On ne peut pas soutenir le capital et en même temps soutenir une
École de l’égalité
Ci-dessous,
mon intervention telle que je l’avais écrite (dite à l’oral, avec des
modifications donc), lors de la réunion d’hier au soir des « marcheurs »
aux gros godillots. Vingt-trente personnes, dont quelques parents d’élèves et
quelques enseignants. L’une des deux députés présentes a conforté le
raisonnement que nous faisions dans le texte ci-dessous en évoquant les
« contraintes budgétaires », les « arbitrages » …
« Depuis des mois, l’énorme majorité des personnels de l’Éduction
nationale se mobilise de diverse façons contre la énième dernière « réforme »
ministérielle. On ne sait pas ce qui sortira dans les semaines qui viennent de
celle-ci, mais sur le papier elle va marquer une nouvelle aggravation de la
situation de l’éducation dans les quartiers populaires, l’approfondissement du
fossé qui sépare deux écoles aboutissant à une profonde inégalité scolaire.
Mais ce que fait votre chef Blanquer,
il n’y a pas à aller le chercher dans sa loi pour demain, mais dans ce qu’il
fait aujourd’hui, dans ce que connaissent les élèves, leurs parents, et les
personnels de l’Éducation dans la continuité de ce qu’ils subissent depuis des
années, œuvre des gouvernements précédents. Vous pouvez avancer votre produit
d’appel que sont les rares CP-CE1 à 12 élèves. Le fait majeur est la hausse des
effectifs par classe qui est générale, de la 1ère année de maternelle à la
terminale. L’explosion des effectifs de nombre de groupes scolaires du
primaire, de collège et de lycée. Madame Rilhac lorsque vous étiez vaguement
syndicaliste de gauche là vous enseingâtes, souvenez-vous de l’action qui était
menée non loin de vous sur Argenteuil en particulier, à propos de la défense de
la limite à 30 élèves par classe, qui paraissait comme une limite intangible.
Pour ma part, je la défendis alors avec détermination comme un élément qui nous
permettait de résister à bien des difficultés. Cela fait des années que cette
limite a été dépassée. Ce sont 36, 37, voire 38 élèves que compte l’énorme
majorité des classes. Les dotations prévues pour la rentrée prochaine entraînent
en outre la liquidation générale des heures d’enseignement en demi-groupes.
On ne peut à la fois appliquer la
politique des grands groupes industriels et financiers en prenant sur le budget
de l’État et financer le service public d’Éducation nécessaire. C’est ou l’un
ou l’autre.
A défaut d’augmenter les moyens,
l’issue pour vous est de caporaliser les enseignants, d’augmenter leur charge
de travail, comme vous le réalisez au niveau d’une inclusion à marche forcée
des élèves en situation de handicap, en encore en voulant aller vers la
réduction des moyens de formation des enseignants ou vers l’annualisation de
leur temps de travail.
Le journal Le Parisien de ces derniers
jours a évoqué les difficultés accrues de la majorité de la population et l’accentuation
de la fracture territoriale qui s’opère. Argenteuil est un bon exemple de cette
situation. D’une situation catastrophique pour la société tout entière, quand
on observe la montée de l’inculture, de la désespérance, et de la
marginalisation. C’est cela que vous accompagnez en y mettant votre petite
touche particulière élitiste.
Je ne crois pas que nous vous
convaincrons ce soir. Mais votée ou pas, contre la loi Blanquer, les
enseignants, les élèves et leurs parents, sachez-le, continueront à se lever,
eux qui se battent pour une autre école, celle de la culture et de davantage
d’égalité. »
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