« Sainte colère » et « Sainte tunique »
Que des chrétiens vénèrent des
reliques, c’est leur affaire. Qu’ils considèrent qu’un tricot de bien des
siècles postérieurs à l’époque supposée du personnage central de leur religion,
est le « Sainte-Tunique » de ce dernier, c’est encore totalement leur
affaire. Qu’ils organisent une quinzaine de jours de pèlerinage sur la
question, pourquoi s’en inquiéter ? Que cela ait des conséquences sur l’espace
public, on peut l’accepter, dans une certaine mesure, si cela est à égalité
avec l’expression des autres opinions. Mais dans une certaine mesure seulement,
bien évidemment. Mais justement, ce n’est pas ce qui se dessine à propos de ce
que l’évêché de Pontoise organise durant les derniers jours de mars et le début
avril, et avec la bénédiction du maire d’Argenteuil.
Celui-ci
vient d’annoncer aux représentants des commerçants du marché Héloïse qu’il
envisageait avec le préfet du Val d’Oise de supprimer ce grand marché populaire
traditionnellement si important dans la vie locale, deux dimanches consécutifs,
les 27 mars et 3 avril. Il s’agirait d’assurer la sécurité et le transit de
milliers de pèlerins venus en car attendus ces jours-là !
Pour
les commerçants, pour les clients de ce marché, cette perspective est bien sût
totalement ni envisageable ni acceptable.
Mécréant
que nous sommes, nous ne sommes pas chien pour autant et nous allons donner
notre petite contribution pour la solution du problème. Le préfet du Val d’Oise
et les maires d’Argenteuil ont su dans le passé récent fermer la voie sur
berge. Elle pourrait très bien, par exemple, servir de parking pour un nombre
très important de cars. C’est un exemple, mais la commune n’est pas une petite
localité qui ne présenterait que peu de solutions d’aménagement
conjoncturelles.
Mais
les justifications avancées pour ce qui est envisagé sont-elles les raisons
profondes de nos décideurs ?
Ce
ne serait tout de même pas l’idée que puisse se côtoyer, d’une part des pèlerins
plutôt venus des beaux quartiers et des bonnes villes, et d’autre part, les
milieux populaires qui assurent l’essentiel de la clientèle du marché Héloïse,
qui est au cœur de l’inenvisageable envisagé par l’édile et les autorités
préfectorales ? DM