Contre la pénurie de vaccins, il faut réquisitionner les laboratoires !
Le 15 mars 2021L’épidémie progresse à nouveau et inquiète par sa virulence. Certaines régions font face à une troisième vague et le scénario catastrophe se rejoue avec des services de réanimation saturés, des déprogrammations d’opérations et des transports de malades d’une région à une autre.
Tout se passe comme si, en une année, le gouvernement n’avait rien appris. Qu’il n’y ait pas de lits en nombre suffisant dans les réanimations pour accueillir cette troisième vague est scandaleux. Sur une région aussi peuplée que l’Ile-de-France – 12 millions d’habitants -, le gouvernement n’a même pas créé, en plus des hôpitaux, une grande structure dédiée à la Covid, susceptible d’absorber d’éventuels pics de malades !
L’autre scandale est la vaccination. Il y a un an, le monde entier était confronté à l’inconnu. Il n’y avait ni traitement ni vaccin. Puis les scientifiques ont travaillé d’arrache-pied. Avec la technologie de l’ARN messager, on dispose même de vaccins qui font l’unanimité des scientifiques par leur efficacité, leur adaptabilité aux variants et la rareté des effets secondaires. Tous les pays demandent et attendent avec impatience ces vaccins libérateurs, mais l’intendance ne suit pas.
Avant les vérifications qui conduisent plusieurs pays, dont la France, à suspendre la vaccination avec l’AstraZeneca, ce laboratoire faisait les grands titres pour ses retards de livraison. Celui-ci s’était en effet engagé à livrer à l’Union européenne 120 millions de doses au premier trimestre 2021. Au mieux, il n’en livrera que 30 millions, quatre fois moins !
Les labos qui monopolisent les brevets sont incapables de tenir le rythme de production prévu. Ils n’ont pas construit les lignes de production nécessaires ni embauché les travailleurs pour les faire fonctionner. Quand Sanofi - 12,3 milliards de bénéfices en 2020 - se prépare à mettre en flacons le vaccin Johnson & Johnson, c'est en supprimant des postes et en augmentant la productivité.
Les trusts pharmaceutiques ne se comportent pas autrement que des margoulins : avec leurs vaccins, ils ont vendu beaucoup de vent. Comment réagissent les dirigeants européens qui se sont fait flouer ? En pleurnichant ! « Ils se moquent de nous », « ils nous font la misère », ont regretté certains, mais ils n’ont aucune intention de les contraindre à quoi que ce soit.
Tous les gouvernements ont imposé des contraintes drastiques à leur population. En France, on a, un temps, fermé les Ehpad aux visites, et interdit à des malades en fin de vie de voir leurs proches. Mais aucun dirigeant n’est prêt à demander des comptes aux grands trusts et à les contraindre soit à faire les investissements nécessaires, soit à céder leurs brevets pour que d’autres produisent des vaccins.
En temps de guerre, il est arrivé aux États de réquisitionner et de prendre le contrôle de certaines industries pour les mettre au service de l’effort de guerre. Si ces réquisitions ont dépossédé temporairement les propriétaires bourgeois, elles se sont toujours accompagnées d’indemnités et de dédommagements conséquents. Eh bien, aujourd'hui, dans la guerre contre la pandémie, ce minimum-là n’est même pas imaginé !
Les trusts se cachent derrière le secret commercial et industriel pour échapper à tout contrôle. Les chefs d’État ne savent même pas combien de vaccins leur seront livrés, ni à quelle date, et ils l’acceptent car il s’agit du fonctionnement normal du capitalisme qu’ils défendent ardemment.
Le grand capital fait ce qu’il veut comme il veut dans les autres domaines aussi. Si les logements abordables pour un salaire d’ouvrier manquent, c’est que cela n’intéresse pas les promoteurs. Si les investissements, la recherche et l’innovation ne décollent pas, malgré tout l’argent que l’État met sur la table, c’est que les grands groupes sont plus intéressés à spéculer pour faire fructifier leurs capitaux dans la finance.
Pour lutter efficacement contre la pandémie et fabriquer les vaccins en masse, et cela au niveau mondial, il faudrait s’appuyer sur tous les centres de production existants et sur la planification. Les droits de propriété et la soif de profits d’une poignée de parasites richissimes s’opposent à ce qui devrait être un effort de production collectif. C’est un gâchis sans nom et c’est criminel car cette pénurie sera payée par des dizaines de milliers de nouveaux morts à l’échelle du monde.
Les bourgeois et leurs serviteurs politiques ont intérêt à ce que ce système perdure, mais pas les travailleurs. Contre l’impuissance du gouvernement, affirmons la nécessité de réquisitionner les laboratoires et de les faire fonctionner sous le contrôle des travailleurs !
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