vendredi 15 janvier 2016

Argenteuil : la culture, celle des salades ?



Salades et navets façon « l’Argenteuillais »

Selon l’Argenteuillais, la feuille locale d’information (qui en janvier ne paraîtra qu’une seule fois), l’année 2016 a été proclamée « année internationale des légumineuses par les Nations unies". Très intéressant.
         L’Argenteuillais donc, dans sa parution de cette semaine, annonce un premier calendrier de rendez-vous importants selon lui. Il n’a guère creusé la question, puisqu’il a totalement oublié l’importante manifestation culturelle, et la seule en son genre sur la Ville, le Salon du livre et des lecteurs, 4ème édition, qui aura lieu le 14 février prochain dans le complexe Jean Vilar.
         En revanche, ce calendrier insiste sur le fait que du 25 mars au 10 avril prochain il y aura l’ « ostentation » de la Sainte-Tunique d’Argenteuil, au sein de la basilique Saint-Denys. Un évènement pour les chrétiens, qui voient en ce vêtement porté celui porté par le Christ lors de son chemin de croix… ».
         Voilà le genre de fable colportée par le journal municipal. Fable que nombre de chrétiens eux-mêmes considèrent comme telle.
         Alors, pas de nouvelles plus sérieuses à diffuser ?

Allemagne, après les agressions, l'extrême-droite à l'offensive



Allemagne : après les agressions, l’extrême droite à l’offensive

La nuit de la Saint-Sylvestre a donné lieu à Cologne, Hambourg et dans d’autres villes allemandes à des agressions, en particulier contre des femmes. Plus de 500 plaintes ont été déposées à Cologne pour vols, violences et agressions sexuelles commis sur la grande place du centre-ville devant la cathédrale et jusque dans la gare centrale.
Des groupes de vingt à trente hommes, apparemment organisés et fortement alcoolisés, après avoir lancé des bouteilles sur la police et projeté des feux d’artifice sur la foule, s’en sont pris surtout à des femmes, les isolant pour les dépouiller, leur voler leurs téléphones portables et les agresser physiquement ou sexuellement. Parmi les suspects interpellés le soir même par la police se trouvaient des demandeurs d’asile syriens ou irakiens, des migrants sans papiers d’Afrique du Nord, mais aussi un Américain et plusieurs Allemands.
L’extrême droite s’est immédiatement saisie de l’émotion en faveur des victimes pour relancer sa campagne contre les migrants et la politique jugée trop généreuse du gouvernement envers eux. Elle s’en est prise d’abord à la police, l’accusant de passivité et même de cacher l’origine des agresseurs, ce qui a abouti à la mise en retraite anticipée du chef de la police de Cologne. Très vite, la campagne de l’extrême droite a cherché à présenter les migrants comme des dangers publics. Le porte-parole du parti d’extrême droite AfD a déclaré : « Les migrants (…) sont très dangereux et démontrent leur absence de volonté d’intégration », tandis que le mouvement islamophobe et xénophobe Pegida appelait à une manifestation contre la politique d’accueil des réfugiés du gouvernement Merkel, manifestation qui n’a en fait rassemblé que 1 700 personnes à Cologne samedi 9 janvier.
Une contre-manifestation avait lieu au même moment, dénonçant l’amalgame fait entre criminalité et arrivée des migrants, aux cris de « Les réfugiés sont les bienvenus » et « Nazis dehors ! ». Quelques heures plus tôt, des centaines de femmes s’étaient rassemblées sur les marches de la cathédrale de Cologne pour protester contre les violences faites aux femmes, mais pas seulement au cours de la nuit du Nouvel An : « Non à la violence contre les femmes, que ce soit à Cologne, à la fête de la bière ou dans la chambre à coucher. »
Mais c’est pourtant bien toute la politique d’accueil des migrants d’Angela Merkel qui est aujourd’hui mise en cause, et de plus en plus ouvertement, au sein de son propre parti la CDU, ainsi que par ses alliés du Parti social-démocrate (SPD) dans la coalition gouvernementale. Alors que l’Allemagne a accueilli 1,1 million de réfugiés en 2015, que 3 000 à 4 000 nouveaux arrivants ont encore franchi la frontière chaque jour depuis le 1er janvier, les réfugiés restaient largement perçus comme des victimes, non seulement de la guerre au Moyen-Orient mais aussi des agressions de l’extrême droite à leur arrivée. Ils échappaient jusqu’à maintenant aux amalgames entre migrants et terroristes si largement répandus par les politiciens en France. Ils sont désormais l’objet de toutes les critiques.
La CDU, parti de la chancelière, déjà ouvertement critique de sa politique d’accueil, réclame désormais la multiplication des contrôles d’identité et des caméras de surveillance. Angela Merkel, qui avait rejeté les demandes répétées des ténors de son parti de limiter le nombre de réfugiés à accueillir en 2016, a dû faire des concessions. Après avoir condamné des « faits criminels répugnants », elle a accepté d’envisager le durcissement de la loi sur le refus du droit d’asile pour tout demandeur condamné à une peine, même avec sursis, au lieu de trois ans de prison ferme aujourd’hui. Pour ne pas être en reste, le président du SPD, Sigmar Gabriel, en a rajouté, déclarant que toutes les possibilités du droit international devaient être utilisées pour « renvoyer les demandeurs d’asile criminels dans leurs pays d’origine ».
Les actes crapuleux auxquels une part infime de migrants a pu participer deviennent le prétexte pour lequel plus d’un million d’entre eux, et des centaines de milliers marchant vers l’Allemagne, risquent de voir leur situation s’aggraver et de subir des violences, comme les six Pakistanais violemment agressés à Cologne par des inconnus dans la nuit de dimanche 10 à lundi 11 janvier. La pression des courants les plus réactionnaires semble en passe de provoquer un durcissement de la politique d’accueil en Allemagne, seule puissance occidentale qui jusqu’à présent a accueilli un peu largement les migrants victimes des guerres du Moyen-Orient et d’ailleurs.
                                                           Gilles BOTI

jeudi 14 janvier 2016

Goodyear, une condamnation scandaleuse. un article de notre hebdomadaire Lutte ouvrière, en vente dans les librairies et les kiosques, auprès des militants, et lors de notre permanence du vendredi à 17 heures 15 "carrefour Babou" à Argenteuil



Goodyear : une condamnation scandaleuse

Deux ans après les faits, le tribunal correctionnel d’Amiens a condamné huit ex-salariés de l’entreprise Goodyear de la ville à 24 mois de prison dont neuf fermes. Ils étaient jugés pour avoir retenu dans l’usine le directeur de la production, ainsi que le DRH de l’usine, pendant trente heures, les 6 et 7 janvier 2014. Le 6, les deux hauts cadres avaient organisé une réunion et annoncé le démantèlement à court terme de l’usine de pneumatiques, et la perte de leur gagne pain pour les 1 143 salariés de l’entreprise – et donc pour de nombreux autres dépendant des entreprises sous-traitantes.
Aujourd’hui la majorité des ouvriers n’a pas retrouvé de travail. Mais cette violence là n’est pas condamnable pour le gouvernement et la justice.
Avoir retenu dans les locaux de l’usine une nuit ceux qui venaient leur annoncer avec cynisme, après leur avoir fait miroiter pendant des années des solutions, qu’ils étaient jetés à la rue, c’est cela qui serait criminel. « Ceux qui sont responsables de la perte de milliers d’emplois ne sont pas jugés », dénoncent les ouvriers condamnés.
Qui plus est, les deux cadres avaient immédiatement renoncé à des poursuites et les patrons de Goodyear eux-mêmes avaient retiré leur plainte en application de l’accord de fin de conflit signé avec les syndicats. C’est le ministère public – et derrière lui le gouvernement – qui a décidé de maintenir les poursuites et de réclamer de lourdes peines. Le procureur d’Amiens avait argumenté, prétendant ne pas « tolérer, dans un État de droit, même dans un tel contexte social difficile », que les salariés se rendent « justice eux-mêmes ».
Il y a deux ans, lors des faits, le responsable de la CGT Mickael Wamen dénonçait « l’ensemble des pouvoirs de l’État à la disposition de Goodyear ». Les CRS sont durement intervenus lors des manifestations tandis que ses politiciens ont fait de fausses promesses destinées à lanterner les travailleurs. Arnaud Montebourg qui, après avoir promis sur le parking de l’usine avant les élections présidentielles, « l’interdiction des licenciements boursiers », exhortait, une fois ministre, les ouvriers en lutte et la CGT à « mettre de l’eau dans son vin ». Les politiciens socialistes locaux, journalistes, autres syndicalistes ont pendant des années dénoncé la section locale de la CGT, en lui faisant endosser la responsabilité des licenciements, due selon eux à son intransigeance.
En réalité, ce sont les années de mobilisation des 1 143 salariés que l’État entend lourdement sanctionner dans ce procès, une mobilisation de la presque totalité des salariés qui fut opiniâtre et vigoureuse. Depuis 2007, la direction a cherché en vain à imposer une réorganisation du travail et des plans de licenciements. Une succession de coups de colère, de grèves ponctuelles mais quasi totales avaient à chaque fois incité la direction à de prudentes retraites. Puis après l’annonce de la fermeture les actions des ouvriers s’étaient multipliées. Leur volonté de ne pas baisser la tête face aux licenciements a marqué les esprits dans la région et au-delà. C’est cela que les patrons par l’intermédiaire de l’État veulent faire payer aux ouvriers de Goodyear.
                                                         
                                                                        Correspondant LO