Vendredi 2 août, le Conseil des ministres a adopté son projet de loi de
programmation militaire pour les années 2014-2019. Pour ces six années,
190 milliards sont prévus, soit un peu plus de 30 milliards par an. Quant à
savoir si ces prévisions, à supposer qu'elles soient acceptées par le Parlement,
seront respectées au fil des ans, c'est encore une autre affaire. Le
gouvernement propose, la crise économique dispose.
Les effectifs dépendant du ministère de la Défense vont continuer à baisser.
D'environ 280 000 personnes aujourd'hui, ils devraient passer à 242 000 en 2019.
Malgré cette baisse sensible, l'armée coûtera toujours aussi cher. Son budget
annuel serait maintenu à 31,4 milliards par an jusqu'en 2016, puis augmenterait
un peu pour atteindre 32,5 milliards en 2019. Moins d'argent sera consacré aux
salaires, c'est que davantage va aux matériels.
C'est bien sous cet angle que la presse financière analyse le projet,
cherchant à déterminer quel secteur et quels industriels vont perdre ou gagner.
Tout va bien pour les fabricants de blindés ou d'hélicoptères de combat, un peu
moins bien pour ceux de sous-marins d'attaque ou de frégates, énormes machines
dont la production s'étale sur des années.
Pour Dassault en revanche, la situation n'est catastrophique qu'en apparence.
L'armée de l'air n'achèterait que 26 des 66 Rafale produits au rythme de 11 par
an. Il faudrait donc en vendre 40. Sauf que le ministère de la Défense s'engage,
si les acheteurs potentiels font défaut, à acheter toute la production. Pour
Dassault, c'est le risque zéro. Pour le budget, au contraire, le risque frise
les 100 % : malgré les multiples annonces aux quatre coins de la planète, aucun
Rafale n'a jamais été vendu ailleurs qu'en France. Ce prétendu bijou de
technologie militaire devra sans doute continuer à tuer français et uniquement
français.
Pour financer tout cela, l'armée va faire un effort et vendre un certain
nombre d'immeubles, de terrains et de participations dans des groupes
industriels. Mais le plus gros sera fourni, comme d'habitude, par les impôts.
Que ne ferait-on pas pour que l'État français soit en mesure de « tenir son
rang » parmi les puissances et d'intervenir militairement un peu partout dans le
monde pour défendre les intérêts politiques et économiques de sa
bourgeoisie !
Cela coûte cher au petit peuple ? Peut-être, mais cela permet à des
industriels de marcher les poches pleines.
Vincent GELAS
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Vendu ou pas, pour les profits Dassault "le risaue zéro" |