Une
correspondance d’une de nos proches sur Argenteuil
Argenteuil,
un drame dans le quartier du Val-Sud
Ce lundi, l’assassinat d’une
femme par son fils psychotique, qui s’est ensuite suicidé, a profondément
bouleversé les habitants de la cité du Val-Sud d’Argenteuil où j’habite. Un
bien triste décor pour ce drame advenu en situation de plein confinement. Il
nous rappelle l’enfer que doivent vivre bien des familles à travers le pays
ayant en charge des cas psychiatriques lourds.
En
temps ordinaire, ce secteur de la santé est déjà confronté à un manque de structures
et à l’insuffisance des moyens au niveau du suivi des familles, surtout pour
les parents devant faire face à leurs enfants certes, mais adultes. Mais le
confinement n’arrange rien, d’autant plus lorsque l’on vit un quotidien déjà
difficile, seuls, isolés, comme cela semble avoir été le cas pour ces
habitants. Et il y a toutes les raisons de penser que ce confinement et la
situation actuelle aggravent les troubles chez un certain nombre de malades.
Une
raison supplémentaire pour se battre pour une société où les moyens alloués à
tous les secteurs de la santé seront à la hauteur des besoins. Les capacités de
production de notre époque le permettraient. Elles seraient alors totalement
utiles. Valérie
Une
correspondance de l’Eure de notre hebdomadaire Lutte ouvrière. À lire, vraiment.
Hôpital
psychiatrique de Navarre – Évreux : les soignants livrés à eux-mêmes
08 Avril 2020
Le Nouvel hôpital de Navarre à
Éveux est spécialisé en psychiatrie. Avec près de 300 lits, il est quasiment le
seul établissement de ce type du département de l’Eure. En temps normal, hors
situation épidémique, le personnel est déjà à la limite de la rupture, en
particulier en terme d’effectifs.
Depuis l’épidémie de Covid-19 et
les contraintes du confinement, le sentiment d’être abandonné par les autorités
est encore plus fort. Plus de dix jours après le début du confinement, et alors
que les risques épidémiques faisaient la une depuis des semaines, rien n’avait
été organisé pour le personnel et les patients. Ce n’est pas spécifique à
l’hôpital d’Evreux : aucun plan d’urgence n’avait été lancé dans les
hôpitaux psychiatriques par le gouvernement en prévision de la pandémie qui
s’annonçait. Il a fallu attendre le week-end des 28-29 mars pour que des
masques et du gel hydroalcoolique soient disponibles en quantité satisfaisante.
Par contre, aucune tenue de protection complète n’a été distribuée et le
travail a continué en simple blouse et pantalon de ville.
Le Covid-19 a bien fait son
entrée dans l’hôpital. Un patient a été admis en réanimation et cette première
alerte a fait monter l’inquiétude. Quatre autres qui développaient de la fièvre
ont été confinés dans une chambre à part. La seule initiative que la direction
a prise a donc été d’ouvrir un service de patients contaminés et de jongler
avec le personnel en déplaçant les soignants d’un service à l’autre au gré des
effectifs. Pour limiter les contacts et les déplacements, la cafétéria a été fermée ;
il n’y a plus d’animation et les deux petites salles télé par service, très
fréquentées en ce moment, représentent la seule possibilité de distraction.
Encore plus que d’habitude, malades et soignants sont confinés, ensemble, dans
une promiscuité inévitable.
Du côté de la direction, c’est le
service minimum. Elle a abandonné le navire, diront les plus en colère. Si la
maladie semble contenue dans l’hôpital, c’est grâce aux équipes soignantes et à
leurs initiatives car elles sont souvent restées seules à bord avec les
patients.
Ce sont les personnels de base de
l’hôpital qui ont trouvé des solutions pour ravitailler des malades en tabac ou
en denrées alimentaires qui améliorent l’ordinaire. Ce sont eux qui ont repensé
les prises de repas, la distribution des médicaments pour éviter au maximum la
promiscuité. Ils ont fait apprendre des règles d’hygiène et des gestes
barrières aux malades, dont certains ont des difficultés à comprendre ce qui
arrive. Quand les cadres de direction sont réapparus, ils n’ont eu qu’à
officialiser ce qui avait été mis en place par les soignants et par ceux qui,
épidémie ou pas, font tourner l’hôpital tous les jours.
À l’hôpital de Navarre, au temps
du Covid-19, c’est comme d’habitude mais en pire. L’an dernier, un mouvement
avait eu lieu parmi le personnel pour la création de 90 postes de soignants
supplémentaires. La fièvre contestataire ne va pas diminuer tant l’arrivée de
l’épidémie illustre la grande misère de la psychiatrie après des décennies
d’économies aux dépens des personnels et des patients.
Correspondant LO
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