Epidémie
: le scandale du manque de moyens
16 Septembre 2020
Ces dernières semaines ont été
marquées par des discours successifs des responsables scientifiques et
politiques, dans lesquels tous ont présenté une situation épidémique qui se
dégrade. Mais ils semblent surtout pressés de ne rien faire.
Le 3 septembre, le Conseil
scientifique a rendu un avis constatant l’échec de la politique du
« tester, tracer, isoler » menée depuis des mois. Il reconnaissait
que les délais pour se faire tester sont trop longs. Il faut en moyenne plus de
trois jours entre le début des symptômes et le prélèvement, et attendre encore
plusieurs jours pour obtenir le résultat. Il admettait également que
l’isolement de quatorze jours prévu pour les cas positifs ou suspects n’est que
très peu appliqué.
Devant la remontée de l’épidémie,
le président du Conseil scientifique s’est répandu dans la presse pour déclarer
que le gouvernement allait devoir prendre des décisions difficiles, mais sans
dire lesquelles. Le président Macron a commencé par répondre que ce n’était pas
aux scientifiques de décider. Puis, vendredi 11 septembre, confiné à Matignon,
le Premier ministre a annoncé quelques mesurettes qui ne changent rien et
surtout précisé qu’il revenait aux préfets et aux élus locaux de décider dans
leur coin. Ceux-ci y sont donc allés de leurs annonces : dans les
Bouches-du-Rhône, les rassemblements de plus de 1 000 personnes ont été
interdits ainsi que les groupes de dix personnes sur les plages, les boissons
alcoolisées dans les rues et les soirées dansantes… Il est peu probable que
cela arrête l’épidémie.
Les hommes politiques et leurs
conseillers scientifiques sont toutefois d’accord sur un point : il ne
faut pas reconfiner, cela coûterait trop cher. Leur indécision à tous cache mal
que leur priorité absolue est de préserver les profits patronaux, une ligne de
conduite qu’ils suivent depuis le début de l’épidémie. Sur le plan sanitaire,
les autorités n’ont jamais rien anticipé et c’est ce qui a rendu le confinement
incontournable en mars.
Aujourd’hui, les principaux
foyers de contamination sont les lieux de travail. Dans les écoles, les règles sanitaires
sont insuffisantes ou impossibles à respecter, notamment à cause du manque de
personnel. Mais, face à cela, rien de sérieux n’est fait. La remontée de
l’épidémie risque donc d’aboutir à une nouvelle saturation des hôpitaux et des
réanimations et... à de nouveaux confinements décidés brutalement au dernier
moment.
Pour faire face, il faudrait
embaucher rapidement dans les hôpitaux et les Ehpad, mais il est évident que ce
gouvernement ne le fera pas. Comme tous les dirigeants du monde capitaliste, il
démontre chaque jour son inaptitude à défendre les intérêts généraux de la
population. Les travailleurs sont indispensables au fonctionnement de la
société. S’ils la géraient directement eux-mêmes, ils feraient mieux que les
patrons et les gouvernements à leur service.
Jean POLLUS (Lutte ouvrière n°2720)