Cure
d'austérité pour les classes populaires, cadeaux pour les capitalistes
Le patrimoine des plus riches
flambe ; les profits des grandes entreprises et les dividendes atteignent des
sommets ; les rémunérations des PDG et des plus hauts cadres grimpent toujours
plus ; les spéculateurs s’engraissent… mais pour la grande masse de la population,
ce sera une nouvelle cure d’austérité.
Dans une interview au Journal
du dimanche, le Premier ministre a annoncé un quasi gel des retraites, des
prestations familiales et des aides au logement en 2019 et 2020. Ces
prestations n’augmenteront que de 0,3 % quand l’énergie a pris 14 %, les
produits frais 6 %. Cette baisse du pouvoir d’achat est un nouveau coup dur
pour les retraités déjà frappés par la hausse de la CSG et pour les millions de
familles qui ont du mal à joindre les deux bouts.
Edouard Philippe le justifie en
répétant que le gouvernement fait « le choix du travail ». Pour appuyer
ses dires, il a confirmé la suppression des cotisations sociales sur les heures
supplémentaires et prétend faire en sorte que « le travail paye ». Mais
la réalité, c’est que dans cette société d’exploitation, ce qui rapporte, ce
n’est pas le travail, c’est le capital. L’argent va à l’argent et permet aux
capitalistes qui le possèdent d’accumuler rentes et dividendes de façon
vertigineuse sans rien faire de leurs dix doigts.
Pour ceux dont le travail est
indispensable, pour les aides-soignantes, les infirmières, les ouvriers et
employés, pour les caissières, les cheminots, les techniciens, les enseignants…
non, le travail ne paye pas. La charge de travail, les cadences, la
productivité ont augmenté partout. Nulle part les salaires n’ont suivi. Si
beaucoup se résignent à faire des heures supplémentaires, à travailler de nuit
ou le dimanche, c’est justement parce que le travail ne paye pas !
Le gouvernement prétend mettre la
valeur travail au-dessus de tout, mais il favorise les licenciements, y compris
dans les grands groupes bénéficiaires. Résultat, un tiers des groupes du CAC
40, tous plus ultra-rentables les uns que les autres, continuent de détruire
des emplois. Le gouvernement lui-même ajoutera sa pierre à l’édifice du chômage
puisque 4 500 postes seront supprimés dans la Fonction publique en 2019 et 10
000 en 2020 et qu’il signe la quasi-disparation des emplois aidés.
Le patronat est le grand gagnant
de ce budget 2019. Il verra bien le CICE transformé en baisse pérenne des
cotisations, et la piste consistant à le mettre à contribution pour financer
les arrêts maladie a été abandonnée. Comme l’a déclaré Pénicaud, la ministre du
Travail, « il faut que le gouvernement garde son image « pro-business ».
Oui, même si ce n’est pas
populaire, Macron et son gouvernement se présentent fièrement pro-business. Ils
assument d’être aux petits soins avec les plus riches et les financiers. C’est
là la différence essentielle avec ses prédécesseurs. Car, sur le fond, la
politique de Macron n’est que la continuation de celle que l’on a subie avec
Sarkozy et Hollande.
Cette politique anti-ouvrière
n’est propre ni à Macron, ni même à la France. L’attaque contre les droits des
travailleurs, contre leurs salaires et leurs conditions de vie, est la même
partout, qu’elle se joue sur fond de Brexit en Grande-Bretagne ou sur fond de
crise et d’hyper-inflation comme en Turquie.
Cette politique est inscrite dans
une réalité économique et sociale. Dans cette période de crise où la production
ne peut plus trouver de nouveaux débouchés sur les marchés saturés et où la
concurrence est exacerbée, la finance domine tout et impose son parasitisme sur
toute la vie économique. Et celle-ci ne peut prospérer et la grande bourgeoisie
s’enrichir qu’en s’en prenant aux travailleurs, à leurs droits, à leurs
salaires, à leurs conditions de travail.
Gérer les affaires du pays dans
un tel contexte voue n’importe quel gouvernement à être férocement
anti-ouvrier. Le rejet qui s’exprime contre la personne de Macron et sa
politique sont justifiés. Mais pour défendre ses intérêts matériels et
politiques, le monde du travail ne doit pas se contenter de contester Macron.
C’est la domination de la classe capitaliste et les lois aveugles de son
système qui sont à remettre en cause.
Le capitalisme pourrissant nous
condamne aux inégalités, à la crise permanente, aux tensions commerciales, aux
guerres. La bourgeoisie profite de ce système, mais elle n’en maîtrise rien et
elle entraîne la société de catastrophes en catastrophes. Seuls les
travailleurs conscients de leurs intérêts matériels et politiques peuvent
ouvrir une perspective pour les exploités victimes de cet ordre social et
sauver la société de la perdition.