La
médecine à la peine
11 Mars 2020
Avec le développement de
l’épidémie, le rôle des médecins généralistes va devenir encore plus important,
ne serait-ce que pour pallier l’incapacité des hôpitaux à accueillir tous les
malades.
Mais, vu la situation de la
médecine de ville, on peut craindre le pire. Tout manque, les masques, les
lunettes ou autres blouses de protection, si bien que les médecins et le
personnel qui les assiste pourraient être au premier rang des victimes du
virus. Quant aux patients, à qui on recommande déjà de ne pas aller aux
Urgences et de voir leur généraliste, encore faut-il en avoir un… car près de
10 % de la population n’a pas de médecin traitant et près d’un médecin sur
deux ne prend pas de nouveaux patients.
Dans l’Oise par exemple, un des
départements les plus touchés par l’épidémie, le journal Le Parisien
parle de « la pire démographie médicale de la région ». Cette situation,
liée à la politique de sélection des étudiants en médecine en place depuis 1971
et appelée numerus clausus, a créé de telles difficultés que le gouvernement a
décidé l’an dernier de l’assouplir. Mais il faudra encore attendre le temps de
former ces nouveaux médecins pendant une dizaine d’années environ, soit bien
après la fin de l’épidémie…
Le ministre de la Santé, Olivier
Véran, se vante de favoriser la téléconsultation, qui permet au malade d’être
examiné à distance sans venir au cabinet médical et sans prendre le risque
d’être contaminé ou de transmettre le virus dans la salle d’attente. Il
autorise même la téléconsultation assurée par un autre médecin que celui du
parcours de santé. Derrière l’effet d’annonce d’un ministre tout nouveau promu,
mais déjà bien au fait de la communication gouvernementale, le vrai problème
est que des médecins estiment d’ores et déjà ne pas pouvoir faire un diagnostic
complet à distance, surtout pour des patients qui ne leur sont pas habituels.
D’autres se disent bien incapables de prendre de nouveaux malades, même à
distance, et pour bien des patients, et pas seulement les plus âgés, utiliser
des outils comme Internet avec usage d’une caméra relève de la gageure.
Des sociétés comme Doctolib n’en
ont pas moins flairé la bonne affaire et proposé à tous les médecins la
gratuité pour accéder à leurs services de téléconsultation, le temps de
l’épidémie. Doctolib espère que, parmi ses 115 000 médecins clients pour
la prise de rendez-vous, beaucoup maintiendront leur adhésion, payante cette
fois, à la télémédecine.
Alors, on ne sait pas quel sera
le bénéfice exact de la téléconsultation pour permettre de mieux contrôler la
diffusion du virus mais, au moins pour Doctolib et d’autres, le bénéfice semble
acquis.
Cédric
DUVAL (Lutte ouvrière n°2693)
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