En guerre contre les migrants et contre
les travailleurs
Les ministres européens de
l’Intérieur se réunissent en Autriche pour parler des migrants. Alors que le
nombre de migrants accueillis en Europe a fortement baissé, nombre de
politiciens font de la lutte contre l'immigration leur fonds de commerce. C'est
le cas des ministres d'extrême droite autrichiens, italiens ou hongrois, des
dirigeants de la CSU en Allemagne, des Démocrates de Suède, etc. Sans oublier
Macron qui tout en donnant des leçons d'humanisme à la planète entière,
encourage la guerre contre les migrants. Lors de cette réunion, il est question
de créer des camps situés de l'autre côté de la Méditerranée, où les migrants
seraient renvoyés et enfermés. À d'autres époques on appelait cela des camps de
concentration.
Ces
politiciens, serviteurs zélés de leur bourgeoisie, et qui, tous, s'attaquent
aux droits des travailleurs, utilisent la question migratoire pour faire
diversion. Les lois anti migrants qu’ils défendent et leurs lois anti ouvrières
sont les deux faces d'une seule et même politique.
Un
communiqué de Médecins sans frontières : 600 morts en Méditerranée en
quatre semaines
Les
noyades se multiplient pendant que l'UE bloque les secours humanitaires en
Méditerranée
Communiqué
de presse
12
juillet 2018
Sauvetage
du 27 janvier 2018. Les équipes de l'Aquarius avaient sauvé 99 rescapés d'un
canot de fortune. Un nombre indéterminé d’hommes, de femmes et enfants étaient
portés disparus, vraisemblablement noyés. ©Laurin Schmid/SOS MÉDITERRANÉE
Plus de
600 personnes tentant de traverser la Méditerranée centrale se sont noyées au
cours des quatre dernières semaines, y compris des bébés et des jeunes enfants.
Ces tragédies, qui représentent la moitié du nombre total de morts dans la zone
en 2018, se sont produites car il n'y avait plus de bateaux de sauvetage
d'organisations non gouvernementales (ONG) actives en Méditerranée centrale. Il
y a un mois, le navire de recherche et sauvetage Aquarius, géré par SOS
MÉDITERRANÉE en partenariat avec Médecins Sans Frontières (MSF), a été empêché
par les autorités italiennes de débarquer 630 personnes secourues en mer.
D'autres blocages et obstruction des navires de sauvetage des ONG par les États
européens ont suivi.
« Les
décisions politiques européennes prises ces dernières semaines ont eu des
conséquences mortelles. Le choix de laisser les hommes, les femmes et les
enfants se noyer dans la mer Méditerranée est délibéré. C'est scandaleux et
inacceptable », déclare Karline Kleijer, responsable des
urgences à MSF.
Alors que
les navires de sauvetage des ONG opérant dans les eaux internationales entre
Malte, l'Italie et la Libye ont été accusés de créer l’augmentation des départs
par les politiciens européens, les récents événements en mer montrent que des
personnes désespérées continuent de fuir la Libye. La violence, la pauvreté et
les conflits poussent les gens à risquer leur vie et celle de leurs enfants.
Les
gouvernements européens sont pleinement conscients des niveaux alarmants de
violence et d'exploitation subis par les réfugiés, les demandeurs d'asile et
les migrants en Libye, mais sont déterminés à empêcher les personnes
d'atteindre l'Europe à tout prix. Un élément clé de la stratégie visant à
protéger la Méditerranée consiste à équiper, former et soutenir les garde-côtes
libyens pour intercepter les gens en mer et les renvoyer en Libye. Le renvoi
des personnes en Libye ne peut être effectué légalement par les navires non
libyens, car le pays n'est pas reconnu comme un lieu sûr. Les personnes
secourues dans les eaux internationales de la Méditerranée ne doivent pas être
renvoyées en Libye mais doivent être conduites dans un port sûr conformément au
droit international et maritime.
En outre,
les garde-côtes libyens soutenus par l'UE ont intercepté quelques 10 000
personnes cette année et les ont emmenées dans des centres de détention en
Libye, au péril de leur santé et de leur vie. L'abdication de toute
responsabilité de recherche et de sauvetage en Méditerranée en faveur des
garde-côtes libyens ne fera que provoquer davantage de morts.
« La
décision politique de fermer les ports aux personnes secourues en mer, et la
confusion totale en Méditerranée centrale, ont conduit à une mortalité accrue
sur la traversée maritime la plus meurtrière du monde, déclare Sophie Beau,
vice-présidente de SOS MÉDITERRANÉE. L'Europe porte la responsabilité de ces
morts. Les gouvernements européens doivent réagir immédiatement et garantir que
les lois maritimes et humanitaires internationales encadrant l'obligation de
secourir les personnes en détresse en mer soient pleinement respectées. »
https://www.msf.fr