Catalogne
: le piège du nationalisme
Les élections régionales qui
doivent avoir lieu le 21 décembre en Catalogne constituent un nouvel épisode du
conflit qui oppose depuis des années les partisans de l’indépendance de cette
région et l’État central espagnol.
Ce conflit s’est aggravé depuis
l’organisation par le gouvernement régional catalan d’un référendum le 1er
octobre dernier, consultation qui a été suivie de la proclamation d’une
république indépendante catalane.
En face, le Premier ministre
espagnol de droite Rajoy, qui avait interdit le référendum et envoyé en
Catalogne des policiers et des gardes anti-émeutes, avait placé les
institutions locales de Catalogne sous la tutelle de l’État central. Les
élections organisées cette semaine doivent renouveler le parlement catalan qui
a été dissous.
Mais quel que soit le résultat,
la classe ouvrière, celle de Catalogne comme celle des autres régions, ne
pourra compter que sur ses propres luttes pour défendre ses intérêts contre les
classes possédantes qui exercent la réalité du pouvoir dans toute l’Espagne.
La lutte entre les nationalistes
catalans et le gouvernement espagnol pour le contrôle d’une partie des
institutions de l’État oppose des politiciens et des partis aussi
réactionnaires et aussi anti-ouvriers les uns que les autres.
Tous les gouvernements espagnols,
étiquetés socialistes ou de droite, n’ont cessé de s’attaquer aux droits et aux
conditions de vie des travailleurs et des classes populaires pour permettre aux
grandes banques et aux grandes entreprises d’augmenter leurs profits. Partout
en Espagne, depuis la crise de 2008, les travailleurs subissent les
licenciements, la précarité, et des millions d’entre eux sont condamnés au
chômage et aux emplois à temps partiel sous-payés.
Pour tenter d’obtenir le soutien
de la population face au gouvernement espagnol, les nationalistes prétendent
qu’une Catalogne indépendante se montrerait plus soucieuse des intérêts de sa
population. C’est un mensonge ! À la tête du gouvernement régional, les
dirigeants indépendantistes ont eux aussi mené une politique d’austérité visant
à faire payer la crise aux travailleurs.
En réalité, ces mouvements
cherchent à se hisser au pouvoir en s’appuyant sur une couche de notables et de
possédants qui, en Catalogne, aspirent à profiter des ressources locales sans
avoir à les partager avec les classes dirigeantes du reste du pays.
Pour les travailleurs, le
nationalisme constitue une impasse et un piège. Il divise une classe ouvrière
qui, dans cette région, est constituée de femmes et d’hommes originaires depuis
des décennies de Catalogne et d’autres régions d’Espagne, et plus récemment du
Maghreb et d’Afrique. Il dresse les uns contre les autres des travailleurs qui
vivent dans les mêmes villes et les mêmes quartiers et travaillent dans les
mêmes entreprises.
Le nationalisme catalan alimente
en réaction le nationalisme espagnol et permet ainsi aux courants les plus à
droite d’élargir leur audience dans le reste du pays. Le gouvernement Rajoy qui
s’était déconsidéré trouve une occasion de regagner un soutien en apparaissant
comme le défenseur de l’unité nationale face au séparatisme catalan.
Des deux côtés, le nationalisme
est utilisé par les politiciens pour se servir des populations comme d’une masse
de manœuvres dans leur lutte pour le pouvoir.
Il y a bien des raisons de se
sentir concerné, ici en France, par ce que vivent en ce moment les travailleurs
d’Espagne, et pas seulement du fait de la proximité géographique et des liens
étroits créés par l’immigration.
Ici aussi, en France, depuis des
années, nous subissons la crise, les licenciements, le chômage, la montée de la
pauvreté et le recul des droits sociaux. Et, comme en Espagne, il ne manque pas
de partis et de démagogues utilisant le nationalisme afin de nous diviser et
nous détourner de la lutte contre les vrais responsables de la crise, les
capitalistes et les gouvernements à leur service.
La classe ouvrière est
internationale. Ici même, en France, elle est constituée de femmes et d’hommes
originaires des quatre coins du monde. Les travailleurs ne peuvent défendre
leur droit à vivre dignement face à leurs exploiteurs qu’en étant unis et
solidaires. Quelles que soient leurs origines et leur nationalité, ils ont
partout les mêmes intérêts et une lutte commune à mener pour parvenir à bâtir
un monde débarrassé des frontières et de l’exploitation.