Le bluff et la manœuvre du PDG
d’Air France se sont retournés contre lui. Mettant son poste en jeu,
dramatisant la situation, il croyait mettre une majorité de salariés derrière
lui. Mal lui en a pris.
Il
y a effectivement eu une mobilisation record (plus de 80%) au referendum mis en
place par ses soins. Mais le résultat n’a pas été celui qu’il attendait. Plus
de 55% des travailleurs d’Air France qui ont voté ont rejeté
« l’accord » salarial dérisoire qu’il proposait.
C’est
une excellente nouvelle.
Le
PDG a démissionné. Le combat continue pour une hausse substantielle des
salaires, nécessaire chez Air France comme partout dans le monde du travail.
Voilà
ce que nous écrivions il y a quelques jours dans le numéro de cette semaine de
notre hebdomadaire
Air
France : référendum patronal, revendications salariales
02 Mai 2018
À l’approche du 4 mai, dernier
jour du référendum organisé par la direction d’Air France – pour ou contre 2 %
seulement d’augmentation, avec 5 % maximum sur trois ans et une clause
antigrève – celle-ci s’est faite discrète.
Et pour cause : elle savait que
beaucoup de ses salariés, qu’ils aient fait grève ou pas pour réclamer 6 % de
hausse de salaire, rejetaient ses propositions.
Depuis plus de trois mois, son
PDG pleure misère malgré plus de deux milliards de bénéfices, tout en cachant
que son conseil d’administration s’est augmenté de 28 %. Il a prétendu qu’il
comprenait le personnel, mais ne pouvait lui accorder que 1 %. Puis, aidé en
cela par les grèves, il a « découvert » que ce qu’il disait être un maximum
pouvait doubler. Mais cela ne faisait toujours pas le compte. Il a alors
cherché, sans succès, à faire avaliser ses propositions par des membres de
l’intersyndicale. Et quand il a déclaré « C’est ça ou je démissionne »,
cela n’a pas ému grand monde.
Air France est un des premiers
annonceurs publicitaires du pays et les médias, déjà rarement favorables aux
grèves, n’ont rien à lui refuser. Alors, depuis des jours, on entend des
chroniqueurs expliquer à tour de rôle que les grévistes d’Air France menacent
sa survie, que le moment est mal choisi pour faire grève. La direction de la
compagnie ne dit pas autre chose. Là, elle le fait dire par d’autres, ce qui
peut pousser des salariés hésitants dans le sens qu’elle veut. Cela s’ajoute
aux pressions qu’exerce sa hiérarchie.
Si cela ne suffit pas, il reste
la division. Depuis des semaines, journalistes et commentateurs jouent des
catégories de personnel les unes contre les autres, en ciblant les pilotes,
qu’ils présentent comme des privilégiés du fait de leurs salaires.
Sur ce terrain, Air France a reçu
le renfort de la CGC, à laquelle adhère une partie du haut encadrement, et de
la CFDT, qui multiplie les tracts contre les pilotes, mais sans que ses
militants se hasardent trop à les diffuser dans les ateliers, de crainte de se
faire prendre à partie.
Quel que soit le résultat de ce
référendum, une chose est certaine : des mécanos-avions aux hôtesses, des bagagistes
aux pilotes et aux employés du fret, les raisons de réclamer 6 % de rattrapage
salarial n’auront pas changé. Ni le moyen de les obtenir : la grève !
Correspondant LO (Lutte ouvrière n°2596)