Loi
Macron et autres attaques du gouvernement : une offensive radicale contre
le monde du travail
Interrogé sur Europe
1 mardi 27 janvier, Macron, le ministre de l'Économie de Hollande, a
déclaré que sa loi, en discussion à l'Assemblée nationale, était
« historique ». Rien de moins !
Ce qui
est certain, c'est qu'elle remet en cause le principe de base d'une des
premières conquêtes du mouvement ouvrier, au 19e siècle, celle
d'imposer que le contrat de travail qui lie le salarié à son employeur ne soit
pas considéré comme un simple contrat commercial et s'accompagne de droits
particuliers pour les travailleurs. Ce n'est qu'à partir de là que s'est
construit depuis plus de cent ans, au travers des luttes ouvrières, le droit du
travail. Et c'est à cela que s'attaque Macron. C'est donc un recul considérable
qu'il veut imposer.
L'importance
et le caractère général de cette attaque en cours, qui va, comme déjà annoncé,
avoir des suites dans les mois à venir, n'ont entraîné quasiment aucune
réaction de la part des dirigeants des confédérations syndicales : ni
alerte générale, ni mobilisation, ni même la simple information et mise en
perspective de ce qui se préparait.
Certes,
il y a bien eu une journée de protestation le 26 janvier à Paris,
organisée par quelques structures syndicales, essentiellement celles du
commerce, mais quasi exclusivement sur le seul problème du travail du dimanche.
Cela apparaît, de la part des opposants officiels à la loi, la CGT et FO, comme
une action symbolique, sans préparation. Et même pire, comme un dérivatif. Car
cela semble dire que l'ensemble de la classe ouvrière n'est pas directement
menacée par ce qui se trame, ce qui est manifestement faux.
Oui, toute la classe ouvrière est menacée dans
ses droits élémentaires par l'ensemble des remises en cause du droit de
licenciement pour raison économique. Toute la classe ouvrière est menacée par
l'impunité garantie à tous les patrons qui violent ce qui reste de droit du
travail. Toute la classe ouvrière est menacée par la quasi-disparition des
contrôles sur la santé et des examens de dépistage face aux maladies
professionnelles et accidents du travail, par la mise en pièces des droits des
médecins du travail et de l'Inspection du travail. Toute la classe ouvrière va
payer le prix de la disparition de fait des Prud'hommes. Et, bien évidemment,
l'introduction de la disparition du contrat de travail ouvre la voie à une
régression de plus de cent ans.
Les seuls
à avoir immédiatement réagi, à faire entendre leur voix, sont les professions
libérales, un peu écornées dans cette loi, qui ont été prises comme bouc
émissaire par le gouvernement pour cacher le fond des attaques, mais pas la
classe ouvrière, pourtant la plus gravement attaquée. Et ce sont les
représentants des professions libérales qui, à l'occasion, ont cherché une
convergence dans leur action, comme les notaires qui se sont joints à la
manifestation parisienne du 26 janvier.
Pourtant,
les travailleurs auraient infiniment plus de raisons de s'opposer à cette loi.
Mais, à la différence des notaires, leurs organisations ne font rien pour les y
aider.
Paul Sorel