Conférence sociale : s'opposer aux prochains
mauvais coups
La voilà la « grande conférence sociale 2013 ». Les 20 et
21 juin, confédérations syndicales et représentants du patronat devaient s'installer
pour « dialoguer » sous le patronage du gouvernement. Et le président
de la République
en personne devait sonner l'ouverture de la messe.
Sont au programme la formation
professionnelle, les conditions de travail, les filières d'avenir, l'avenir des
services publics de même que celui de la protection sociale et... des
retraites. À l'issue de ces deux journées de « tables rondes », le
Premier ministre définira la « feuille de route ». Ensuite, il y aura
des mois de négociations pour aboutir à un « accord » avant la fin de
l'année, puis à une loi de réforme, notamment de réforme des retraites.
C'est exactement le même planning et la
même opération que celle qui, après la conférence sociale de juillet 2012, a permis au
gouvernement d'imposer l'ANI (Accord national interprofessionnel), puis la loi
dite de « sécurisation de l'emploi » qui ne sécurise que la volonté
du patronat d'en finir avec ce qui reste des droits des travailleurs.
Aujourd'hui la mascarade a pour but
d'imposer la volonté du patronat en matière de retraites – travailler plus
longtemps, cotiser davantage pour toucher une pension plus faible – et de la
travestir en un « accord » négocié avec les confédérations
syndicales. Tel est l'objectif du gouvernement. Et le Premier ministre s'en
frotte les mains : « Le dialogue social, c'est la marque de fabrique
de notre gouvernement. C'est la bonne méthode et tous les partenaires sociaux
la partagent. »
Certaines confédérations syndicales
renâclent. Le secrétaire général de FO menace : « Si les pistes
retenues ne vont pas dans le bon sens, nous n'hésiterons nullement à
mobiliser. » De son côté la
CGT annonce « plusieurs grands meetings sur tout le
territoire dès la rentrée de septembre » et devrait décider d'ici la fin
du mois d'une « journée d'action interprofessionnelle en lien avec le
calendrier parlementaire concernant les grands dossiers sociaux et notamment la
réforme des retraites ».
Qu'une journée d'action soit prévue, c'est
vraiment le moins, mais à condition qu'elle ne soit pas un simple alibi. Pour
mettre en échec les projets gouvernementaux et patronaux, il faut une forte
mobilisation des travailleurs. Certes, elle ne se décrète pas en appuyant sur
un bouton mais au moins doit-elle être annoncée, préparée de manière à
convaincre les travailleurs, à leur donner confiance dans leurs forces et leur
capacité à lutter. Et le fait de participer au simulacre de dialogue instauré
par le gouvernement n'est pas la meilleure façon de préparer cette
mobilisation.
Les récentes journées de grève dans les transports
ont montré que bien des salariés comprennent la nécessité d'une riposte. Alors,
pour que le rapport de force change enfin en faveur des travailleurs, il faut
préparer une riposte à la hauteur des attaques en commençant par s'opposer
clairement aux politiques patronales et gouvernementales.
Sophie GARGAN