vendredi 1 décembre 2017

Révolution russe de 1917 : la Révolution au fil des semaines (42)


Contrôle ouvrier et expropriations 

Dans les semaines qui suivirent la révolution d’Octobre, la classe ouvrière prit en main le contrôle des usines. Puis rapidement, devant le sabotage de la production par la bourgeoisie, vinrent les expropriations, réalisées par les travailleurs eux-mêmes. Le pouvoir confirma ces initiatives. Il organisa aussi la nationalisation des banques et leur fusion en un système bancaire public unique. Jour après jour, les points d’appui des anciennes classes dominantes étaient détruits et remplacés par les fondements d’une organisation sociale nouvelle. Voici un extrait du livre L’An I de la révolution russe de Victor Serge sur le sujet :
« Le programme économique des bolcheviks comportait le contrôle ouvrier de la production et la nationalisation des banques. Le décret instituant le contrôle ouvrier de la production fut rendu dès le 14 novembre. Il légalisait l’ingérence des ouvriers dans la gestion des entreprises, les décisions des organes de contrôle étant obligatoires et le secret commercial aboli. (…) Par l’exercice du contrôle, la classe ouvrière eût appris à diriger l’industrie ; par la nationalisation des établissements financiers et la maîtrise du crédit, elle eût récupéré, au profit de l’État, une partie des bénéfices prélevés par le capital sur le travail, diminuant d’autant l’exploitation. (…) Cet acheminement raisonné vers le socialisme ne pouvait pas être du goût du patronat. (…)
Le sabotage de la production par les patrons entraînait l’expropriation par voie de représailles. Quand le patron arrêtait le travail, les ouvriers remettaient eux-mêmes, à leur propre compte, l’établissement en activité. (…)
Les autorités soviétiques entreprirent un peu partout de réquisitionner les stocks de vivres des commerçants, les vêtements chauds, les chaussures, la literie des riches. Les visites domiciliaires se suivirent. Les impôts ne rentraient pas ; les autorités locales imposèrent – toujours de leur propre initiative et pour leurs propres besoins – des contributions à la population aisée. (…) À Ivanovo-Voznessenk, les ouvriers nationalisent, à la suite du sabotage patronal, deux manufactures textiles. Dans le gouvernement de Nijni-Novgorod, diverses entreprises sont nationalisées, les patrons ne voulant plus diriger la production. Dans le gouvernement de Koursk, les raffineries de sucre, les tramways, une fabrique de cuir, plusieurs ateliers mécaniques passent, pour des raisons analogues, entre les mains des ouvriers. Dans le bassin du Donietz, les directeurs des mines se joignent aux Blancs. Les ouvriers de soixante-douze mines constituent un Conseil de l’économie qui assume la gestion des entreprises. (…)
Le Conseil supérieur de l’économie nationale fut créé le 5 décembre pour coordonner l’action de tous les organes locaux ou centraux régissant ou contrôlant la production (…). Mais, dans la période que nous étudions, l’autorité locale est, en somme, la seule qui compte. (…)

L’expropriation des banques

La nationalisation des banques, rendue nécessaire par la résistance des établissements financiers au contrôle, par leur refus de collaborer avec le pouvoir prolétarien, par leur rôle dans le sabotage de la vie économique, fut l’une des plus grandes initiatives prises avant la réunion de la Constituante. Le décret érigeant la banque en monopole d’État parut le 14 décembre.
Toutes les banques privées fusionnaient avec la Banque d’État. Les intérêts des petits déposants seraient entièrement sauvegardés. Un second décret prescrivait, sous peine de confiscation, l’inventaire des coffres-forts appartenant aux particuliers. L’or monnayé ou en ligot devait être réquisitionné et tous les fonds placés en comptes courants à la Banque d’État. Les gardes rouges occupèrent les banques ; les directeurs récalcitrants furent coffrés. (…)
La nationalisation des banques suscita le jour même, à l’Exécutif panrusse des soviets, un débat entre Lénine et un menchevik de la fraction internationaliste. Ce dernier (d’accord sur le principe) souligna la complexité et la gravité des questions financières. (…)
“Vous nous parlez, dit Lénine, de la complexité de la question, et ce sont des vérités premières connues de tous. Si elles ne servent qu’à entraver les initiatives socialistes, celui qui les emploie n’est qu’un démagogue (…). Vous acceptez en principe la dictature du prolétariat, mais quand on l’appelle par son nom en langue russe, quand on parle d’une poigne de fer, vous invoquez la fragilité et la complexité des choses.” »

jeudi 30 novembre 2017

Ordonnances Macron, représentation ouvrière peau de chagrin, un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière à paraître


Ordonnances Macron : représentation ouvrière peau de chagrin

Les cinq ordonnances qui mettent en pièces le Code du travail ont été ratifiées par l’Assemblée le 28 novembre, à la grande satisfaction du patronat.


La réforme Macron débarrasse en effet les propriétaires, actionnaires et dirigeants des entreprises d’obligations en matière de droits et protections des salariés résultant de décennies de luttes ouvrières.
Sous prétexte de « lever les freins à l’embauche », ce gouvernement facilite les procédures de licenciement, il sabre dans les indemnités auxquelles un salarié peut prétendre en cas de licenciement abusif. Quant aux accords de branche qui fixaient un cadre minimum de conditions de travail, de rémunération, etc., pour tous les salariés d’un secteur donné, ils s’effacent. Ce qui prime désormais, ce sont les accords d’entreprise, un terrain sur lequel chaque patron est plus en mesure d’imposer sa loi. En invoquant la démocratie, il pourra organiser des référendums où, usant du chantage à l’emploi par exemple, il pourra forcer ses salariés à approuver toutes sortes de reculs, même ceux que la loi aurait interdits jusqu’alors.
Cette attaque généralisée, qu’avec son cynisme habituel le gouvernement appelle « une avancée sociale majeure », ne se limite pas à cela. Au nom du dialogue social, le gouvernement a entrepris de changer le caractère de la représentation des travailleurs dans les entreprises.
Pour ce faire, il fusionne en un comité social et économique (CSE) les instances des délégués du personnel, au comité d’entreprise et au CHSCT (comité hygiène et sécurité-conditions de travail), en réduisant fortement au passage le nombre des élus des travailleurs et en bornant à trois mandats successifs la possibilité d’être délégué.
Il s’agit d’abord de réduire la représentation du personnel. Ensuite, du fait de la limitation du nombre et de la durée des mandats, d’accentuer la concurrence entre les syndicats et, au sein de chaque syndicat, entre les syndiqués qui pourront obtenir un mandat. Et puisqu’il faudra trancher plus qu’avant entre d’éventuels candidats, les instances syndicales seront d’autant plus incitées à choisir des délégués à leur image et à écarter des travailleurs trop proches de leurs camarades de travail ou trop combatifs à leur goût.
Car les délégués, version Macron, cumuleront les décharges syndicales, qui tendront à en faire des élus coupés des travailleurs du rang, dont l’activité au sein des CSE consistera plus à « comprendre les enjeux » économiques, en clair les intérêts du patronat, qu’à préparer des luttes sociales.
C’est ce que veulent Macron, Philippe et Pénicaud, quand ils disent souhaiter que se forment des spécialistes syndicaux de la gestion économique et sociale.
Depuis longtemps, les gouvernements ont tous cherché à canaliser la représentation des salariés, à la soustraire au contrôle de leur base. Ils en ont fait un quasi-monopole d’appareils qui jouent le jeu du partenariat avec le patronat, de la responsabilité dans les comités d’entreprise et diverses instances paritaires, qui font du syndicalisme de proposition, et non pas de contestation, adapté au système capitaliste et intégré à ses rouages de différents niveaux.
Il n’est donc pas exclu que, sur ce terrain, le gouvernement et le grand patronat trouvent l’oreille des directions syndicales, quitte à leur promettre, comme dans certaines grandes entreprises, des aménagements à la réduction du nombre de postes de délégués. Cela expliquerait en tout cas pourquoi les directions des syndicats gardent en grande partie le silence sur cette question.
Qu’elles finissent par s’adapter ou pas à cette réforme, nombre de militants syndicaux en feront les frais, et, à travers eux, ce sont des millions de salariés qui sont visés. Le patronat et le gouvernement placent leurs espoirs dans une représentation des personnels plus réduite, plus institutionnalisée, moins contestataire de l’ordre établi. Mais c’est l’exploitation patronale et ses conséquences dramatiques qui pousseront les travailleurs à retrouver le chemin de la lutte pour leurs intérêts de classe, y compris avec des militants qui n’auront pas forcément de mandats officiels reconnus.

                                                    Pierre LAFFITTE (Lutte ouvrière n°2574)

Argenteuil : Impressionnisme et « projet Héloïse » ? Incompatibles





Jean Vilar Impression Soleil levant

                                                                                   

Lors du dernier Conseil Economique d’Argenteuil, l’adjoint-au-maire en charge du « développement économique » annonçait qu’« un circuit patrimonial sur la thématique des Impressionnistes va être constitué ».


         Il serait effectivement temps, et comme nous ne sommes pas chien, nous lui transmettons de quoi alimenter rapidement sa réflexion :
         Et comme nous ne sommes pas doublement chien, nous lui donnons quelques idées : pour ce circuit, d’abord la maison Monet, ensuite le bâtiment du vieil hôpital qui n’a pas dû laisser indifférent le peintre, puis découverte de la Seine du côté du ponton de l’aviron, puis halte devant les arbres qu’il a connus dans ce qui est aujourd’hui l’espace Jean Vilar, puis le boulevard Héloïse immortalisé par Sisley, puis arrivée place de la Basilique qui n’a guère changé depuis les années 1870. Arrêt à l’Imagerie pour un diaporama, puis on file vers le site « Héloïse » restauré où un vin chaud est servi aux marcheurs culturels.
         Bien évidemment, cela nécessite quelques aménagements des berges, et avant tout l’abandon du vilain projet « pôle loisirs ».



Macron : d’Ouagadougou à Argenteuil par exemple


Une bonne leçon


"Messieurs, Mesdames, un peu de calme..."
Une vidéo circule sur les réseaux sociaux à propos de la rencontre de Macron avec des étudiants du Burkina Faso. Le constat, son incapacité à maîtriser l’échange qui a abouti à un sacré chahut.
         Pour une fois, ce monsieur s’est retrouvé dans la situation d’un enseignant confronté à une classe aux effectifs surchargés et à des élèves qu’il n’est pas facile de maîtriser. Ce jour-là, il a eu affaire à des étudiants, mais on peut aussi l’imaginer se retrouvant face à des collégiens ou à des lycéens, d’Argenteuil par exemple.
         A sa tête et à son attitude dubitative, il a en tout cas donné la preuve qu’il n’avait vraiment pas l’habitude de ce genre de situation que vivent ici bien des élèves et bien des enseignants.

Société générale : profits espérés, effectifs diminués


Société générale : les salariés n'ont pas à payer la facture


Pour les banques, le ciel reste bleu
En 2016, la Société générale avait annoncé 2 550 suppressions de postes et la fermeture de dizaines d'agences ouvertes aux particuliers à l'horizon 2020. Elle vient d'ajouter 900 nouveaux postes à supprimer et la fermeture de plus d'une centaine d'agences supplémentaires. En 2016, la banque avait réalisé 3,87 milliards de bénéfices. Cette année, les résultats financiers s'annoncent en recul, entre autres pour cause d'amendes payées par la Société générale ou suite à la vente d'activités à l'étranger.
Pour faire remonter le cours des actions à la Bourse de Paris, la direction taille à la hache dans les effectifs. C'est leurs profits ou notre vie.

Glyphosate, cancérigène probable ou possible ? Mais si la rentabilité est là…


Glyphosate : cancérogène probable ou possible, mais rentabilité certaine

Énième épisode d’un feuilleton, le 27 novembre l’Union européenne s’est prononcée pour la prolongation pendant cinq ans de l’autorisation à la vente du glyphosate dans les pays européens.

Mis sur le marché dans les années 1960 sous le nom de Roundup par la firme Monsanto, cet herbicide total entre depuis dans la composition de nombreux pesticides, au point d’être aujourd’hui le plus vendu au monde. Il faut dire qu’il est redoutablement efficace. En effet, après son épandage, le sol est nettoyé, aucune herbe n’y grandit sauf les pousses issues de semences résistantes au glyphosate. Et, cerise sur le gâteau, ces semences se trouvent être produites et vendues par… les mêmes firmes que celles qui vendent l’herbicide. De quoi engendrer bien des appétits de la part des Monsanto et compagnie, bien des pressions auprès des décisionnaires afin de continuer à prospérer de la vente de l’herbicide.

Voilà maintenant des dizaines d’années que la sonnette d’alarme est tirée concernant la dangerosité du glyphosate. C’est en effet en 1985 que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait classé cette substance dans la catégorie des cancérogènes « possibles ». Depuis, nombre d’études, d’expertises et de contre-expertises ont été conduites, faisant balancer le glyphosate du statut de cancérogène « possible » à celui de « probable » ; c’est-à-dire – seule chose qui intéresse les industriels – de substance pouvant rester sur le marché à celle de produit interdit.

Une énième expertise a ainsi démarré il y a deux ans. C’est peu de dire que les industriels y ont pesé de tout leur poids. Il y a un peu plus d’un mois, la presse révélait le scandale des « Monsanto papers » : des dizaines de pages du rapport d’expertise étaient constituées d’un simple copier-coller de publications de Monsanto, qui s’opposaient bien sûr aux effets nocifs du glyphosate.

Finalement, le 27 novembre, la balance a penché en faveur d’une continuation de l’autorisation pour encore cinq ans dans les pays européens. Il fallait pour cela une majorité de 55 % des États et représentant au moins 65 % de la population européenne. C’est chose faite, d’autant que l’Allemagne a finalement voté pour l’autorisation alors qu’on présageait son abstention. Certains y voient l’expression des luttes politiques liées au résultat des récentes élections et d’autres, ou les mêmes, l’effet du projet de rachat de Monsanto par la firme allemande Bayer.

La France, elle, a voté contre l’autorisation. Alors, aujourd’hui, Macron joue les gros bras, jurant que tout sera fait pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France au plus tard dans trois ans. Des bobards qui doivent faire sourire les industriels.

En attendant, si les effets délétères du glyphosate resteront « possibles » ou « probables », les rentrées financières, elles, continueront avec certitude.

                                            Sophie GARGAN (Lutte ouvrière n°2574)

mercredi 29 novembre 2017

Argenteuil Education Lycées, quand les cadres quittent en pleine mer le navire


Ville maudite pour les lycées ?

L’an passé, en décembre, le proviseur du lycée Georges Braque annonçait qu’il quittait la direction de son établissement le mois suivant, pour une mission dans un ministère. Rebelote cette année, cette année, mais cette fois dans un autre lycée d’Argenteuil, Jean-Jaurès cette fois, qui connaît pourtant actuellement des difficultés importantes liées à l’augmentation d’effectifs passés de 1200 à 1600 élèves ! Le proviseur arrivé pourtant en septembre va partir en janvier également vers une autre fonction.
         Pour le rectorat de Versailles drôle de façon de faire fonctionner correctement des établissements populaires qui auraient besoin de stabilité et d’une augmentation de tous les effectifs de personnels accompagnant les élèves, des surveillants aux personnels de direction !

Oui, on comprend

Pelouse synthétique des stades de football : l’inquiétude


Alerte !


Vendredi dernier, nous écrivions sur le présent blog :

« Une très mauvaise nouvelle

Les travailleurs du service des sports d’Argenteuil et les joueurs de football qui sont au courant sont inquiets.
         La presse commence à dévoiler une affaire sanitaire concernant les terrains synthétiques de foot, suite à l’article du magazine So Foot de novembre. Les interrogations ne datent pourtant pas d’hier, puisque des chercheurs américains alertaient depuis des années sur la présence de plus de 190 substances toxiques ou cancérogènes dans les pelouses synthétiques. Les pelouses en question sont renforcées de granulats ayant l’aspect de petites billes noires qui sont issus de pneus recyclés et composés en conséquence de substances toxiques, ce qui est vrai pour l’herbe synthétique elle-même. (Voir article de Wikipédia :
         Ces pelouses synthétiques concerneraient moins de 10% des terrains de football officiellement recensés dans le pays.
         Mais qu’en est-il à Argenteuil ? Quels sont les terrains concernés ?
         En tout cas, une affaire sérieuse qui exige immédiatement une étude approfondie et des réponses. »
Pour répondre aux questions que nous posions, nous nous sommes renseignés auprès des utilisateurs des stades de football de la Ville. Sans que la liste en soit exhaustive et sans tenir comptes des mini stades, les stades synthétiques qui utilisent ce genre de granulat sont au nombre de quatre, un à Jaurès, un au Marais, et deux autres au Coudray.
         Bien évidemment, la situation n’est pas propre à Argenteuil, puisque 10% des stades de foot du pays seraient concernés, le cinquième de ceux-ci en Ile de France, et la moitié de ceux de la Capitale.
Voir également information BFMTV Santé
http://www.bfmtv.com/sante/ile-de-france-les-ecologistes-veulent-arreter-de-subventionner-les-terrains-synthetiques-1313516.html