Une société malade
En avril, 843 000 nouveaux
chômeurs sont entrés dans la catégorie A, c’est-à-dire sans aucune activité.
Cette hausse est sans précédent : + 22,6 % par rapport au mois de mars, qui
avait déjà connu une hausse record.
Toutes les catégories d’âge sont
frappées, en premier lieu les jeunes de moins de 25 ans (+ 29,4 %).
Désormais, plus de 4,5 millions de personnes sont inscrites à Pôle emploi en
catégorie A. Et au total, toutes catégories confondues, le nombre des chômeurs
s’élève à plus de 6,7 millions sur la France entière, sans compter Mayotte.
Derrière ces chiffres, ce sont autant de familles poussées vers la pauvreté.
Les trois quarts des nouveaux
chômeurs de catégorie A sont d’anciens chômeurs de catégorie B ou C (en
activité réduite), souvent intérimaires, en CDD ou en contrat court. Dans les
secteurs comme le commerce, les services à la personne, l’hôtellerie, le
tourisme, la restauration, le transport, la construction, l’industrie du
spectacle, la crise sanitaire les a contraints à cesser complètement le
travail.
La réforme de l’Assurance
chômage, qui entre en vigueur au 1er septembre, va aggraver la situation en
durcissant le mode de calcul de l’allocation pour les travailleurs ayant
alterné contrats courts et périodes de chômage.
Pour commenter cette hausse, le
ministère du Travail a déclaré : « Le chômage augmente parce que les
entreprises, dans le contexte actuel, n’embauchent plus, mais pas parce
qu’elles licencient massivement. » Était-ce censé rassurer, ou au contraire
l’aveu que l’hécatombe ne fait que commencer ? Au même moment, toutes les
grandes entreprises annonçaient des suppressions d’emplois pour les mois à
venir. Renault a confirmé la suppression de 15 000 postes, dont 4 600
en France. Airbus prépare un plan de licenciements qui, d’après le journal
britannique The Telegraph, pourrait concerner 10 000 travailleurs.
Air France a annoncé en interne un vaste plan de réduction d’effectifs. Et la
liste va encore s’allonger.
Voilà l’avenir que les
capitalistes préparent aux travailleurs : d’un côté, des millions de
femmes et d’hommes condamnés à la violence du chômage et de la pauvreté ;
de l’autre, ceux qui gardent un emploi sentent la menace des baisses de
salaire, des journées de travail rallongées, des congés rognés. Pendant ce
temps, dans les entreprises et dans les services publics utiles à la
population, ces millions de bras et de cerveaux vont manquer.
Sacrifier la vie des travailleurs
pour sauver les fortunes des riches, ce n’est pas une fatalité liée à la baisse
réelle des ventes. C’est un choix de classe pour répondre à cette crise sans
toucher aux profits des capitalistes.
Julie LEMÉE (Lutte ouvrière n°2705)
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