Comme
vous le savez, nous n’avons pas pu tenir le Cercle Léon Trotsky qui devait
aborder, un siècle après le Congrès de Tours de décembre 1920, la naissance du
parti communiste en France. Le texte de cet exposé est néanmoins disponible sur
notre site lutte-ouvrière.org. Nous vous le proposons jour après jour en
feuilleton sur notre blog « lo argenteuil »
« Le jeune parti communiste : du combat pour créer un parti révolutionnaire au stalinisme »
La « bolchevisation » et le stalinisme
Des zigzags politiques permanents
Au début de la campagne contre la guerre du Rif, le PC avait un cours gauchiste, affirmant que la révolution était imminente. Il présentait tout ce qui était sur sa droite comme une menace fasciste ou social-fasciste. Les trotskystes qualifiés « d’opposition de droite » étaient, déjà, assimilés à des suppôts des fascistes. Alors qu’il aurait fallu s’adresser aux travailleurs influencés par les socialistes, la politique du PC les rejetait et isolait les ouvriers communistes.
À ce cours gauchiste succéda dès 1926 un cours droitier. Il résultait d’un nouveau changement à la tête de l’IC : Zinoviev et Kamenev avaient rompu leur alliance avec Staline pour rejoindre l’Opposition. En Union soviétique, Staline et Boukharine, son nouvel allié, défendaient ouvertement l’enrichissement des paysans riches, les koulaks, et les nouveaux commerçants et affairistes, les Nepmen, qui prospéraient grâce à la NEP. Ils prétendaient construire le socialisme dans un seul pays et réprimaient tous ceux qui continuaient de défendre l’internationalisme et la perspective de la révolution mondiale.
En France, l’éviction de Zinoviev se traduisit par la mise à l’écart de Treint et Girault. Le ton droitier de Boukharine se traduisit par une main tendue du PC aux dirigeants de la SFIO et même une proposition de soutien au Cartel des gauches, « contre la réaction ». Ce n’était pas une mise en application du Front unique, pour chercher à s’adresser aux ouvriers socialistes, se défendre à leurs côtés et les entraîner. C’était un virage sans principe.
En 1928, le virage eut lieu dans l’autre sens. En Union soviétique, les Nepmen et les koulaks menaçaient de prendre le pouvoir en écartant les bureaucrates à l’ombre desquels ils avaient tant prospéré. Pour sauver la bureaucratie, Staline entreprit avec une brutalité sans nom la collectivisation forcée des terres et reprit, avec retard et de façon bureaucratique, la politique de planification et d’industrialisation que proposait l’Opposition de gauche. Ce tournant brutal destiné à sauvegarder les intérêts de la bureaucratie fut habillé par une nouvelle analyse de la situation mondiale. C’était le début de la « Troisième période » et d’une politique dite « classe contre classe » : les socialistes étaient de nouveau renvoyés dos à dos avec les fascistes. Pour Staline et les chefs de l’IC, la révolution était à l’ordre du jour à court terme. Ils lancèrent des appels à des grèves politiques ultra-minoritaires et des actions aventuristes, à contretemps, qui isolèrent les militants.
En Allemagne, cette politique allait paralyser la classe ouvrière face à la montée du nazisme. En France, elle isola les militants communistes, y compris parmi les travailleurs.
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Tout droit vers le naufrage
(Demain : La « bolchevisation » et le stalinisme, Un parti ouvrier réprimé)
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