«
Séparatisme » : une loi pour diviser
Poursuivant sa drague de
l’électorat réactionnaire et reprenant les obsessions de Macron et de
l’ex-ministre de l’Intérieur Castaner, Castex a, lors de son long discours de
politique générale du 15 juillet, évoqué la mise en place d’une loi contre le «
séparatisme ». Ce mot, cher à un Zemmour, vise les musulmans encore plus
clairement que celui de communautarisme.
Cette
loi, si elle est adoptée, devrait renforcer une circulaire déjà adressée aux
préfets en novembre 2019, qui avait officialisé le déploiement sur tout le
territoire de cellules de surveillance administrative et policière. Il
s’agissait de repérer les « signaux même faibles de repli communautaire ».
Tous les services publics et les milieux associatifs devaient être enrôlés dans
cette croisade au nom de la laïcité et de l’ordre républicain, avec en première
ligne l’Éducation nationale. Cette circulaire encourage la délation publique,
expliquant même, notamment aux enseignants, comment repérer et signaler des
signes de radicalisation islamiste.
Le 14 juillet, Macron avait
stigmatisé les marches pour Adama, contre le racisme et les violences
policières, disant y voir une volonté de « séparatisme et d’antiracisme
dévoyé ». En clair, cette jeunesse et ces manifestants pourraient être eux
aussi dans le viseur de la loi.
Castex et Macron n’utilisent pas
le terme de séparatisme à l’encontre des ghettos de riches, comme la villa
Montmorency à Paris. Et quand ils se drapent du mot de laïcité, ce n’est bien
sûr pas pour dénoncer les processions de la Vierge qui ont lieu sur la voie
publique, ni pour exiger que les 8 000 écoles catholiques, intégristes ou
pas, soient placées sous surveillance. Non, ceux qu’ils visent, ce sont
exclusivement les musulmans, les milieux d’origine immigrée et les pauvres.
En fait, toute cette campagne
raciste vise deux choses. D’abord, dans la perspective des présidentielles,
faire à nouveau des œillades à l’électorat xénophobe, sinon raciste, qui est
celui du RN de Le Pen, mais aussi d’une grande partie de la droite, de
Dupont-Aignan, de Villiers, Wauquiez, Retailleau et bien d’autres. Et, plus
largement, il s’agit là d’essayer, comme toujours, de distiller le poison de la
xénophobie parmi les travailleurs. Cela en cherchant à diviser leurs rangs
selon l’origine, la langue, la religion, la couleur de peau, alors même que,
plus que jamais, ils ont besoin de se rassembler contre leurs véritables
ennemis communs : les capitalistes et les gouvernants à leur service.
Christian
CHAVAUX (Lutte ouvrière n°2712)
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