Pendant
les discours électoraux, la guerre contre les travailleurs continue
Dimanche 31 mars, c’était la fin
de la trêve hivernale. D’après les chiffres de la Fondation Abbé Pierre, les
expulsions locatives ont bondi de 46 % en dix ans. En 2017, plus de 15 500
ménages avaient été expulsés par une intervention de la force publique. Et la
Fondation souligne que le travail, trop précaire et trop mal payé, «ne
protège plus du risque de perdre son logement ».
Quant aux annonces faites le
lendemain, elles ressemblent à un mauvais poisson d’avril ! Avec
0,3 % de revalorisation de plusieurs prestations sociales, on est
tellement en-dessous de l’inflation que personne n’a osé dire qu’il s’agirait
d’un coup de pouce pour le pouvoir d’achat.
C’est dans ce contexte que les
troupes du gouvernement se lancent dans la campagne des Européennes. Nathalie
Loiseau, ex ministre, a revêtu ses habits de candidate et les discours et
promesses qui vont avec. Mais la réalité pour les classes populaires, c’est une
société où il est de plus en plus difficile de vivre dignement et où les
attaques contre les conditions de travail et de vie se succèdent.
Les moyens en baisse pour l’école
ont mis dans la rue des dizaines de milliers d’enseignants et de parents. Dans
le reste de la Fonction publique, l’objectif de supprimer 120 000 emplois est
toujours d’actualité. Pour résumer l’esprit de la réforme présentée la semaine
dernière, le ministre des Comptes publics Darmanin a précisé que « l’État
doit être un meilleur DRH ». Il veut avoir les mains libres pour
embaucher davantage de précaires, contraindre les travailleurs à la mutation,
voire au départ.
Cette réforme a été précédée de
l’habituelle campagne contre les prétendus « privilèges » des
fonctionnaires. Dans le monde du patronat et du gouvernement à son service, les
attaques contre une catégorie de travailleurs sont toujours justifiées ainsi.
Les reculs ayant déjà été imposés à d’autres, le gouvernement voudrait les
faire subir à tous et faire passer cela pour de la justice !
Quant aux retraites, de plus en
plus de voix s’élèvent dans le gouvernement pour dire qu’il faudra bien se
résoudre à reculer l’âge de départ, pour aller jusqu’à 65 ans. Au nom de la
sauvegarde du système de retraites par répartition pour les générations
futures, bien sûr ! De nombreux salariés arrivent à l’âge actuel de la
retraite en étant déjà sans travail. Alors, reculer encore l’âge de départ,
cela signifie économiser de l’argent sur le dos des retraités en leur versant
des pensions amputées.
Le gouvernement justifie les
attaques présentes, passées et à venir au nom de la lutte pour l’emploi,
pendant que les grands groupes, riches à milliards, continuent à les supprimer
massivement. Qu’il s’agisse de fermetures de sites, comme l’usine Ford de
Blanquefort ou les papeteries Arjowiggins dans la Sarthe et dans l’Aisne, ou de
plans de licenciements comme chez Castorama ou Carrefour, des centaines de
travailleurs et leurs familles risquent la catastrophe sociale.
L’économie capitaliste est
engluée dans une crise permanente. C’est l’exploitation accrue, l’augmentation
du chômage et de la précarité qui permettent à la grande bourgeoisie de
continuer à augmenter ses profits. Ces milliards qui s’accumulent dans les
coffres des classes riches ne s’investissent pas dans la production mais vont
grossir les flux de la spéculation, augmentant la menace d’un nouveau krach
boursier à l’échelle mondiale.
Dans la campagne européenne, il y
aurait, d’un côté, un Bardella, poulain de Le Pen, ou un Salvini, ouvertement
xénophobes et nationalistes, qui font mine de s’insurger contre la
« dictature de Bruxelles ». Et, de l’autre côté, on aurait de
prétendus progressistes, favorables à l’Europe, comme Merkel ou Macron. Tous
nous mentent !
Dans les deux cas, derrière les
discours, ce sont des politiciens au service du grand patronat. C’est la
bourgeoisie qui est à l’origine de cette Union bancale qui sert ses intérêts.
C’est aussi elle qui se retranche derrière son État national quand c’est bon
pour ses profits. La fausse alternative entre pro et anti Union européenne
conduit les travailleurs dans une impasse, car elle cache la seule véritable
opposition dans cette société : celle entre les exploités et leurs
exploiteurs.
La liste Lutte ouvrière, conduite
par Nathalie Arthaud et Jean-Pierre Mercier, met en avant la nécessité de
contester la domination de la bourgeoisie sur l’économie. Affirmer les intérêts
du camp des travailleurs contre le grand capital est le seul geste utile que le
monde du travail pourra faire avec son bulletin de vote.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire