Ils amusent la galerie pendant que les coups
pleuvent sur les travailleurs
Alors
que les licenciements se multiplient, que les hausses de prix poussent vers la
pauvreté ceux qui sont privés d’emploi comme ceux qui ont un emploi mal payé ;
alors que Hollande vient d’annoncer un plan d’austérité qui va imposer de
nouveaux sacrifices aux classes populaires, le psychodrame qui secoue les
milieux politiques n’a rien à voir avec les problèmes réels des travailleurs,
il a pour objet la ratification du traité budgétaire européen.
Hollande avait promis dans sa campagne de
renégocier ce traité qui a été élaboré et signé par Sarkozy et Merkel. Mais les
promesses électorales n’engageant que ceux qui les croient, Hollande a repris
le traité à son compte sans y changer une virgule. Et il est cocasse de voir
aujourd’hui Ayrault, qui n’a eu de cesse de dénoncer la règle d’or, en
expliquer tous les bienfaits aussi bien que le faisait Fillon.
La situation est d’autant plus comique que
la droite apparaît dans cette affaire comme la meilleure alliée de Hollande
puisque dans son écrasante majorité, elle s’apprête à voter en faveur du
traité. Après tout, Hollande ne fait que mettre ses pas dans ceux de Sarkozy…
À gauche, au contraire, cette ratification
divise jusqu’au Parti socialiste. Parmi les députés socialistes, il y en a qui
sentent que ce reniement ne passera pas, et ils se préparent pour certains à
s’abstenir, pour d’autres à voter contre.
Quant aux écologistes, ils se préparent à
voter contre le traité et donc contre le gouvernement, ce qui va imposer à ses
deux ministres - et qui tiennent à le rester- une gymnastique difficile.
Mélenchon dénonce le traité et il appelle,
avec le Parti communiste à une manifestation pour réclamer un référendum sur la
question. Mélenchon ne cache pas son ambition : il va répétant qu’il n’est
pas dans l’opposition mais une « alternative » à Hollande-Ayrault.
Autrement dit, si l’équipe du Parti socialiste se déconsidère, ce sera
« ôte-toi de là que je m’y mette ».
Dans toute cette affaire, où sont donc les
intérêts des travailleurs ? Nulle part. Certainement pas du côté de la
coalition UMP-PS, car ce traité, comme tous ceux qui ont jalonné l’histoire de
la construction européenne, est fait pour plaire au grand capital.
Mais ils ne sont pas plus du côté de ceux
qui réclament à grands cris un référendum. Ils nous expliquent que le traité
consacre « l’austérité à perpétuité » et qu’il enfoncera l’économie
dans la récession et les déficits. Mais cela fait déjà quatre ans que l’économie
recule. Pour imposer l’austérité Sarkozy et maintenant Hollande n’ont pas eu
besoin de ce traité, ou d’on ne sait quel bout de papier. Faire payer les
travailleurs, imposer des sacrifices à la population est le b.a.-ba de leur
politique. Qui feraient-ils payer sinon ? Les capitalistes ? Les
actionnaires ? La bourgeoisie ? Mais c’est justement ce qu’ils ne
veulent pas faire !
Quant au grand patronat, il mène sa propre
politique sans se soucier le moins du monde de l’agitation politicienne :
il n’y a que le profit et la concurrence qui comptent.
Si des centaines de travailleurs des usines
Doux se retrouvent au chômage, ce n’est pas la faute de l’Union européenne,
c’est de la responsabilité de la famille Doux, l’actionnaire principal. Et si
des dizaines de milliers d’autres travailleurs sont menacés de licenciement,
c’est parce que le grand patronat impose implacablement la loi du profit.
Mettre en avant l’Europe ou Merkel comme les responsables de la situation,
c’est une façon de tromper les travailleurs et de faire diversion.
Quand bien même la mobilisation
permettrait d’obtenir un référendum et en admettant qu’à l’issue du référendum
le traité serait rejeté, qu’est-ce que les travailleurs y gagneraient ? La
garantie qu’ils n’auront plus à payer sous prétexte de rembourser la
dette ? La garantie que les licenciements et les fermetures d’entreprises
cessent ? La garantie que dans la crise, le droit des travailleurs à la
vie passe avant tout le reste ? Non, rien de tout cela !
Pour obtenir ces garanties, il faudra se
battre. Les licenciements, l’austérité imposée aux travailleurs ne sont pas une
question de traité mais une question de rapport de forces. Et le rapport de
forces ne se décide pas dans un référendum sur une question pipée.
Il se décide dans notre capacité
collective d’affronter le grand patronat en chair et en os, dans notre capacité
à lui imposer les objectifs qui répondent à nos deux problèmes vitaux en cette
période de crise : préserver notre emploi en forçant le patronat à
répartir le travail entre tous sans perte de salaire et préserver le pouvoir
d’achat en imposant qu’il augmente au même rythme que toutes les augmentations
des prix.