mardi 16 mars 2021

« Le jeune parti communiste : du combat pour créer un parti révolutionnaire au stalinisme ». Aujourd’hui (21) : La « bolchevisation » le stalinisme, Des zigzags politiques permanents

Comme vous le savez, nous n’avons pas pu tenir le Cercle Léon Trotsky qui devait aborder, un siècle après le Congrès de Tours de décembre 1920, la naissance du parti communiste en France. Le texte de cet exposé est néanmoins disponible sur notre site lutte-ouvrière.org. Nous vous le proposons jour après jour en feuilleton sur notre blog « lo argenteuil »

« Le jeune parti communiste : du combat pour créer un parti révolutionnaire au stalinisme »

La «bolchevisation» et le stalinisme

Des zigzags politiques permanents

Au début de la campagne contre la guerre du Rif, le PC avait un cours gauchiste, affirmant que la révolution était imminente. Il présentait tout ce qui était sur sa droite comme une menace fasciste ou social-fasciste. Les trotskystes qualifiés «dopposition de droite» étaient, déjà, assimilés à des suppôts des fascistes. Alors qu’il aurait fallu s’adresser aux travailleurs influencés par les socialistes, la politique du PC les rejetait et isolait les ouvriers communistes.

À ce cours gauchiste succéda dès 1926 un cours droitier. Il résultait d’un nouveau changement à la tête de l’IC: Zinoviev et Kamenev avaient rompu leur alliance avec Staline pour rejoindre lOpposition. En Union soviétique, Staline et Boukharine, son nouvel allié, défendaient ouvertement lenrichissement des paysans riches, les koulaks, et les nouveaux commerçants et affairistes, les Nepmen, qui prospéraient grâce à la NEP. Ils prétendaient construire le socialisme dans un seul pays et réprimaient tous ceux qui continuaient de défendre l’internationalisme et la perspective de la révolution mondiale.

En France, l’éviction de Zinoviev se traduisit par la mise à l’écart de Treint et Girault. Le ton droitier de Boukharine se traduisit par une main tendue du PC aux dirigeants de la SFIO et même une proposition de soutien au Cartel des gauches, «contre la réaction». Ce n’était pas une mise en application du Front unique, pour chercher à sadresser aux ouvriers socialistes, se défendre à leurs côtés et les entraîner. C’était un virage sans principe.

En 1928, le virage eut lieu dans l’autre sens. En Union soviétique, les Nepmen et les koulaks menaçaient de prendre le pouvoir en écartant les bureaucrates à l’ombre desquels ils avaient tant prospéré. Pour sauver la bureaucratie, Staline entreprit avec une brutalité sans nom la collectivisation forcée des terres et reprit, avec retard et de façon bureaucratique, la politique de planification et d’industrialisation que proposait l’Opposition de gauche. Ce tournant brutal destiné à sauvegarder les intérêts de la bureaucratie fut habillé par une nouvelle analyse de la situation mondiale. C’était le début de la «Troisième période» et dune politique dite «classe contre classe»: les socialistes étaient de nouveau renvoyés dos à dos avec les fascistes. Pour Staline et les chefs de lIC, la révolution était à lordre du jour à court terme. Ils lancèrent des appels à des grèves politiques ultra-minoritaires et des actions aventuristes, à contretemps, qui isolèrent les militants.

En Allemagne, cette politique allait paralyser la classe ouvrière face à la montée du nazisme. En France, elle isola les militants communistes, y compris parmi les travailleurs.

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Tout droit vers le naufrage

(Demain : La «bolchevisation» et le stalinisme, Un parti ouvrier réprimé)

 

lundi 15 mars 2021

Éditorial des bulletins Lutte ouvrière d’entreprise de ce lundi 15 mars 2021

Contre la pénurie de vaccins, il faut réquisitionner les laboratoires !

Le 15 mars 2021L’épidémie progresse à nouveau et inquiète par sa virulence. Certaines régions font face à une troisième vague et le scénario catastrophe se rejoue avec des services de réanimation saturés, des déprogrammations d’opérations et des transports de malades d’une région à une autre.

Tout se passe comme si, en une année, le gouvernement n’avait rien appris. Qu’il n’y ait pas de lits en nombre suffisant dans les réanimations pour accueillir cette troisième vague est scandaleux. Sur une région aussi peuplée que l’Ile-de-France – 12 millions d’habitants -, le gouvernement n’a même pas créé, en plus des hôpitaux, une grande structure dédiée à la Covid, susceptible d’absorber d’éventuels pics de malades !

L’autre scandale est la vaccination. Il y a un an, le monde entier était confronté à l’inconnu. Il n’y avait ni traitement ni vaccin. Puis les scientifiques ont travaillé d’arrache-pied. Avec la technologie de l’ARN messager, on dispose même de vaccins qui font l’unanimité des scientifiques par leur efficacité, leur adaptabilité aux variants et la rareté des effets secondaires. Tous les pays demandent et attendent avec impatience ces vaccins libérateurs, mais l’intendance ne suit pas.

Avant les vérifications qui conduisent plusieurs pays, dont la France, à suspendre la vaccination avec l’AstraZeneca, ce laboratoire faisait les grands titres pour ses retards de livraison. Celui-ci s’était en effet engagé à livrer à l’Union européenne 120 millions de doses au premier trimestre 2021. Au mieux, il n’en livrera que 30 millions, quatre fois moins !

Les labos qui monopolisent les brevets sont incapables de tenir le rythme de production prévu. Ils n’ont pas construit les lignes de production nécessaires ni embauché les travailleurs pour les faire fonctionner. Quand Sanofi - 12,3 milliards de bénéfices en 2020 - se prépare à mettre en flacons le vaccin Johnson & Johnson, c'est en supprimant des postes et en augmentant la productivité.

Les trusts pharmaceutiques ne se comportent pas autrement que des margoulins : avec leurs vaccins, ils ont vendu beaucoup de vent. Comment réagissent les dirigeants européens qui se sont fait flouer ? En pleurnichant ! « Ils se moquent de nous », « ils nous font la misère », ont regretté certains, mais ils n’ont aucune intention de les contraindre à quoi que ce soit.

Tous les gouvernements ont imposé des contraintes drastiques à leur population. En France, on a, un temps, fermé les Ehpad aux visites, et interdit à des malades en fin de vie de voir leurs proches. Mais aucun dirigeant n’est prêt à demander des comptes aux grands trusts et à les contraindre soit à faire les investissements nécessaires, soit à céder leurs brevets pour que d’autres produisent des vaccins.  

En temps de guerre, il est arrivé aux États de réquisitionner et de prendre le contrôle de certaines industries pour les mettre au service de l’effort de guerre. Si ces réquisitions ont dépossédé temporairement les propriétaires bourgeois, elles se sont toujours accompagnées d’indemnités et de dédommagements conséquents. Eh bien, aujourd'hui, dans la guerre contre la pandémie, ce minimum-là n’est même pas imaginé !

Les trusts se cachent derrière le secret commercial et industriel pour échapper à tout contrôle. Les chefs d’État ne savent même pas combien de vaccins leur seront livrés, ni à quelle date, et ils l’acceptent car il s’agit du fonctionnement normal du capitalisme qu’ils défendent ardemment. 

Le grand capital fait ce qu’il veut comme il veut dans les autres domaines aussi. Si les logements abordables pour un salaire d’ouvrier manquent, c’est que cela n’intéresse pas les promoteurs. Si les investissements, la recherche et l’innovation ne décollent pas, malgré tout l’argent que l’État met sur la table, c’est que les grands groupes sont plus intéressés à spéculer pour faire fructifier leurs capitaux dans la finance.

Pour lutter efficacement contre la pandémie et fabriquer les vaccins en masse, et cela au niveau mondial, il faudrait s’appuyer sur tous les centres de production existants et sur la planification. Les droits de propriété et la soif de profits d’une poignée de parasites richissimes s’opposent à ce qui devrait être un effort de production collectif. C’est un gâchis sans nom et c’est criminel car cette pénurie sera payée par des dizaines de milliers de nouveaux morts à l’échelle du monde.

Les bourgeois et leurs serviteurs politiques ont intérêt à ce que ce système perdure, mais pas les travailleurs. Contre l’impuissance du gouvernement, affirmons la nécessité de réquisitionner les laboratoires et de les faire fonctionner sous le contrôle des travailleurs !                                 

 

Commerce : Livraisons à domicile, l’enrichissement de plateformes profitant de l’essor de la précarité d’un côté, l’organisation nécessaire des livreurs de l’autre. Un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière

 Deliveroo : le retour des pousse-pousse

10 Mars 2021

L’annonce par Deliveroo de sa prochaine introduction à la Bourse de Londres illustre l’enrichissement des plateformes de livraisons à domicile, avec le couvre-feu et la fermeture imposée des restaurants.

Les succès de Deliveroo, Uber Eats et autres plateformes en ligne doivent tout à l’exploitation des livreurs, précaires et sous-payés. « Je travaille 12 heures par jour, même quand il pleut ou qu’il fait froid » ; « Dans les rues désertes le soir, on ne se sent pas en sécurité » ; « Pour gagner 1 200 euros par mois je dois travailler 30 jours sur 30 » ; « Avant le confinement je gagnais 13 ou 14 euros de l’heure, maintenant je tourne à 7 euros » : voilà quelques-unes des réflexions exprimées lors des rassemblements organisés par des livreurs en colère ces dernières semaines dans plusieurs villes.

Les coursiers, en scooter ou à vélo, sont plus de 50 000 en France. Chez Deliveroo, ils sont passés de 11 000 à 14 000 en un an. Just Eat vient d’annoncer 4 500 embauches en CDI salariés. Mais la majorité des livreurs ont un statut de micro-entrepreneur, sont rémunérés à la course et doivent payer eux-mêmes leurs équipements.

Des dizaines de milliers d’emplois précaires, en particulier dans la restauration, chez Mac Do ou ailleurs, ayant disparu avec les fermetures et les restrictions imposées par le gouvernement, le nombre de candidats coursiers a augmenté. Les plateformes en ont profité pour baisser les prix. Pour gagner leur vie, les livreurs doivent enchaîner toujours plus de courses et mettre leur santé en péril. Ainsi les jours de pluie, où le travail est plus dangereux, les plateformes donnent une prime. C’est le salaire de la peur. À l’inverse, un retard dans la préparation chez le restaurateur, un incident sur le trajet, un client mécontent, et le livreur est radié. Quant aux travailleurs sans papiers, assez nombreux à s’inscrire en sous-louant le compte d’une personne en règle, ils doivent lui reverser une commission de 200, 300 ou 400 euros par mois.

Le couvre-feu et la fermeture des magasins à 18 heures ont fourni un nouveau marché aux plateformes de livraison. Deliveroo, Uber Eats et Cie ont passé des contrats avec Carrefour, Casino, Picard pour livrer épicerie et surgelés. Plus encore que des profits immédiats, ce que visent ces plateformes de livraison, à l’image d’Amazon, d’ailleurs actionnaire de Deliveroo, c’est d’étoffer leurs réseaux de clients pour écraser leurs concurrents avant d’augmenter massivement leurs commissions. Cela demande des injections de capitaux et c’est l’un des buts de l’introduction en Bourse de Deliveroo.

Il est de bon ton parmi les journalistes ou les politiciens de dénoncer les méthodes sans scrupules des plateformes en ligne et de réclamer un encadrement juridique, surtout quand elles sont étrangères comme Deliveroo, Uber ou Amazon. Mais ces dernières prospèrent grâce à l’augmentation du nombre de jeunes précaires mis en concurrence par la crise et le chômage de masse. Chaque mesure prise par le gouvernement, que ce soit sous prétexte de lutter contre la pandémie ou pour baisser le coût du travail, profite au patronat et se retourne à la fin contre la fraction la plus précaire de la classe ouvrière. En s’organisant eux-mêmes face aux plateformes, les livreurs prennent la seule voie qui leur permettra de défendre leurs intérêts.

                                               Xavier LACHAU (Lutte ouvrière n°2745)

 

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Malgré mes paramètres, mes 5 articles du jour apparaissent sur deux pages voire sur trois pages. Pour lire les 5 articles, cliquez en bas de la première page sur « articles plus anciens). DM