mardi 4 juin 2019

Éducation-Argenteuil : loi Blanquer, quand les petits soldats organisent une réunion…


On ne peut pas soutenir le capital et en même temps soutenir une École de l’égalité


                                          Photo L'indicateur des Flandres

Ci-dessous, mon intervention telle que je l’avais écrite (dite à l’oral, avec des modifications donc), lors de la réunion d’hier au soir des « marcheurs » aux gros godillots. Vingt-trente personnes, dont quelques parents d’élèves et quelques enseignants. L’une des deux députés présentes a conforté le raisonnement que nous faisions dans le texte ci-dessous en évoquant les « contraintes budgétaires », les « arbitrages » …

« Depuis des mois, l’énorme majorité des personnels de l’Éduction nationale se mobilise de diverse façons contre la énième dernière « réforme » ministérielle. On ne sait pas ce qui sortira dans les semaines qui viennent de celle-ci, mais sur le papier elle va marquer une nouvelle aggravation de la situation de l’éducation dans les quartiers populaires, l’approfondissement du fossé qui sépare deux écoles aboutissant à une profonde inégalité scolaire.
         Mais ce que fait votre chef Blanquer, il n’y a pas à aller le chercher dans sa loi pour demain, mais dans ce qu’il fait aujourd’hui, dans ce que connaissent les élèves, leurs parents, et les personnels de l’Éducation dans la continuité de ce qu’ils subissent depuis des années, œuvre des gouvernements précédents. Vous pouvez avancer votre produit d’appel que sont les rares CP-CE1 à 12 élèves. Le fait majeur est la hausse des effectifs par classe qui est générale, de la 1ère année de maternelle à la terminale. L’explosion des effectifs de nombre de groupes scolaires du primaire, de collège et de lycée. Madame Rilhac lorsque vous étiez vaguement syndicaliste de gauche là vous enseingâtes, souvenez-vous de l’action qui était menée non loin de vous sur Argenteuil en particulier, à propos de la défense de la limite à 30 élèves par classe, qui paraissait comme une limite intangible. Pour ma part, je la défendis alors avec détermination comme un élément qui nous permettait de résister à bien des difficultés. Cela fait des années que cette limite a été dépassée. Ce sont 36, 37, voire 38 élèves que compte l’énorme majorité des classes. Les dotations prévues pour la rentrée prochaine entraînent en outre la liquidation générale des heures d’enseignement en demi-groupes.
         On ne peut à la fois appliquer la politique des grands groupes industriels et financiers en prenant sur le budget de l’État et financer le service public d’Éducation nécessaire. C’est ou l’un ou l’autre.
         A défaut d’augmenter les moyens, l’issue pour vous est de caporaliser les enseignants, d’augmenter leur charge de travail, comme vous le réalisez au niveau d’une inclusion à marche forcée des élèves en situation de handicap, en encore en voulant aller vers la réduction des moyens de formation des enseignants ou vers l’annualisation de leur temps de travail.
         Le journal Le Parisien de ces derniers jours a évoqué les difficultés accrues de la majorité de la population et l’accentuation de la fracture territoriale qui s’opère. Argenteuil est un bon exemple de cette situation. D’une situation catastrophique pour la société tout entière, quand on observe la montée de l’inculture, de la désespérance, et de la marginalisation. C’est cela que vous accompagnez en y mettant votre petite touche particulière élitiste.
         Je ne crois pas que nous vous convaincrons ce soir. Mais votée ou pas, contre la loi Blanquer, les enseignants, les élèves et leurs parents, sachez-le, continueront à se lever, eux qui se battent pour une autre école, celle de la culture et de davantage d’égalité. »

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