Extrême droite : la complaisance de l’État
10 Mai 2023
Interrogé le 8 mai à la radio, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, s’est livré à un numéro d’acrobatie pour expliquer pourquoi 600 manifestants d’extrême droite, dont des partisans du GUD, parti qui se revendique de l’idéologie fasciste, avaient eu l’autorisation de défiler deux jours auparavant.
Selon Nuñez, la raison est que ces manifestants ne constituaient pas « a priori » une menace pour l’ordre public. De mauvais esprits se sont demandé en quoi les manifestations contre la réforme des retraites, qui faisaient du bruit avec des casseroles sur le passage de Macron, et qui ont été interdites, présentaient une telle menace. Ou encore pourquoi la diffusion de tracts autour du stade de France posait un tel problème qu’il fallait aussi l’empêcher.
Ces mêmes mauvais esprits se sont également interrogés sur le fait que ces partisans de l’ultradroite ont pu manifester cagoulés, pour certains même le visage entièrement caché, alors que des travailleurs opposés à la réforme des retraites se sont retrouvés en garde à vue pour une simple paire de lunettes de piscine trouvée dans leur sac. À cela, le préfet de police a répondu sans rire : « C’est un délit dans le cadre de la loi anticasseurs lorsqu’il est établi qu’on se dissimule le visage en vue de commettre des exactions, des violences et des troubles à l’ordre public ; ce n’était pas le cas ce jour-là. » Et d’ajouter – toujours sans rire – qu’il avait l’intention de visionner de nouveau les images de vidéosurveillance pour confirmer cette interprétation.
Laurent Nuñez n’a pas su masquer ce qui relève de la complaisance de l’État, obligeant Darmanin, un peu plus tard, à déclarer qu’il fallait interdire toute manifestation de l’ultradroite. Mais une chose est sûre, cette complaisance, l’appareil d’État de la bourgeoisie l’a bel et bien toujours montrée vis-à-vis de partis qui se revendiquent d’une idéologie d’extrême droite, dont les partisans sont nombreux dans la police, comme dans l’armée.
Aline RETESSE (Lutte ouvrière n°2858)
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