Mardi 28 mai, deux jours après
les élections européennes, le géant industriel américain General Electric (GE)
a annoncé 1044 suppressions d’emploi en France. Le même jour la société WN,
l’ex-site Whirlpool d’Amiens avec ses 200 salariés, était mise en redressement
judiciaire.
Ces deux annonces sont venues
s’ajouter à celle de la mise en faillite de British Steel. Cette entreprise
possédée par deux vautours de la finance, les frères Meyohas, 258èmefortune
française, était présentée par le gouvernement comme la solution de salut pour
les 270 travailleurs d’Ascoval. Aujourd’hui, ils ne savent même pas s’ils
seront encore payés dans quelques mois.
Les urnes à peine rangées, le
grand patronat lâche ses coups.
En 2015, quand GE avait racheté
le pôle énergie d’Alstom, il s’était engagé à créer 1000 emplois. Non seulement
aucun emploi supplémentaire n’a été créé, mais aujourd’hui, GE France en
supprime 792 sur le site de Belfort dans le secteur des turbines à gaz et 252
sur plusieurs sites dans les fonctions de support.
Son PDG, Hugh Bailey, assure que
l’usine de Belfort qui regroupe 4300 travailleurs « ne fermera pas ».
Mais cette promesse de patron ne vaut pas plus que celle de créer 1000 emplois.
Et ce PDG fera ce qui ira dans le sens des intérêts de ses actionnaires.
« Le marché mondial du gaz
est structurellement en forte baisse »et « nous ne sommes plus assez
compétitifs »ajoute-t-il pour justifier les licenciements. GE est un des
plus gros groupes industriels de la planète. Garder ces 1044 emplois ne le
mettrait pas sur la paille. Mais ce sont les actionnaires qui dirigent. Et ils
mènent leurs guerres commerciales avec la peau de leurs travailleurs.
Bruno Le Maire, le ministre de
l’Économie, veut jouer les intermédiaires en prétendant se soucier du sort des
travailleurs. Il ne se prépare qu’à brasser de l’air. Son rôle est de faire
passer la pilule. À chaque fois, les gouvernements, le sien comme ceux qui
l’ont précédé, ont été complices des licencieurs. Ils ont toujours agité des
promesses bidon pour endormir les travailleurs.
L’État lui-même en tant que
patron mène cette même politique de suppressions de postes. Le jour où GE faisait
son annonce, le gouvernement faisait passer à l’Assemblée une loi contre les
fonctionnaires, ceux de l’État, des collectivités territoriales et des
hôpitaux. Il veut y imposer un recours accru au travail précaire, aux mobilités
forcées et simplifier les ruptures de contrats de travail.
Et puis, en bons serviteurs du
capital, Macron et son Premier ministre ont annoncé la couleur. Dès cet été,
ils s’attaqueront à l’Assurance chômage pour faire baisser les indemnités, puis
ils s’en prendront aux retraites ouvrières.
L’économie capitaliste est en
crise et cela rend le grand patronat encore plus âpre au gain. La guerre
sociale qu’il nous mène n’aura pas de limite. Et le gouvernement sera là pour
lui faciliter la tâche. Dans cette guerre les travailleurs n’ont à attendre ni
compréhension, ni pitié.
Ils ne sont pourtant pas
désarmés. Des millions de travailleurs représenteraient une force considérable
s’ils avaient la conscience d’appartenir à la même classe sociale. Une classe
qui a la capacité de repousser les attaques du grand patronat aujourd’hui et de
remettre en cause demain le pouvoir de celui-ci.
C’est cette conscience qui
manque. Le résultat des élections l’a montré. L’ancienne opposition entre la
droite et la gauche a laissé la place à celle entre Le Pen et Macron. Mais
c’est toujours une tromperie qui enferme les travailleurs dans une fausse
alternative, où on les pousse à choisir entre des politiciens qui sont tous
dans le camp de la bourgeoisie.
De cette loterie électorale, où
tout est fait pour empêcher que les travailleurs raisonnent du point de vue de
leurs intérêts d’exploités, ils sortent désorientés et divisés.
L’offensive patronale et
gouvernementale est générale. Pour y faire face, les explosions de colère et de
combativité comme celles des Gilets jaunes ne suffiront pas. Les travailleurs
doivent retrouver le chemin de l’organisation et de la lutte pour leurs
intérêts communs, le chemin de la conscience de classe.