Enseignement
: vers une grève massive
03 Décembre 2019
Participation massive aux
assemblées générales, vote majoritaire pour la grève, préparation pour se
rendre collectivement à la manifestation : la journée du 5 décembre s’annonçait
massive dans l’Éducation nationale.
On recensait déjà des centaines
d’écoles voire des établissements du secondaire devant être fermés, faute de
personnel de cantine, d’accueil, et d’enseignants. Les discussions se sont
multipliées sur la suite à donner : continuer le 6, prévoir une nouvelle
mobilisation mardi 10 ?
Le projet de réforme des
retraites du gouvernement va en effet frapper de plein fouet le montant des
pensions des salariés de l’éducation. Elles sont déjà souvent faibles pour le
personnel d’entretien, voire amputées des périodes de chômage pour tous ceux
qui multiplient les contrats précaires. De façon générale, les pensions sont
déjà soumises à décote à cause du manque de trimestres cotisés, soit parce que
l’entrée dans le métier s’est faite après des années d’études pour les
enseignants, soit parce que la fin de carrière a été accélérée par une pénibilité
croissante du travail pour toutes les catégories de personnel.
Dans le projet Delevoye, tous
vont y perdre. Les fonctionnaires vont voir leur pension calculée, non plus sur
les six derniers mois, mais sur l’ensemble de la carrière, alors qu’un enseignant
commence aujourd’hui à travailler pour un salaire à peine au-dessus du smic.
Tous les salariés de l’éducation qui sont passés par des périodes de chômage,
de maladie ou d’arrêt pour s’occuper de leurs enfants, se verront pénalisés. Le
gouvernement s’attaque même aux petites compensations prévues pour les femmes,
largement majoritaires dans ce secteur, qui ont eu des enfants ; une
attaque qui viendra s’ajouter à la modification des conditions pour toucher une
pension de réversion. À la baisse de toutes les pensions, le gouvernement
ajoute l’aggravation des inégalités hommes-femmes.
Les calculateurs mis au point par
les syndicats mesurent des pertes de pension entre 300 euros et 900 euros
mensuels en cas d’application du projet. L’inquiétude face à une pension
imprévisible, calculée sur des points, s’est parfois transformée en vraie
colère, même chez des enseignants souvent très mesurés et dont une bonne partie
avaient voté pour Macron dès le premier tour de l’élection présidentielle pour
se protéger des attaques violentes à leur encontre prévues par le projet
Fillon.
La journée du 5 décembre vient
cristalliser une montée générale du mécontentement dans ce secteur, avec des
salaires bloqués depuis bientôt dix ans, des suppressions massives de postes de
personnel d’entretien en particulier, la généralisation de la précarité,
l’augmentation de la charge de travail pour tous. Cette situation, pénible en
permanence, a déjà eu parfois des conséquences dramatiques. Après le suicide
d’une directrice d’école à Pantin en septembre, c’est un agent d’entretien d’un
collège de Rilleux-la-Pape qui a mis fin à ses jours début novembre dans le
local technique qui lui servait de logement depuis son expulsion.
Dans l’Éducation nationale comme
ailleurs, la nécessité d’une contre-offensive générale contre les attaques du
gouvernement est une conviction qui se renforce.
Gilles BOTI
(Lutte ouvrière n°2679)
Et
pendant ce temps là… (brève suivante)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire