discussion en Allemagne et en Espagne. Certains membres de la majorité Renaissance (ex-LREM) et des sénateurs de la droite centriste avaient même déposé un amendement dans ce sens.

Instaurer une taxe de ce type serait une façon de satisfaire l’opinion publique sans pour autant réduire vraiment les profits des capitalistes, d’abord parce que nombre d’entreprises sont passées maîtres dans l’art de l’optimisation fiscale, échappant ainsi aux impôts. Quant aux sommes récupérées par les États, en admettant qu’elles soient consistantes, rien ne garantit qu’elles soient utilisées dans l’intérêt de la population.

L’opposition du gouvernement s’explique avant tout par sa volonté de démontrer à l’ensemble du patronat français et européen que, dans ce pays, le profit des patrons passe avant tout.

Les profits annoncés par de grands groupes comme TotalEnergies ou Stellantis sont révoltants. Ils viennent de l’exploitation des travailleurs. Pour défendre leur niveau de vie et même leur vie tout court, ceux-ci ne pourront se contenter de taxer une partie de ces profits. Ils devront s’attaquer à la dictature des grands groupes capitalistes.

Aline URBAIN (Lutte ouvrière n°2818)

 

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Les prochaines permanences prévues.

-tous les vendredis de l’été, de 17 h.15 à 18 h.15 carrefour Babou ;

-dimanche 21 août, de 10h.15 à 10h.55 devant Intermarché du centre

Et au marché Héloïse, de 11 h. à midi ;

-lundi 22 août, de 18 à 19 heures, centre commercial des Raguenets.

 

L’ONU et les superprofits ; son arme : le moulin à paroles

 

Quand ces gens-là font mine de découvrir la vie

Selon le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « il est immoral que les sociétés pétrolières et gazières réalisent des profits records grâce à la crise énergétique actuelle sur le dos des plus pauvres, à un coût énorme pour le climat ».

Ce personnage fait semblant de découvrir le capitalisme et ses ravages. Mais sans aller jusqu’à appeler à le renverser par la révolution ouvrière. C’est pourtant la seule solution.