lundi 5 avril 2021

150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871. Un exposé du Cercle Léon Trotsky (12). Du 4 septembre 1870 au 18 mars 1871 : La République bourgeoise, Le Comité central de la Garde nationale, embryon de pouvoir ouvrier ?

Comme vous le savez, nous n’avons pas pu tenir le Cercle Léon Trotsky qui devait aborder le 150ème anniversaire de la Commune de Paris. Le texte de cet exposé intitulé « 150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 » est néanmoins disponible sur notre site lutte-ouvrière.org. Nous vous le proposerons jour après jour en « feuilleton » le présent blog « lo argenteuil »

 

Du 4 septembre 1870 au 18 mars 1871 : La République bourgeoise

Le Comité central de la Garde nationale, embryon de pouvoir ouvrier ?

Le 24 février, 2000 délégués de la Garde nationale ont élu leur Comité central et voté les statuts de la Fédération. Quelques jours plus tard, le Comité central donne l’ordre de rassembler les canons et de les mettre à l’abri des Allemands, que le gouvernement vient d’autoriser à défiler dans Paris du 1er au 3 mars. La première réaction des Parisiens a d’abord été de vouloir dresser des barricades. Mais le Comité central, craignant une provocation, s’y est opposé: «Toute attaque servirait à désigner le peuple aux coups des ennemis qui noieraient les revendications sociales dans un fleuve de sang…» Il fait cependant barricader la moitié de Paris, dont les quartiers où sont entreposés les canons. Les troupes allemandes pénètrent alors dans une ville morte, c’est une victoire morale pour les Parisiens et un défi lancé au gouvernement.

De son côté, la bourgeoisie passe à l’offensive. Début mars, l’Assemblée nationale déménage de Bordeaux à Versailles. Paris est ainsi «décapitalisée» de manière démonstrative.

Adolphe Thiers, qui succède à Trochu à la tête du gouvernement, nomme commandant de la Garde nationale un général ayant fait toute sa carrière sous l’Empire: cest une provocation. La Garde nationale refuse et, à sa place, élit symboliquement Garibaldi, le héros de lunité italiennne. Elle proclame: «Plus d’armées permanentes, mais la nation tout entière armée. Plus d’oppression, d’esclavage ou de dictature d’aucune sorte, mais la nation souveraine, mais les citoyens libres, se gouvernant à leur gré.» Thiers annonce alors la suppression de la solde des gardes nationaux, ce qui revient à les condamner à la misère.

Pour intimider les Parisiens, il annonce aussi la fin du moratoire des échéances et des loyers, entré en vigueur au début du siège. Le règlement des loyers, que les locataires ne pouvaient plus payer, avait été reporté, de même que les échéances commerciales, que les boutiquiers et artisans étaient incapables d’honorer. Le gouvernement annule ce report, toutes les dettes redeviennent donc exigibles, intérêts compris. C’est étrangler les locataires et la petite bourgeoisie parisienne.

Les provocations se multiplient. Des journaux populaires sont interdits. Blanqui est condamné à mort par contumace pour la tentative armée du 31 octobre ainsi que Flourens, autre socialiste connu à Paris. Blanqui est alors emprisonné loin de Paris: Thiers refusera de le libérer pendant toute la durée de la Commune, affirmant que cela reviendrait à donner «un corps darmée» aux Parisiens.

En réponse, le 15 mars, la Fédération de la Garde nationale déclare qu’elle ne reconnaît plus d’autre autorité que celle de son Comité central. Trotsky, après l’expérience de la révolution russe, comparera ce Comité central, élu par les fédérés juste à la veille de la Commune, à «un conseil de députés des ouvriers armés et de la petite bourgeoisie», autrement dit à un embryon d’État ouvrier.

Dans la nuit du 17 au 18 mars, Thiers passe à l’action en tentant de s’emparer par surprise des canons parisiens, persuadé qu’il n’y aura pas de résistance.

Et pourtant, comme l’écrivit rétrospectivement Louise Michel, militante de la Commune du premier au dernier jour: «La patience de ceux qui souffrent semble éternelle, mais avant le raz-de-marée, les flots aussi sont patients et doux, ils reculent avec de longues vagues molles: ce sont celles-là mêmes qui vont s’enfler et revenir semblables à des montagnes, s’effondrer en mugissant sur le rivage, et avec elles l’engloutir dans l’abîme.»

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Louise Michel

 (Demain, Aux origines de la Commune, Du 4 septembre 1870 au 18 mars 1871 : La République bourgeoise, Le 18 mars : le pouvoir aux mains des Parisiens)

 

 

Le texte de cet exposé du Cercle Léon Trotsky « 150 ans après, l’actualité de la Commune de Paris de 1871 » vient de paraître en brochure. 2 euros. Nous pouvons vous la transmettre. DM

 

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