RATP - bus : une grève largement suivie
Mercredi 18 novembre, une grève des
conducteurs de bus RATP de la région parisienne a très fortement perturbé le
trafic sur la quasi-totalité des lignes.
La
grève avait été appelée, à l’origine, par quatre syndicats : CGT, UNSA, FO et
SUD. Mais le drame du 13 novembre l’avait remise en question. Le 14 novembre,
le communiqué d’un responsable, le secrétaire général de l’union des syndicats
CGT-RATP, annonçait la levée du préavis de grève, car, d’après lui, « l’heure
(était) à l’unité nationale ». Sous ce prétexte il aurait
fallu tout arrêter et renoncer à exprimer la colère des machinistes. L’annonce
de l’annulation de toute manifestation et du rassemblement des grévistes prévu
à la direction de la RATP allait dans le même sens.
D’eux-mêmes,
des machinistes émus et touchés par la tuerie se posaient des questions et
hésitaient sur le fait de faire ou de ne pas faire grève. Mais le
mécontentement est tel dans les 23 dépôts de l’Île-de-France que la volonté
d’en découdre avec la direction de la RATP a été plus forte.
Devant les remontées venant de tous les
dépôts qui voulaient y « aller », et qui considéraient que se mettre en grève
ce jour-là ne serait pas faire preuve d’indifférence ou de mépris envers les
victimes des attentats, le préavis de grève a finalement été maintenu par la
CGT, SUD et FO.
Déjà le 15 octobre une grève avait été
massivement suivie à près de 90 % au dépôt de Thiais. Ce succès témoignait de
la colère des travailleurs qui ne supportent plus la dégradation de leurs
conditions de travail. Même si leur directrice osait dire qu’ils sont en
sureffectif, le manque de personnel est réel et chaque jour il manque des bus
sur des lignes.
Les
temps de parcours sont infaisables, les bus toujours en retard, et les
passagers excédés par les attentes et les bus bondés ou mis en service partiel.
La suppression de 250 postes à la régulation amène une irrégularité du service
sans précédent. Tout cela a fait que la grève a été un succès.
Une
autre grève avait eu lieu à la fin du mois d’octobre au dépôt de
Bagneux-Montrouge suivie, elle, à 35 %. Il s’agissait de défendre un machiniste
menacé de licenciement pour une prétendue faute, alors qu’on lui avait craché
dessus. Des problèmes de circulation, les sanctions qui en découlent, le
flicage, les licenciements, ont fini par exaspérer les conducteurs de bus, qui
ont obligé la direction à revenir sur le licenciement. Mais notre camarade a eu
tout de même deux mois de mise à pied sans salaire.
Ces
deux grèves ont été vécues comme des succès, surtout celle de Thiais. Très vite
l’information a circulé que les machinistes de ce dépôt étaient décidés à
remettre cela, convaincus qu’une journée de grève dans un seul dépôt ne
pourrait pas faire reculer la RATP et son donneur d’ordres, le STIF.
La
direction a usé de tous les stratagèmes pour casser le dernier mouvement, celui
du 18 novembre. Elle a fait afficher dans les terminus et les dépôts de bus le
premier communiqué CGT sur la levée du préavis, et a menacé d’absence illégale
ceux qui seraient grévistes. On n’avait jamais vu la direction imprimer autant
de fois un communiqué CGT.
Malgré ces manœuvres, les conducteurs de
bus ont été nombreux à être en grève dans les 23 dépôts. Ils ont montré qu’ils
entendaient bien se faire entendre, et que « l’union nationale » ne les ferait
pas taire.
Correspondant LO