Brevets
sur les vaccins : À bas la propriété privée capitaliste !
10 mai 2021
En se disant favorable à la levée du
monopole sur les brevets des vaccins anti-Covid, de façon à pouvoir élargir
leur production, Joe Biden a créé la surprise. Jusqu’à présent,
l’administration américaine avait écarté cette possibilité, tout comme les
dirigeants européens. Dans un récent vote au Parlement européen, les députés de
LREM, de droite et du RN s’y étaient formellement opposés. Et voilà que le
président américain prend tout le monde à contre-pied !
Macron, qui avait abandonné l’idée de
transformer les vaccins en « biens communs », se trouve doublé
sur sa gauche, du moins en paroles. Cela a réjoui Jean-Luc Mélenchon, Fabien
Roussel du PCF, et Anne Hidalgo, qui ont chaleureusement applaudi l’annonce de
Biden.
L’Humanité a même écrit que Biden est
prêt à « limiter l’empire et les profits des très puissants monopoles
pharmaceutiques américains pour privilégier la santé et la vie sur toute la
planète ». Heureusement que le ridicule ne tue pas !
Biden est le président de la première
puissance impérialiste du monde, cela en fait le représentant des intérêts de
la classe capitaliste par excellence. Ce n’est certainement pas « la
santé et la vie sur la planète » qui le préoccupent, ce sont les
affaires de la bourgeoisie ! Si Biden avait voulu se porter au secours de
l’Inde qui est plongée dans une situation dramatique avec 4000 morts recensés
chaque jour, et bien plus en réalité, il n’aurait pas refusé toute exportation
de vaccins et de matières premières, comme il le fait depuis qu’il est arrivé
au pouvoir.
L’annonce de la Maison-Blanche est tout sauf
désintéressée. Son problème, qui est celui de tous les dirigeants de la
planète, est de créer les conditions d’une reprise des affaires et des échanges
internationaux. C’est impossible tant que la pandémie fait rage dans les autres
pays et que l’on reste sous la menace de variants. C’est pourquoi les
dirigeants de la planète cherchent le moyen de vacciner la population mondiale.
À côté de cela, plus d’un million et demi de
femmes et d’hommes continueront de mourir chaque année de tuberculose, maladie
que l’on sait pourtant guérir. Des centaines de milliers d’autres mourront de
malnutrition, des conséquences des guerres engendrées par l’ordre social
capitaliste, par le pillage et l’exploitation, défendus par les grands de ce
monde.
Ni Biden, ni aucun chef d’État, ne mettra le
couteau sous la gorge des multinationales pharmaceutiques. S’il y a
effectivement une levée exceptionnelle de ces brevets, elle sera dûment
négociée et indemnisée. C’est dire que la vaccination mondiale n’est pas pour
demain !
En attendant, chaque semaine et chaque mois
de retard pris dans la vaccination font des dizaines de milliers de morts
supplémentaires de par le monde. Alors, que les dirigeants de gauche en soient
à se féliciter de l’annonce de Biden montre qu’ils sont tombés bien bas !
Les laboratoires ont déjà fait plus que leur
beurre. Pfizer va, par exemple, réaliser plus de 26 milliards de dollars dans
la vente de vaccins en 2021 avec une rentabilité qui fait rêver tous les
capitalistes. Il envisage même d’augmenter le prix de son vaccin !
Les labos engrangent ces super profits parce
qu’ils ont, au travers des brevets, privatisé le fruit du labeur collectif et
des investissements publics. Ils se sont approprié les découvertes des
chercheurs et le travail des salariés.
C’est ainsi que s’est établi et consolidé le
monopole des groupes capitalistes sur tous les grands moyens de production, des
grands groupes automobiles aux géants de la banque en passant par les chaînes
de distribution.
L’appropriation des vaccins jette une
lumière crue sur ce qu’est le capitalisme : un système où une minorité
d’actionnaires détient un pouvoir dictatorial sur nous tous. Il s’agit du
fonctionnement habituel de la société !
La minorité capitaliste détient le pouvoir
d’embaucher ou de licencier, le pouvoir d’ouvrir ou de fermer une usine,
d’organiser le travail, les horaires, les cadences. C’est aussi un immense
pouvoir sur la vie des travailleurs et de l’humanité, et c’est parfois un
pouvoir de vie ou de mort.
Les politiciens qui s’arrêtent devant la
propriété privée capitaliste et le pouvoir qu’elle confère à une poignée de
parasites ne représentent pas les intérêts des travailleurs et de la
population. Rien ne justifie que les travailleurs s’inclinent devant la
domination de cette classe bourgeoise. Il faut qu’ils se sentent légitimes à la
contester, et qu’ils réalisent qu’ils ont la force collective de la renverser
car ce sont eux qui font tout fonctionner.