Retraites
: à la poubelle, la réforme du gouvernement !
Rendu prudent par le mouvement
des gilets jaunes, dans lequel se sont engagés de nombreux retraités révoltés
par le niveau de leur pension, Macron a repoussé l’examen du projet de réforme
des retraites à 2020. Il promet « des mois de débat et de concertation »
à partir des propositions de Delevoye. Sans doute espère-t-il faire passer la
pilule en la diluant.
Comme à chaque fois, le
gouvernement justifie sa réforme par le fait qu’il faut financer de plus en
plus de retraités avec de moins en moins d’actifs. Pourtant, la productivité du
travail a augmenté et chaque actif crée plus de richesses. Mais, dans cette
économie en crise, la part des travailleurs est sans cesse rognée afin
d’augmenter les profits des capitalistes.
La réforme fera donc les poches
de tous les travailleurs. Au nom de la justice, elle entend supprimer les 42
régimes spéciaux dont bénéficient encore certaines catégories, notamment dans
la fonction publique. La « justice » à la sauce gouvernementale,
c’est voler tous les travailleurs et leur imposer une même régression.
En remplaçant le calcul sur les
25 meilleures années ou les six derniers mois par des points accumulés tout au
long de la vie professionnelle, ce projet frappe en particulier les plus
précaires, contraints aux temps partiels, à l’intérim entrecoupé de chômage, et
aux salaires à minima. Il leur faudrait accepter des pensions encore plus
basses à cause du peu de points accumulés.
Les travailleuses, auxiliaires de
vie, employées du ménage ou de la grande distribution, premières concernées par
le temps partiel imposé et les interruptions pour raisons familiales, seront
les premières victimes de ce que Macron ose qualifier de projet « plus
juste et plus simple ».
La valeur des points, elle,
pourrait évoluer en fonction de la situation économique et démographique,
autant dire selon le bon vouloir du gouvernement et du grand patronat. Et pour
couronner le tout d’une couche d’hypocrisie, la réforme recule l’âge de départ
tout en prétendant ne pas y toucher. Car partir à 62 ans signifiera accepter
une pension amputée de 10 % !
La réforme envisagée par Macron
poursuit et aggrave les politiques précédentes. En 1993, Balladur faisait
passer de 37,5 à 40 le nombre d’annuités nécessaires et, en 2010, le
gouvernement Sarkozy repoussait l’âge légal de départ à 62 ans. Quant à la
gauche, indignée quand elle était dans l’opposition, elle s’est bien gardée,
une fois au gouvernement, de remettre en cause ces réformes successives exigées
par le grand patronat.
Avec cette réforme, les
capitalistes pourront user au travail plus longtemps les travailleurs qu’ils
jugeront utiles de garder. Quant à tous ceux qui se retrouvent sans emploi, au
gré des licenciements, à 50, 55 ou 60 ans, c’est en tant que chômeurs, et bien
souvent en temps que chômeurs en fin de droits, qu’ils arriveront à l’âge de la
retraite, avec une pension de misère à la clé.
Delevoye prétend que son système
à points « offre la possibilité à chacun de choisir son départ » en
sortant du cadre collectif basé sur le nombre de trimestres cotisés et d’annuités
travaillées. Si son projet de réforme individualise effectivement encore plus
le système des retraites, il faut avoir les lunettes déformantes des valets des
possédants pour y voir une liberté pour les travailleurs !
Toute la vie des travailleurs est
prisonnière des contraintes imposées par l’exploitation : l’emploi qu’on
trouve, le salaire qu’on obtient, les horaires et les cadences, l’endroit où
l’on vit. La retraite n’y fait pas exception. Le grand patronat et le monde
politique à son service aimeraient faire des travailleurs des individus
confrontés à des choix personnels.
L’intérêt de toute la classe
ouvrière est à l’opposé. Son travail fait tourner toute la société, de la
production aux transports, de la construction aux échanges en passant par les
soins aux malades et à l’éducation de la jeunesse. C’est cette place dans
l’économie, au cœur de la production, qui fait sa force.
Salaires, emplois,
retraites : les capitalistes mènent la guerre sur tous les fronts. C’est
collectivement, en tant que classe sociale aux intérêts communs, que nous
devons stopper cette descente vers l’abîme !
Des journées de mobilisation sont
annoncées à la rentrée, dont celle de la CGT le 24 septembre. Ce sont des
occasions à saisir pour commencer la mobilisation contre cette nouvelle
attaque.
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