vendredi 31 juillet 2020

Police : quand Macron fait la tournée des popotes


Pour le pouvoir, choyer la matraque, une vieille histoire

 


Macron a visité des commissariats parisiens et à cette occasion il a annoncé le déblocage de 10 millions d’euros pour le travail de nuit des policiers, 10 millions qui s’ajoutent aux 75 millions annoncés il y a quelques jours pour renouveler leur matériel.

C’est sûr qu’avec l’aggravation du chômage, de la misère, le gouvernement essaye de choyer, chichement il est vrai, ceux qui doivent maintenir l’ordre social.

Mais quelques dizaines d’euros en plus pour les policiers, des milliards pour les actionnaires… même pour ceux qui ont pour rôle de maintenir un ordre social inique, la balance n’est pas égale.

Argenteuil : quand SFR responsable de l’installation de la fibre se moque du monde… et de la municipalité


Un message… d’impuissance

 
Joli siège, superprofits, mais service minimum

Georges Mothron a consacré aux problèmes liés à la « fibre » sur la Ville sa première « lettre du maire » de la nouvelle mandature.
         Selon ce qu’il nous en dit, l’installation et le fonctionnement de celle-ci n’a rien de réjouissant sur la commune : « … Déploiement sans cesse retardé, installation bâclée, armoires insuffisamment sécurisées et vandalisées sont le lot quotidien d’un grand nombre d’habitants ». Sombre tableau effectivement !
         Les grands opérateurs de communication se sont répartis le territoire du pays, et Argenteuil est revenu dans l’escarcelle de SFR. Mais, au niveau de l’installation et du fonctionnement, il s’en montre incapable, « comme si cet opérateur avait fait l’impasse sur Argenteuil » affirme l’élu. Le grisbi d’accord ! Mais que ça marche est une toute autre histoire.
Bien évidemment, cette situation n’a rien d’étonnant, d’autant plus que les autres opérateurs et de très nombreuses entreprises sous-traitantes sont concernés par l’installation et le fonctionnement de la fibre à Argenteuil.
         Le maire d’Argenteuil peut s’époumoner et assigner SFR devant les tribunaux, tout cela à toutes les chances de n’y rien changer.
         La privatisation des télécommunications a donné un gigantesque pouvoir aux opérateurs privés qui font dans ce secteur, depuis des années, d’énormes profits. Même avec la crise du coronavirus, SFR a vu ainsi ces derniers mois ses affaires prospérer.
         Il faudra un jour se débarrasser de ces parasites, de leur soif de profits et du mépris qui l’accompagne.
         Les télécommunications sont le genre de domaine où la concurrence n’apporte manifestement rien. Une seule entreprise contrôlée par le pouvoir de la population permettrait non seulement de faire d’énormes économies, mais supprimerait tous les dégâts liés aujourd’hui à la domination de ces gigantesques trusts que sont les opérateurs de téléphonie et qui agissent comme ça leur chante. DM

jeudi 30 juillet 2020

Explosion du chômage : la guerre du capital contre le travail. Un article de notre hebdomadaire


Explosion du chômage : la guerre du capital contre le travail

29 Juillet 2020

Les chiffres de Pôle emploi confirment la gravité de la guerre que le patronat impose au monde du travail. Au deuxième trimestre 2020, le nombre de chômeurs a bondi de 815 000, soit 25 %, une hausse jamais connue depuis des décennies.
 


Le nombre de chômeurs de catégorie A en métropole, qui n’ont exercé aucune activité dans le mois, concentre la hausse et atteint le triste record de 4,2 millions de chômeurs. En fait des centaines de milliers de travailleurs précaires, intérimaires, CDD, qui alternaient périodes de chômage et d’activité se retrouvent aujourd’hui privés de tout emploi. Ils s’ajoutent à ceux qui perdent un emploi qu’ils espéraient stable. Il est impossible de faire la liste des plans de licenciements, mensongèrement nommés plans de sauvegarde de l’emploi (PSE). Rien qu’en une semaine, le ministère du Travail a recensé 32 nouveaux plans de licenciements concernant la suppression de 43 300 emplois. Et combien de licenciements sont invisibles, car ne concernant que quelques salariés d’une entreprise, ou bien d’entreprises de moins de 50 salariés, qui ne font l’objet d’aucun plan ?
Enfin, l’augmentation du chômage concerne les jeunes arrivant sur ce que les économistes baptisent « le marché du travail », forts de leur formation, de leurs études, mais qui ne trouvent aucun emploi, aucun acheteur de leur force de travail, aucun secteur où mettre en œuvre leurs compétences.
Un système qui laisse ainsi en friche et jette au rebut les femmes et les hommes qui en sont les forces productives alors que les besoins sont immenses, que ce soit dans la santé, l’éducation, la construction et la rénovation de logements, d’infrastructures de transport, est un système en faillite.
Dans bon nombre de cas, les licenciements ou le refus d’embauche sont le fait de groupes richissimes, comme Sanofi ou Renault. Dans d’autres cas, il peut s’agir de sous-traitants ou bien encore de petits patrons réellement pris à la gorge par les groupes industriels et financiers. Mais quels que soient les laissés pour compte de la concurrence entre possesseurs de capitaux, ce sont toujours les travailleurs qui payent les pots cassés, eux qui n’ont que leur emploi pour gagner leur vie.
Seul le travail humain crée de la richesse. Priver d’emploi un individu, c’est non seulement un gâchis pour lui-même mais pour la société privée de son apport. Face à la folie destructrice du capitalisme, les travailleurs doivent imposer que tout individu en âge de travailler dispose d’un emploi et d’un salaire digne.
Il s’agit donc de recenser d’une part tous les bras et cerveaux disponibles et tous les besoins productifs de l’autre et de répartir le travail entre tous, sans aucune perte de salaire. Le temps de travail hebdomadaire ainsi calculé pourra diminuer au fur et à mesure des gains de productivité.
Le monde capitaliste marche sur la tête. Il faut mettre l’économie sur ses pieds : produire tous ensemble pour la satisfaction des besoins de tous et non pour les profits d’une minorité de parasites.
                                                Christian BERNAC (Lutte ouvrière n°2713)

Gisèle Halimi, la combattante courageuse, un article-hommage dans notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître


Gisèle Halimi, une combattante

29 Juillet 2020

Depuis sa mort, mardi 28 juillet, tous les médias saluent en Gisèle Halimi une avocate qui fut une grande « féministe ». C’est une unanimité de louanges. Mais ils sont moins nombreux à rappeler qu’elle a aussi pris parti contre la colonisation.
Nous aussi saluons Gisèle Halimi, qui fut une combattante. Née en 1927, élevée dans un milieu juif tunisien traditionnel où l’on n’attachait guère d’importance à l’instruction des femmes et où on voulut la marier à 16 ans, elle a su se battre pour échapper à son sort, faire des études, et partir à Paris pour devenir avocate.
Elle n’avait même pas trente ans quand débuta ce qu’on appelle la guerre d’Algérie, c’est-à-dire en fait la lutte du peuple algérien pour son indépendance, quand l’Algérie était encore une colonie française. L’État français, avec à sa tête des gouvernements alternativement de droite, ou du centre avec Mitterrand, ou de gauche avec le socialiste Guy Mollet, mena une guerre implacable contre cette lutte légitime.
Dans cette période, plus d’un demi-million de jeunes Français ont été envoyés en Algérie au cours de leur service militaire, de 24 mois ou plus, jouer le rôle d’une armée d’occupation. On leur faisait mener des opérations dites de pacification qui consistaient à enlever ou à tuer tous ceux qui étaient soupçonnés d’être au FLN ou de l’aider. Des villages entiers furent détruits, leurs habitants tués ou rassemblés dans des camps.
Gisèle Halimi se spécialisa dans la défense des militants du FLN. Elle défendit en particulier une jeune militante, Djamila Boupacha, torturée et violée en prison par les militaires français. C’était prendre des risques que d’aller aider en Algérie les emprisonnés. Elle fut d’ailleurs menacée de mort par les tenants de l’Algérie française. Ce n’était pas une cause qui avait les faveurs de l’opinion publique et des médias, à une époque où même le Parti communiste français ne défendait pas l’indépendance de l’Algérie, mais seulement « La Paix en Algérie » et où les combattants FLN étaient présentés que comme de dangereux terroristes.
Nous ne discutons pas ici de la politique du FLN, que nous ne soutenions pas, tout en soutenant inconditionnellement la lutte du peuple algérien, mais du climat qui régnait à cette époque en France, et du courage d’une jeune femme qui fit ce qu’elle jugeait juste. Et à une époque où les femmes n’avaient pas encore officiellement le droit de travailler ou de posséder un compte en banque sans l’autorisation de leur mari !
Après l’indépendance de l’Algérie, Gisèle Halimi continua à combattre pour la cause des femmes. Dans un procès qui fit du bruit, celui dit de Bobigny en 1972, elle défendit une mère qui avait aidé sa fille à avorter. Car à cette époque, l’avortement était encore passible de prison. Le droit légal à la contraception n’existait alors que depuis peu, et des centaines de milliers d’avortements clandestins avaient lieu en France chaque année, avec tous les risques que cela impliquait pour les femmes concernées. La jeune fille fut relaxée, la mère condamnée à deux ans de prison avec sursis.
Ce procès fut une étape dans la longue lutte de bien des femmes et des hommes d’ailleurs, pour en finir avec la pénalisation de l’avortement et aboutir à la loi de 1975.
Elle participa ensuite au mouvement pour faire reconnaître le viol comme un crime, passible donc de la cour d’assises, et non plus comme un simple délit. Pendant le procès d’Aix-en-Provence, elle appela à la barre Arlette Laguiller, qui commençait à être connue, comme témoin non pas de ce viol, mais de la pression que subissaient au quotidien les femmes qui travaillaient.
Gisèle Halimi a choisi de combattre pour ce qu’elle estimait juste et a fait évoluer la loi, au début toujours à contre-courant dans un milieu réactionnaire, celui de « la justice », souvent à contre-courant dans l’opinion publique. C’était une femme courageuse.

                                                        Sylvie FRIEDMAN (Lutte ouvrière n°2713)
Gisèle Halimi et Djamila Boupacha, en avril 1962 à la maison centrale de Rennes, après l'amnistie de cette dernière. © AFP (copie BFMTV qui me pardonnera)

 

 

PSA, champion de l’exploitation


La crise ? Certainement pas pour les profits de PSA

 


Heureux sur notre dos ! 

Malgré la crise et le recul de 46% de ses ventes, PSA a enregistré un bénéfice de près de 600 millions d’euros au premier trimestre 2020. Un miracle ? Pas vraiment… Ceux qui ont permis ces  profits, ce sont les travailleurs, tous les travailleurs de PSA, embauchés, intérimaires et ceux des sous-traitants, mais aussi l’État qui avec l’argent public finance une grande partie des salaires avec le chômage partiel.  
Quant à l’avenir, le carnet de commandes est plein et PSA compte faire encore plus de profits en réduisant ce que les patrons appellent leurs coûts, c’est-à-dire en grande partie les salaires. En particulier, PSA veut développer la vente en ligne, c’est-à-dire supprimer nombre d’emplois dans les concessions, et développer le télétravail, c’est-à-dire économiser électricité, communications et mètres-carrés de bureaux. Sans compter la pression sur les salaires qui vise à mettre en concurrence des ouvriers entre eux.
Les résultats de PSA rendent Tavarès, son patron, heureux et la bourse euphorique, pas les travailleurs ! Il faut préparer le légitime retour de bâton.

Sarkozy, une plume ? Et moi, et moi, et moi…


Le malaise vagal n’est pas loin…

 
 
Lui aussi heureux !

Le trépignant Sarkozy, celui qui a été éliminé par Hollande en 2012, puis par Fillon en 2017, cherche à faire parler de lui avec la sortie d’un nouveau livre.
Ben oui, vu que Macron lui pique sa politique sécuritaire, son ancien conseiller Castex, et son « ami » et clone Darmanin... il enrage. Prépare-t-il sa revanche et son possible retour sur la scène politique ? Cette fois encore le marathon pour l’Elysées est lancé, mais si les concurrents se bousculent, l’issue de cette compétition n’a guère d’enjeux pour nous.

Le Val d’Oise privé d’édition départementale du Parisien, Val d’Oise reste silencieux


Pas d’accord, mais surtout que personne ne le sache

 
Tellement plus bucolique que les licenciements

Val d’Oise, le magazine du conseil départemental du Val d’Oise met une nouvelle fois largement de côté Argenteuil dans son numéro de juillet-août. Mais ce n’est pas sur cet aspect récurrent qui doit échapper aux conseillers départementaux que nous voudrions une nouvelle fois insister.
         Nous avons abordé à plusieurs reprises les licenciements au journal Le Parisien en relation avec la liquidation des pages départementales de ce quotidien. Il paraît même que le conseil départemental a envoyé une lettre de protestation sur le sujet…
         Mais nous nous étonnons simplement qu’elle ne soit pas insérée dans ce dernier numéro du magazine. Cela aurait au moins contribué à informer ses lecteurs potentiels qui se comptent par centaines de milliers.
         Protester d’accord ! Mais cela donne l’impression du côté du conseil départemental qu’il faille que cela se fasse le plus discrètement possible. De manière à ne surtout pas peiner les licencieurs de LVMH propriétaire du Parisien. Entre gens du même monde, il n’est vraiment pas question de se faire de la peine. DM

 

mercredi 29 juillet 2020

Giselle Halimi : il faut savoir "désobéir à une loi répressive pour affirmer une liberté première"


Giselle Halimi vient de disparaître. C’était une avocate, mais ce fut une avocate militante du combat des femmes, mais aussi une combattante de bien d’autres causes. Elle fut ainsi l’avocate de combattants nationalistes algériens durant la Guerre d'Algérie. J’ai noté sur Wikipédia l’évocation de la grève qu’elle mena à 13 ans pour ne plus faire le lit de son frère. Bref, un résumé de sa vie. DM
 
 
 


En guise d’hommage, un article de Lutte ouvrière sur le procès de Bobigny

Le procès de Bobigny de 1972 : Une étape du combat pour les droits des femmes

05 Avril 2006

Le téléfilm Le procès de Bobigny, diffusé le 3avril sur France2, a rappelé ce que fut cet épisode du combat des femmes pour le droit à l'avortement.
C'était en 1972. Marie-Claire, 16ans, enceinte à la suite d'un viol, comparaissait devant le tribunal de Bobigny pour avoir avorté. Quant à sa mère, elle était jugée pour "complicité", car l'avortement était alors un délit. Les femmes n'avaient pas le droit d'interrompre une grossesse non désirée. Les peines encourues étaient lourdes: six mois à deux ans de prison pour celle qui avait avorté, et un à cinq ans pour celle ou celui qui lui en avait procuré les moyens.
Lors de leurs procès, la mère et la fille eurent le courage de braver cette loi injuste, criminelle et hypocrite. Tout le monde savait alors que, chaque année, des centaines de milliers de femmes avortaient. Celles qui avaient les moyens, ou les relations sociales qui vont souvent avec, le faisaient avec l'aide de médecins ou à l'étranger. Les autres, celles qui, comme Marie-Claire et sa mère, étaient de milieu modeste, recouraient à tout ce qui pouvait servir pour déclencher l'avortement. Des dizaines de femmes mouraient chaque année, des suites d'un avortement clandestin dans de mauvaises conditions sanitaires.
Marie-Claire eut donc le courage d'affirmer que ce n'était pas sa mère qui lui avait demandé d'avorter, mais qu'elle avait décidé, elle-même, de ne pas mettre au monde un enfant non désiré. Quant à sa mère, elle eut le cran d'affronter un tribunal d'hommes nantis et pleins d'assurance pour leur asséner que ce choix relevait du seul droit des femmes, et pas des tribunaux. Elles étaient soutenues autour du tribunal par des manifestantes brandissant des pancartes: "Notre ventre nous appartient", "Un enfant, si je veux, quand je veux".
Gisèle Halimi, avocate et militante pour les droits et les libertés des femmes, assura la défense des deux accusées. Elle fit le procès de cette législation barbare. Jacques Monod, prix Nobel de médecine, vint dire à la barre que cette loi était dépassée par la médecine; le professeur Milliez, médecin gynécologue, catholique et pratiquant, en affirmant qu'il aurait avorté Marie-Claire si celle-ci le lui avait demandé, mit en évidence l'hypocrisie de cette loi.
Marie-Claire fut relaxée. Sa mère fut condamnée à 500F d'amende avec sursis, et la femme qui avait pratiqué l'avortement à un an de prison avec sursis. Les tribunaux eux-mêmes étaient contraints de reconnaître l'absurdité de la loi. Mais c'est le combat mené par Marie-Claire et sa mère, et par des centaines de milliers d'autres femmes dans ces années-là, qui allait finir par imposer la liberté pour les femmes de mettre fin à une grossesse non désirée. Comme l'a rappelé Gisèle Halimi dans une interview, il faut savoir "désobéir à une loi répressive pour affirmer une liberté première".
Le droit à l'interruption volontaire de grossesse est aujourd'hui remis en cause, ne serait-ce que par le manque croissant de structures médicales où le pratiquer. Ce n'est pas un combat du passé, il reste d'actualité.

                                             Sophie GARGAN (Lutte ouvrière n°1966)